La taxidermiste
Le 23/04/2013
C’est un choix particulier auquel je ne sais donner d’explications, mais je suis taxidermiste et mon désir d’en faire un métier était déjà profond chez moi alors que je n’étais qu’une enfant. J’ai grandi à la campagne, nous n’avions pas d’animaux à la maison et je n’en réclamais pas, mais dès que je trouvais une bestiole morte dans le jardin, j’aimais l’inciser et en retirer les entrailles, que je remplaçais par des herbes sèches du jardin. Au fil des années, je me suis professionnalisée et j’ai maintenant un grand atelier, et en façade une boutique où j’expose et entrepose toutes les pièces que je fais pour les différents musées d’histoire naturelle, en attendant leurs collectes.
Mon appartement est juste au-dessus et j’ai, depuis aussi longtemps que j’y suis installée, le vice de descendre la nuit, me coucher nue sur certains de mes animaux à quatre pattes pour me masturber. Cela à commencé avec un grand ours blanc affalé, que j’avais fait pour un musée américain. J’étais assez fière d’avoir si bien rendu le côté menaçant de la bête, sous ses airs patauds et son épaisse fourrure blanche très douce et rassurante, et étais descendue une nuit d’insomnies pour le regarder et rien de plus. Je dors nue, à peine vêtue d’un ample débardeur qui a du mal à contenir mes seins et qui est trop court pour voiler mon pubis velu, et c’est dans cette tenue que j’étais descendue admirer mon ouvrage. Je l’ai caressé, puis me suis allongée sur lui, fantasmant un peu qu’il se réveille, il avait l’air si vivant … J’ai continué à le caresser, bougeant mon corps sur lui, comme pour bousculer et réveiller le sien et sans aucune préméditation de ma part, mais mon corps s’est animé. Sans me l’avouer, je frottais mon sexe contre les poils drus de la bête et j’ai senti mon clitoris devenir dur, mon plaisir monter, et rapidement ensuite ce moment où je ne sais plus si je dois accélérer mes gestes pour me « débarrasser » d’une jouissance imminente, ou au contraire ralentir, profiter de cette attente insupportable, au risque quelques fois de rater mon coup et accoucher d’une toute petite chose, méritant difficilement le nom d’orgasme.
Au fil des mois et des années, j’ai raffiné ma fantaisie, mettant en scène mes différents animaux, avec des scénarios de plus en plus sophistiqués. Ils m’attaquaient au cœur d’une forêt, succombaient à mes charmes lorsque je les délivraient d’un zoo, où se couchaient avec moi, comme de bon pères de familles. Pendant que je sophistiquais mes intrigues et améliorais mes jouissances, le temps passait, j’allais avoir 35 ans et vivais toujours seule, avec un goût inquiétant pour la solitude.
C’est à partir de ce moment-là que j’ai commencé à me connecter à des sites de rencontre, pour m’attacher à avoir une sexualité plus … humaine. Ca n’a pas été évident au départ, entre les désespérés qui cherchaient une épouse à tout prix et les volages qui couraient après les stéréotypes, il m’a fallu du temps et toute l’inspiration puisée dans la variété des sites (j’avais un faible pour ceux qui étaient par affinités culinaires, par religions ou pour les infidèles) pour d’abord bien comprendre ce que je cherchais (quelqu’un qui ne me ferait pas l’amour « normalement »), puis me lancer concrètement dans ma quête.
Le premier avec qui j’ai accepté de coucher jouait dans un groupe de rock. J’aimais bien son look un peu sombre, son Perfecto de cuir noir qu’il avait du mal à ôter, les chaînes qui pendouillaient à sa ceinture. L’accoutrement sous-entendait une sexualité un peu débridée. Il aimait boire du whisky au goulot avant de se déshabiller (il avait un corps glabre, un peu trop maigre, et la peau douce), ce qui diminuait sans doute ses performances, mais il avait un penchant pour les jeux S&M qui m’avaient intrigué. Il avait chez lui une petite trousse d’accessoires, avec des menottes, des bas, des masques et d’autres choses inconnues de moi, mais l’ensemble ayant un air un peu misérable, je ne l’avais pas laissé user de quoi que ce soit sur moi. Alors il m’avait retournée sur le lit et s’était mis à me fesser pour compenser, faire monter son excitation. Il n’était pas très doué pour cela, ou en tout cas je n’arrivais pas à y croire, j’avais la sensation qu’il se forçait, jouait à un jeu, mais il me fessait assez pour que mes fesses soient bien rouges, que je réalise que cela m’excitait et que je sente ma chatte s’animer sous les coups. Il était un peu trop brute pour penser à l’art de caresser entre deux tapes, mais savait attendre, me laisser en suspens, aviver mes sens. On dit que ceux qui aiment la fessée sont ceux qui ont subi des violences physiques étant enfant, c’est possible, mais depuis la fessée du nouveau-né le jour de ma naissance (c’est la fessée de la vie, donc sûrement très jouissive), je n’en n’avais jamais eu d’autres jusqu’à ma rencontre avec lui, et n’avais par conséquent aucune connaissance d’un plaisir passant par la douleur ; le concept m’était étranger. Mon excitation était si intense que j’attendais dans l’urgence qu’il fourre ses doigts ou sa queue en moi, que mes muqueuses sensibles au moindre frottement me portent aux cimes, libèrent chacune des molécules de mon corps qui subliment mes jouissances, mais il n’était pas homme à faire deux choses à la fois.
Parce que la fessée a été une révélation chez moi et parce que ce partenaire n’affichait pas de vice dans son regard, qu’il semblait se donner un genre et parce que sa façon de faire manquait de panache, je l’ai rapidement remercié et ai cherché, sur des sites spécialisés, des fétichistes de la chose.
Maxime affichait un air très sérieux sur la photo en ligne, en costume, avec une cravate. Lorsque nos échanges ont migré sur Skype, je ne l’ai jamais vu habillé autrement, y compris lorsque nous communiquions le week-end. Parler de fessée, de bondage, de sado-masochisme et autre choses qui attisaient ma curiosité étaient d’autant plus savoureuses qu’il affichait cet air irréprochable de celui qui respecte tous les codes de la bonne société, voire même un souci de l’ordre moral. L’air sévère que le costume lui conférait a suffit pour qu’il me séduise, mais j’aimais aussi aussi sa voix grave. Ces détails réunis ont suffit à motiver la rencontre.
Nous avions convenu de faire comme dans un film que nous avions vu tous les deux : le rendez-vous était fixé dans un bar, à proximité d’un hôtel « day use », où nous pourrions aller si le désir était au rendez-vous.
C’est allé très vite, une demi-heure plus tard nous étions dans la chambre et il sortait de sa sacoche un bandeau pour les yeux, un système qui se fixe sous le matelas pour attacher poignets et chevilles, un petit fouet, une huile pour le corps et d’autres choses encore, que j’ai écarté d’emblée par manque d’intérêt ou de courage.
Contre toute attente, la vue des objets choisis a suffit à m’exciter et au lieu de le laisser faire et d’attendre qu’il fasse rosir mes fesses jusqu’à l’extase, j’ai voulu prendre les choses en main.
Comme je me sentais un peu malhabile à cause de mon inexpérience, j’ai commencé par lui mettre le bandeau de soie sur les yeux, puis à le déshabiller, tandis qu’il restait debout au milieu de la pièce, raide comme la justice. Je l’ai pris par la main et attiré vers le lit. J’ai attaché ses poignets, ses chevilles et observé cet homme nu et inconnu à la merci de ma gourmandise. N’étant pas accoutumée à ce corps, j’ai pris mon temps. Avec la houppette de mon poudrier (oui, c’est vieux jeu, je sais), j’ai caressé son corps. Le creux de ses mains d’abord, puis ses épaules, son ventre, l’intérieur de ses cuisses. Puis, j’ai attrapé le petit fouet avec des lanières très douces et un design trop sophistiqué pour avoir l’air de faire vraiment mal et j’ai commencé à le passer doucement sur son sexe, comme une chatouille pour le voir commencer à s’animer sans le toucher. En même temps mes doigts courraient sur son scrotum. Je regardais son visage, toujours impassible, comme si mes gestes étaient impuissants à le faire réagir. Au bout de quelques minutes sans réaction, mon orgueil blessé à pris les choses en main, mes gestes sont devenus plus brusques, agacés, et je ne craignais plus d’épargner son intimité si fragile. Après tout, il savait le métier que j’exerce, je lui avais dit la force physique et la précision qu’il faut pour inciser un éléphant ou une girafe, pour décoller la chair, la graisse, les os, et la dextérité que j’emploie à garder intacte les organes génitaux. C’est peut-être ce qui l’a excité, ce à quoi il pensait pendant que mes gestes s’animaient, redoublaient d’intensité pour enfin voir se lever sa queue, et saisir le souffle palpitant qui s’échappait de ses lèvres.
Mon attitude avait changé, je n’étais plus cette novice qui débarquait dans le monde du SM débutant, mais la très experte taxidermiste qui contrôle le corps d’un homme sur sa table de travail. J’enfonçais mes ongles longs, durs, pointus le long de sa hampe, mimant une incision, pendant que de l’autre main je continuais d’agiter le fouet à l’intérieur de ses cuisses, sur ses testicules. Des geignements devenaient plus clairement perceptibles, ma colère lui réussissait et j’étais excitée de ce pouvoir entre mes mains et du plaisir qu’il prenait à avoir de plus en plus mal. J’avais envie de voir jusqu’où il était autorisé d’aller. J’utilisais le fouet de façon plus cinglante sur ses cuisses et ses hanches et revenait par à-coup moins brusques sur sa verge. Son érection était splendide et je voyais luire les prémices de son plaisir au bout de son gland. Je le retardais en m’installant à califourchon sur lui, soulevais ma jupe que je portais sans culotte et frottais sa balane sur ma vulve déjà lubrifiée par mon excitation. Je me penchais vers lui, comme celle qui s’apprête à embrasser amoureusement, mais bifurquais à la dernière seconde pour aller pincer de mes dents la pointe de ses tétons. J’insistais, en faisait le tour avec ma langue, mordillais avant de mordre de façon plus franche. Comme je continuais de frotter sa bite sur ma chatte et suivais attentivement les rictus sur son visage, je pouvais moduler presque instantanément mes actions avec l’assurance de celle qui pratique depuis fort longtemps. Les râles accélérants au rythme de son plaisir, je continuais d’une main à pincer son mamelon et de l’autre, j’enserrais fermement la base de sa hampe pour la comprimer.
J’étais toujours au-dessus de lui, il était toujours à ma merci et je suivais avec satisfaction son éjaculation bruyante, satisfaisante.
Il s’agita ensuite, pour que je le détache, il voulait me remercier en prenant soin de moi, mais mes habitudes ont la peau dure. Je lui demandais de n’en rien faire, j’avais envie de poursuivre avec mes vieilles habitudes.
Son pubis était si touffu, les poils si durs, que je m’assis sur lui et frottais mon sexe comme j’avais l’habitude de le faire, prenant soin d’écarter mes lèvres et de faire en sorte que mon clitoris soit irrité par son poil dru. Puis, je délivrais une de ses mains que je portais sur mes seins, lui demandant de les malaxer, de les pincer, de les maltraiter comme il aimait sûrement le faire. Sentant mon excitation proche de l’apogée, je détachais son autre main et la plantais sur mes hanches, enfonçant ses doigts dans ma chair voluptueuse. Les yeux encore bandés, il semblait déjà être maître de mon corps, au point tout à coup me fesser, violemment, une seule fois. Fatale. Je sentis une rafale de contractions dans mon vagin, le tremblement de mes lèvres, l’écoulement de ma cyprine : mon bassin avait tout d’un arbre dans la tempête. Mais ma tête était sur les hauteurs de l’Empyrée, côtoyant les astres, et mon sourire béat trahissait un bonheur un peu idiot.
C’est ainsi que notre histoire à commencé, il y a plus d’une décennie et que nous aiguisons encore la flamme qui nous unit en continuant de nous rencontrer, une à deux fois par semaine, dans les différents hôtels de la région, égrenant envies, accessoires, abandon, partages de soumission et de contrôle, et, avant tout, une idéale complicité.
[gris]Ollie Germain[/gris]
Commentaires (1)
Pas fan de ce type de pratique mais bien écrit :)