Elle a le regard bordé de khôl noir, pas la paupière ourlée et langoureusement féline, plutôt un trait expert et décidé, une hyperféminité qui assoit sa présence. Une chevelure qui tombe en vagues enténébrées. Une femme de ring, faite pour le combat, mais qui aurait gardé toute sa charge érotique. On la sait metteur en scène, comédienne, performeuse. Cela ne suffit pas pour cerner son art, comme fait pour excéder. Son rêve au théâtre serait « de voir un cœur qui bat, un corps qui sue, des mains qui tremblent, des culottes qui se mouillent, des cerveaux qui travaillent, des poumons qui crachent, des regards qui violent, des oreilles qui jouissent ». Son univers décortique et dissèque, met à nu l’obscénité. Entretien avec une femme qui ne cesse de scruter le corps et le désir, avec un sens inouï de l’intime. Spéléologue de l’âme humaine, cette femme n’a peur ni du noir des souterrains, ni de celui de sa robe fourreau.