Elles viennent de New York, Taiwan, Marseille et Paris, elles s’appellent Maria, Shu Lea, Catherine et Emilie… Il était une fois quatre femmes artistes de la pornographie.
Voici quelques années, un jour de soleil au printemps à Paris, en prenant le métro station La Chapelle, je me suis dit que je voulais être pornographe.
Ce mot m’est tombé de nulle part au coin de l’oreille en tintant comme un grelot fou, une bonne nouvelle un peu saugrenue, une évidence amusante qui m’a fait sourire. Peut-être à cause de la chanson de Brassens que j’écoutais en boucle à l’adolescence.. ? Peut-être parce que je venais de participer à l’aventure One Night Stand (Emilie Jouvet, 2005), en tournant deux scènes pour ce premier film pornographique lesbien et transgenre réalisé en France par une femme ?
Etre pornographe, ça veut dire représenter le sexe en images. N’étant pas vidéaste ou photographe, c’est avec mes mots et mon corps que j’ai donné à voir du sexe, d’abord devant la caméra d’Emilie, puis sur scène et dans des livres.
Trois ans après que le petit grelot annonciateur m’ait glissé au creux de l’oreille ma passion d’artiste et d’écrivaine, j’ai eu envie d’offrir un espace de parole à quatre femmes qui ont donné au sexe des images belles, fortes, surprenantes et subversives : à celle qui la première m’a tendu la main pour m’emmener dans le monde de la pornographie faite par des femmes et à trois autres dont j’ai suivi le travail avec enthousiasme.
Elles s’appellent Emilie Jouvet, Shu Lea Cheang, Maria Beatty et Catherine Corringer. Elles ont réalisé des films qui m’ont touchée, parfois émue et souvent excitée. Je les aime non seulement pour leur création mais aussi pour le message qu’elles font passer à travers leurs œuvres sur les femmes et la pornographie.