"Ma bouche est une petite cicatrice rose qui a besoin d’air.
Mots et images sont logés à la même enseigne. Il n’y a aucune pureté à protéger."
Véritable bombe rousse à retardement, Marlene Dumas, artiste peintre, née en Afrique du Sud en 1953, explose les cadres de la représentation sexuelle, raciale et identitaire. Elle trempe son pinceau dans l’encre liquide des sécrétions corporelles qu’elle repend avec une liberté et une audace étonnantes. Diplômée de la Michaelis School of Fine Art du Cap (1972-1975), elle obtient une bourse de deux ans et quitte l’Afrique en 1976, à l’âge de 22 ans, pour rejoindre les Ateliers 63 d’Haarlem aux Pays-Bas (1976-1978). Les Ateliers n’étaient alors qu’une petite école progressiste non-accréditée, bastion de l’art conceptuel fondé par l’artiste néerlandais Jan Dibbets. Elle s’inscrit ensuite au Psychological Institute à l’université d’Amsterdam. Sa première exposition personnelle aura lieu en 1979 à Paris à la Galerie Annemarie de Kruyff. Elle peint essentiellement des portraits d’après des photographies, souvent issues de magazines. Par le biais de ces interprétations, les visages déjà reproduits indéfiniment par les médias, font leur apparition dans un contexte privé et sans précédent : « images éculées, mais émotions inédites ».