Deborah Sundahl
Missionnaire du plaisir fémininLe 19/03/2010
Depuis plusieurs années Deborah Sundahl s’est fixé une mission : faire éjaculer les femmes. Après un livre et un film consacrés au point G et à l’éjaculation féminine, l’américaine sillonne aujourd’hui le monde pour donner colloques et ateliers sur le sujet. A l’occasion de son récent passage en France, Deborah Sundahl nous a accordé un entretien. Ni médecin, ni psychologue, ni sexologue, elle se présente comme éducatrice sexuelle. Dans son CV, des années 1980 à 1995, tout converge vers le sexe et son expression : créatrice d’un magazine lesbien, réalisatrice de films érotiques pour femmes, Deborah Sundahl a également été stripteaseuse et ses premiers ateliers étaient consacrés à l’art de l’effeuillage. Sa dévotion au point G et à l’éjaculation féminine date d’il y a 15 ans et c’est aujourd’hui son unique occupation professionnelle.
On vous présente aujourd’hui comme la grande prêtresse du point G et de l’éjaculation féminine, comment est née cette « vocation » ?
J’ai fait partie du mouvement féministe dans les années 80 qui posait la question de nous définir, nous les femmes, en tant qu’êtres érotiques, c’était un énorme mouvement dans les années 80.
Mais on ne parlait pas encore autant du point G dans les années 80 ?
Oui mais c’est dans les années 80 que mon livre, le premier à parler du point G, est sorti.
Pourquoi passer autant de temps sur le point G, c’est seulement une partie de l’organe de la femme ?
J’ai créé un magazine sur tous les aspects de la sexualité féminine, j’ai fait cela de 1984 à 1994. Cela s’appelait On Our Backs (en réaction à la ligne anti-sexe du magazine féministe Off Our Backs). On a exploré tout ce qui était possible à propos de sexualité féminine : fantasmes, sex toys, genre, rôle du pouvoir, le corps et son aspect. On le nommait, on en parlait.
Après 10 ans d’exploration constante, j’ai décidé de faire une pause. Mais à présent j’ai choisi de me focaliser sur le point G, je ne sais pas vraiment pourquoi, je ressens juste que c’est le plus important des sujets que j’ai étudiés.
Le point G c’est le cœur de la sexualité des femmes et son cœur physique est la prostate féminine. C’est pour cela que le point G est si important pour moi, nous devons connaître notre sexualité, nous devons savoir que cette partie que l’on ne nomme pas existe aussi chez la femme.
Vous parlez de prostate féminine, alors que les scientifiques parlent de glandes prostatiques chez la femme, ne voulant pas totalement assimiler les deux. De plus vous dites que le point G est la prostate féminine ne font qu’un. Cela aussi est contesté.
Toutes les femmes ont une prostate et tous les hommes ont une prostate. Toutes les femmes ont un nez et tous les hommes aussi, ils ont un anus, nous aussi. Quand on crée autant de confusion, c’est une façon de maintenir la femme dans le flou et de lui ôter un peu de son pouvoir. Alors que c’est très simple, nous avons une prostate, elle est localisée au niveau de la paroi du canal de l’urètre. Le point G est un ensemble qui comprend les glandes prostatiques et le tissu érectile qui entoure la prostate. En fait, c’est très simple.
C’est donc facile à localiser mais pas si facile d’avoir du plaisir avec. Beaucoup de femmes pensent que seul le clitoris peut procurer du plaisir alors que le vagin a souvent des propriétés méconnues.
Les hommes le savent, la prostate est très sensible au toucher, pourquoi cela ne serait-il pas le cas aussi pour les femmes ?
Ça l’est, mais beaucoup de femmes ne le savent pas et il y encore beaucoup à apprendre sur la question.
En effet, durant des décennies on a menti sur notre vagin, le siècle dernier a été rempli de féministes et de sexologues qui ont prôné la non existence de l’orgasme vaginal. L’orgasme clitoridien était la seule chose que nous pouvions avoir, et ça suffisait. Et les femmes n’avaient pas d’orgasmes, puis nous avons eu les vibros et alors nous avons commencé à avoir des orgasmes. C’est pour cela que maintenant, il est l’heure de se préoccuper de notre point G, de penser à la chose plus en profondeur.
Beaucoup de femmes ont recours à la chirurgie esthétique, des lèvres du vagin mais aussi du point G, en se faisant injecter de la silicone, comme si c’était la clé du secret pour l’orgasme, qu’en pensez-vous ?
Les professionnels de santé et les labos sont prêts à faire de l’argent avec tout ce qu’ils peuvent. Est-ce que les hommes mettent de la silicone dans leur prostate ?
Selon les cultures et les pays, la femme fontaine fait peur ou bien est vénérée (c’est le cas dans certains pays d’Afrique). Dans l’histoire l’éjaculation féminine a-t-elle connu différentes périodes ?
C’était connu dans le monde antique. Pour les Grecs et les Romains c’était un événement banal. Hippocrate pensait que l’essence féminine était fertile… Dans certaines parties de l’Inde antique on parlait de fluide féminin sacré.
Aujourd’hui l’éjaculation féminine est méconnue, certaines femmes peuvent en avoir honte, des hommes en ont peur. Avant d’être un plaisir abouti pour la femme, cela peut-être un handicap ?
Oui en effet, je connais des couples, des histoires qui se sont achevés à cause de l’éjaculation féminine. Quand un homme pense que sa partenaire urine en faisant l’amour, il a du dégoût et souvent il la quitte, c’est parce qu’il n’en sait pas assez sur le sujet. C’est pour cela aussi qu’il faut améliorer la connaissance de chacun.
Dans une étude faite en 2001, le docteur Cabello Santa Maria indique que 75% des femmes étudiées ont expulsé un liquide lors de l’orgasme. Mais seulement 10% arriveraient à percevoir l’expulsion. Avec votre méthode vous souhaitez offrir la possibilité à toutes ces femmes de percevoir cette expulsion ?
Toutes les femmes ont une prostate, toutes les femmes peuvent éjaculer, si elles le veulent. Quand elles sont prêtes et qu’elles le veulent vraiment elles le peuvent, elles ont juste besoin des bonnes informations et c’est ce que je fais.
Vous faites toujours des films ?
Des films d’éducation sexuelle uniquement. Toutes les femmes ne font pas l’amour comme des stars du porno et c’est ces images qui envahissent le marché de l’éducation sexuelle. Cela doit changer, et ceci est ma cause. Les femmes ont beaucoup lutté dans les années 80 et 90 pour créer d’autres images de la sexualité que celles du porno, et je suis extrêmement déçue par cette nouvelle génération qui n’est intéressée que par la performance.
Vous avez fondé la revue On our Backs, revue érotique pour les femmes, 25 ans plus tard, les revues érotiques pour les femmes lesbiennes ou hétéros restent rares.
Oui, effectivement, à l’époque il n’y en avait aucune. En 1995 (lorsqu’elle a quitté le magazine), il y avait encore une discussion vive sur la sexualité aux États-Unis, mais cela n’a strictement rien donné. L’ Angleterre a Scarlet, un magazine superficiel, à l’image de cette nouvelle génération et ils ne contribuent pas vraiment à quoi que soit dans l’avancée de la sexualité féminine. En Allemagne ils ont Feigenblatt il est bien ce magazine, il me plaît. (magazine érotique et artistique trimestriel qui s’adresse aux femmes et aux hommes)
J’ai toujours voulu faire un magazine pour les femmes hétérosexuelles mais cela n’a pas eu lieu et personne d’autre ne l’a fait.
Le magazine et les films étaient votre idée de l’étude de la sexualité féminine ?
Oui absolument.
Pourquoi avez-vous arrêté alors ?
Je n’ai pas arrêté les films, je continue l’éducation sexuelle pour les hétéros, mais Nan Kinney (productrice de films pour femmes, via Fatale Media, avec qui Deborah Sundahl a collaboré) continue le travail et ça marche bien. Pour le magazine, il faut plusieurs personnes pour faire un magazine, je n’ai pas trouvé assez de gens hétérosexuels intéressés. C’est dommage car la majorité des magazines ne servent pas les femmes. C’est superficiel, et dénué d ‘informations sérieuses.
Êtes-vous en quelque sorte déçue par la nouvelle génération ?
Désormais les femmes osent parler de sexe, c’est déjà un énorme progrès, c’est merveilleux. Mais oui je suis déçue par le culte de la performance actuel.
[gris]Propos recueillis par Sophie Bramly et Nathalie Olivier[/gris]
Tout savoir sur le point G et l’éjaculation féminine, Deborah Sundahl, Tabou, 20€
DVD : Le point G et l’éjaculation féminine, Deborah Sundahl, Tabou, 24,90€.
Site internet de Deborah Sundahl : www.isismedia.org
Dossier Second Sexe sur la femme fontaine, c’est ici.
Commentaires (2)
C’est bien une idée de lesbienne de vouloir calquer la sexualité féminine sur celle de l’homme ! Non, la femme n’est pas un homme comme les autres !!!
Dommage anonyme que tu ne croies pas en cette femme que tu pourrais etre !! oui tu pourrais ejaculer ou si cela te convient pas comme terme devenir une source jaillissante !! et crois moi tu prendrais un pied certain et tes amants aussi au cas ou tu en aurais un ou plusieurs !!
un amateur averti !
Did