Mian Mian
Le 15/04/2009
Surprenante Mian Mian ! Après le succès aux débuts des années 2000 de ses sulfureux Bonbons chinois (2001, L’Olivier) - un premier roman qui lui avait valu la censure du gouvernement chinois - l’écrivain revient avec Panda Sex. Dans cette nouvelle chronique de la vie nocturne shanghaïenne, elle met en scène des personnages atteints par un étrange virus qui les conduit à adopter le rythme sexuel de ce plantigrade noir et blanc. Autrement dit, à ne faire l’amour que deux fois par an... Pour Second Sexe, elle revient sur la place des plaisirs des sens dans la société et la culture chinoises, et montre qu’écrire sur le sexe et l’aimer ne vont pas toujours de pair...
Après votre premier roman, "Les Bonbons chinois", vos livres ont été interdits par le gouvernement chinois. Pensez-vous avoir touché à des sujets tabous ? Lesquels ?
J’ai évoqué, de manière trop détaillée, les relations de couples libres, les homosexuels ou encore les prostituées. Cela a rencontré un fort écho médiatique et c’est pourquoi le gouvernement a dû y mettre un terme. Mais, contrairement à ce que ma réputation à l’étranger peut laisser croire, je ne suis pas du tout le premier écrivain chinois à l’avoir fait. Dans la campagne chinoise, il y a eu des auteurs qui l’avaient déjà fait. Ils ont d’ailleurs eux aussi été censurés.
Aujourd’hui, est-ce que beaucoup d’écrivains chinois parlent de sexe dans leurs livres ?
En fait je ne sais pas, je ne lis pas beaucoup. La plupart des auteurs chinois, particulièrement les hommes, aiment discuter de sexe, mais dans les librairies, les livres n’en parlent pas. Ils traitent plus d’amour. Comment voyez-vous la sexualité des Chinoises ? Sont-elles moins timides, plus extraverties qu’avant ? La Chine est un grand pays, donc je ne peux pas vous répondre avec certitude. Mais dans les villes, je pense que les femmes sont très ouvertes - pas pour parler de sexe, mais il est très facile de coucher avec les Chinoises. A Shanghaï, l’amour et le sexe sont comme un business, et les femmes y prennent moins de plaisir. Elles ont besoin d’être éduquées à ce sujet. En tant que femmes, elles ont besoin de considérer le sexe comme le font les hommes, en sachant le dissocier des sentiments quand il le faut, pour ne pas s’emmêler les pinceaux. Dans votre dernier livre, "Panda Sex", nombre de vos personnages n’ont pas de noms et sont appelés "l’acteur", "Fille n°1"... Pourquoi ? C’est une littérature très conceptuelle. Donc pour exprimer mes idées, il me faut plusieurs voix. Je veux que les gens se concentrent sur les idées, pas sur les personnages et je ne voulais pas gaspiller mon énergie là-dessus. Je pense que Panda Sex est un voyage très expérimental. Je veux explorer les formes littéraires, mais même les dialogues que j’utilise ne sont pas vraiment des dialogues. C’est seulement la forme la plus simple que j’ai trouvée pour donner mon message. Quand on a vraiment quelque chose à dire, il ne faut pas utiliser trop de pages. Il faut simplement y mettre ses idées de manière simple. Un autre écrivain aurait peut-être écrit 500 pages, mais je suis absolument sûre d’avoir exploré toutes les portes par lesquelles il serait passé. Vous dites que ce livre vous sert à diffuser un message. Dans ce cas, pourquoi avoir choisi d’écrire un roman plutôt qu’un essai, par exemple ? Parce que je pense qu’une histoire a sa propre vie et que c’est un bon moyen de permettre aux gens de suivre. Une histoire a sa propre couleur, ses propres facettes positives et négatives. Cela pousse les gens à éprouver un sentiment fort envers ce que l’on dit. Le cœur du lecteur doit être touché par l’intrigue. L’histoire est donc très importante, et pour la raconter de la manière la plus simple possible, j’utilise beaucoup les dialogues. Je pense toujours que ce qui fait qu’un livre ou qu’un film est bon, c’est son histoire. L’émotion est importante, mais le plus important, c’est l’histoire. Vous évoquez souvent la sexualité mais vous ne décrivez pas de scènes de sexe. Pourquoi ? Parce que, dans ce domaine, les détails sont très intimes. Je ne cherche pas à exciter les gens avec mes livres, ce n’est pas le genre de littérature que je veux écrire. Je trouve cela bizarre lorsque la littérature prend cette direction et je ne pense pas que ce soit très pertinent de parler de sexe pour exciter les gens. Ce qui m’intéresse, c’est le sexe comme concept, c’est pourquoi mon livre est très conceptuel. Je m’intéresse à l’incompréhension entre les personnages, ce qui me semble plus intéressant.
Commentaires (1)
e7a m’a fait trop plaisir de vous avoir eu et vu sur skype, et d’avoir vu votre inalstlation dans votre van, en tout cas vous semblez eatre super bien organise9 et d’avoir le moral. Prenez soins de vous. Et j’attend avec impatience vos photos du coucher de soleil que vous attendez avec les pingouins Kiss