De l’impétuosité du désir

Le 21/09/2010

Minuit cinquante-cinq.

Dans le bus qui m’emmène à Berlin, le corps recouvert d’une mince couverture, je défais lentement ma ceinture et ouvre, le plus discrètement possible, la fermeture éclair de mon jean.

Trente minutes auparavant, après s’être garé sur une aire d’autoroute, le chauffeur avait brusquement rallumé les plafonniers et déclaré en quatre langues – le tchèque, l’anglais, l’allemand et le français – que nous disposions d’une pause de vingt minutes.

Ce réveil peu délicat interrompit le cours d’un rêve érotique fort agréable. Je m’étais endormie en pensant avec grand plaisir à une amie, Aurore, que j’espérais voir ce week-end. Depuis quelques jours, j’aimais plonger dans le sommeil en imaginant les caresses qu’elle pourrait me prodiguer, en louant les talents qu’elle pourrait révéler à l’issue d’une soirée mêlant rires, flirts et alcools. Et il semblait bien que cette douce rêverie s’était poursuivie jusqu’à notre escale forcée.

Afin d’échapper aux battements de mon cœur qui se répercutaient avec force entre mes jambes, je décidai de profiter de ces vingt minutes pour acheter une bouteille d’eau et passer aux toilettes. Supposant, bien naïvement, que l’air frais et la disparition de la légère pression exercée par ma vessie atténueraient l’envie sourde qui m’avait envahie.

De retour dans l’habitacle étroit du bus, le désir ne m’avait pas quittée. Je tentai de me rendormir mais les images d’Aurore prenant possession de mon corps, le dévorant de sa bouche, de ses doigts, s’imposaient à mon esprit. Je la voyais, les mains plongées entre mes cuisses, ses milliers de doigts s’emparant de mon clitoris, s’insérant dans mon sexe impatient, immédiatement rejoints par sa langue, d’une longueur incommensurable, d’une fermeté imparable, d’une agilité incomparable et qui aurait rendu jaloux tous ces organes dont s’enorgueillissent à tort leurs masculins propriétaires. Je la voyais, et tous les creux de mon corps souhaitaient l’accueillir.

Ne pouvant résister plus longtemps, je notai avec satisfaction que la plupart de mes voisins s’étaient endormis, tandis que quelques autres parlaient à voix basse.

Minuit cinquante-six.

Je glisse une main sous le tissu de ma culotte et le contact avec ma peau douce fait taire mes dernières hésitations. Bien qu’emprisonnés entre mes jambes et le sous-vêtement, mes doigts trouvent rapidement leur place au creux des chairs tendres. Mais alors que je parcours des voies familières, il me semble explorer mon sexe pour la première fois, discernant de nouveaux plis, éprouvant de nouveaux mouvements, distinguant de nouveaux points de pression. La peur d’être découverte recule au fur et à mesure que mes doigts s’enfoncent en moi. Tout mon corps tremble sous la danse de mon majeur qui s’écrase sur mon clitoris, caressant, massant, pressant, sillonnant, brûlant. Après avoir tiré la couverture sur ma poitrine, ma main gauche s’attarde un instant sur mes seins, appréciant leur fermeté à travers le tissu de mon pull et pinçant délicatement leurs pointes durcies par l’excitation.

Sous mes paupières mi-closes défilent des bribes de mon rêve, tandis que ma respiration s’accélère. Depuis l’épicentre du plaisir se répandent des vagues de chaleur dans le bas de mon ventre et le long de ma colonne vertébrale. Je sens alors chacun de mes muscles se raidir. Je réprime un cri, tiraillée entre le contrôle de mes soupirs et l’abandon à la jouissance. Le mouvement saccadé de mon bras droit caché sous la couverture cesse, tandis que mes yeux voilés et mon sourire repu sont les uniques témoins de l’orgasme puissant qui m’a submergée. Retirant à regret ma main, je m’endors, encore indécise quant aux mesures à prendre si Aurore venait de nouveau embraser mes songes.

[gris]Versus[/gris]

© air - Fotolia.com

Commentaires (4)

  • Sarah

    Les transports en communs ont toujours réveillé en moi mes instincts les plus sensuels. Et la prochaine fois que je prendrais le bus, je penserais certainement à cette délicieuse nouvelle et essaierais de l’imiter.

  • patricia

    je me souviens m’être caressée à l’arrière d’un bus et d’avoir joui très fort, presque en silence pour ne pas attirer l’attention des autres passagers dont la plupart étaient des personnes d’un certain age. J’avais besoin de me sentir vivante !

  • xcSeJONIw

    zelda : merci oui il faudrait mais je munaqe de temps, de motivation, d’envie, enfin bref de8s que je me serais prise par la main je m’y mets !mlle Zaza : c’est sfbr la taille haute ne plait pas e0 tout le monde moi j’adore cecilia lucia : merci miss e7a fait toujours plaisir de te voir par icianonme : merci pour ce commentaire tre8s touchant pour ce qui est de parler de moi e7a c’est que ce que je sais faire le moins bien, peut-eatre que j’aime garder un peu de myste8re autour de moi (ahem), en tout cas oui c’est bien mon amoureux sur la dernie8re photofanny : une partisante du no saint-valentin, bon je me sens moins seule du coupde9lia : les fraises tagada sont le seul cf4te9 positif de la saint-valentin malheureusement j’en ai pas mange9 une seule ce jour-le0, la blaguechilali : je connais donc ton pre9nom non moi je ne sais pas j’ai un re9el proble8me avec cette feate et pourtant Dieu sait que j’adore recevoir des cadeauxsew&laine : merci merci merci justine : merci beaucoup, il faut que j’y pense e0 cette histoire de patrons c’est une ide9e e0 creuser !cily : merci poulettelady moriarty : si t’e9tais chez Ladure9e t’es pardonne9e rapport e0 une certaine phrase dans le prochain post (ouuuuh le vieux teasing !)isme9rie : euh il s’est pas tellement laisse9 prendre au jeu, c’est plutf4t Naefli qui a joue9 au paparazzi (avec mon consentement tu penses bien) mais il e9tait content au final et pour toi ben tu sais quoi c’est dur ! jte maile ma louloute ! love love love

  • MichelAime

    Euh, j’ai un peu de mal à suivre le commentaire ci-dessus et ses caractères erronés :-) !
    Sinon, c’est une belle histoire, réaliste et bien écrite. Peut-être un peu rapide. Mais bien quand même