Sucré / Salé
Le 14/09/2010
Depuis quelques minutes, le ton commence à monter. Les précautions verbales cèdent la place aux attaques caractérisées. Dans ses yeux, je lis du mépris, de la rancœur, un peu de haine je crois. Depuis quelques minutes, je tente, de plus en plus difficilement, de ne pas céder à la tentation de rendre coup pour coup.
Voir cette agressivité sur le visage que j’ai passé tant d’heures à scruter avec délice. Voir cette bouche adorée, que j’ai tant léchée, embrassée, sucée, caressée du bout du doigt, vomir tout le dégoût qu’il a de moi. Tout cela est de plus en plus insupportable. Je veux qu’il arrête. Je réponds froidement, mon esprit occupé à autre chose.
A mesurer l’ampleur du désastre. Évaluer la taille du précipice qui sépare à présent nos deux corps.
Il y a peu, sa simple présence dans la même pièce que moi faisait monter la température de plusieurs degrés. Là, juste à le voir me détester, un grand vide se creuse dans mon ventre. Je me sens me désintégrer. Je ne peux pas laisser faire ça. Je veux arrêter ça. L’empêcher de me démolir. L’obliger à m’aimer un peu. Il faut qu’il me touche.
Et tandis que ma voix émet des phrases syntaxiquement irréprochables, sur un ton mesuré, bien qu’un peu froid… A l’intérieur, je bouillonne de plus en plus fort. Au bout de combien de temps ? Je ne sais pas… Dans ces instants, le temps semble s’étirer et faire des nœuds sur lui-même. Je me jette sur lui. Arrête !
Je l’ai giflé, griffé. Je l’ai attrapé par les cheveux et jeté sur le lit. Avec mes poings, j’ai frappé son visage, son torse en hurlant qu’il arrête, qu’il arrête, qu’il arrête. Est-ce que je voulais lui faire mal ? Je voulais simplement le toucher. Être en contact. Sentir sa résistance. La chaleur de son corps. Ses mains sur moi. Il était bien obligé de se débattre. J’étais assise sur lui, mes mains autour de sa gorge, ma bouche plaquée sur la sienne pour le faire taire. Enfin.
Forcément, il a été plus fort que moi. Rapidement, il a attrapé mes poignets, m’a immobilisée.
J’ai envie de pleurer. De rage, de désespoir. Mais rien. Hurler. Non plus. Il faut quelque chose. Un exutoire. Mais baise-moi !
En une seconde il me repousse, me retourne, me plaque, le visage dans la couette. Une main serrée autour de mes poignets. L’autre relevant brutalement ma jupe.
Il ne dit rien mais je l’entends respirer fort. Il tremble un peu. Je crois. Je suis pétrifiée. Je veux qu’il me baise. Je ne veux pas qu’il me baise dans la haine, mais si c’est tout ce que je peux avoir. Tant pis.
Je voudrais pouvoir enlever ses vêtements un à un. Le caresser des heures comme nous faisions avant. Quand j’embrassais son cou en l’effleurant à peine avant de l’investir avec ma langue. Suçoter ses doigts un à un. Sentir son sexe durcir contre mon ventre tandis que j’enfonçais ma langue dans sa bouche. Mes seins contre son torse. Sa peau contre ma peau. Lentement, éprouver l’accélération de nos cœurs, de nos respirations, trembler de désir ensemble. S’accorder sur la manière de faire durer l’instant.
Mais non. Si je ne peux avoir que sa bite. Je prendrai sa bite.
Je le laisse donc, baisser ma culotte. Juste assez pour pénétrer l’endroit. A présent elle me scie les cuisses. Tant pis. Je le laisse glisser ses doigts dans ma chatte. Pas pour préparer le terrain non. Pas pour vérifier mon état d’excitation. Juste pour écarter suffisamment mes petites lèvres et pouvoir forcer mon vagin.
Je le sens manœuvrer derrière moi. Ouvrir son pantalon. Sortir sa queue et la diriger vers mon sexe. D’une main, il l’introduit. Rapidement. Malgré la résistance. Ça me brûle, d’abord. Ça me fait mal. Mais très vite, mon vagin s’adapte, s’ouvre, s’humidifie, ouvre le passage.
Une main toujours serrée sur mes poignets, de l’autre il serre mon cou. Juste assez pour que je me sente à sa merci. Il accélère. Va et vient trop rapidement pour me laisser apprécier quoi que ce soit. Il ne s’agit pas d’amour ici, ni même de plaisir. C’est une démonstration de force.
En d’autres circonstances, j’aurais apprécié la performance. Cette fois, je voudrais avoir les mains libres pour le caresser. Sentir sa poitrine sur mon dos. Son souffle dans mon cou. Sa bite n’est pas une consolation mais une arme qui me rappelle tout ce qu’il ne me donnera pas. J’enfouis mon visage dans la couette pour laisser mes larmes couler. Et pendant qu’il besogne, je laisse mes pensées s’éloigner de lui vers ce que nous étions.
Ces moments étincelants à se regarder les yeux dans les yeux. Simplement émerveillés d’exister. Ces dimanches après-midi sous cocaïne, épuisés entre du rock plein pot et des fellations sans fin. Sa bouche sur mon cul. Mes mains sur ses couilles. Sa bite dans ma bouche. Sa langue sur ma chatte. Encore. Encore. Encore. Espérant toujours avoir plus de temps.
Cette fois, la magie n’est pas de mise. Ni même le plus élémentaire respect. Il va et vient dans mon dos, brutalement, rapidement. Et tout à coup se retire. Je ne l’ai même pas vu venir. D’un coup sec, tirant sur mes poignets, il me retourne sur le dos. S’installe sur moi, à califourchon et fourre sa bite dans ma bouche ; que je n’ai même pas le temps d’ouvrir en grand pour le préserver de mes dents. D’ailleurs, je me fiche de le préserver. Et c’est réciproque. Les deux mains derrière ma nuque, il me force à l’engloutir. Jusqu’au fond de ma gorge. Faisant monter quelques larmes. Je respire à peine ; il m’étouffe. Il sait que je souffre à cet exercice mais il n’a plus d’égard pour moi. Il va et vient dans ma bouche, dans ma gorge, comme il l’a fait dans ma chatte. Uniquement concentré sur son propre plaisir. Est-ce encore du plaisir ? Il va se soulager. Sur moi.
Tout aussi soudainement, il retire sa queue de ma bouche. Une main derrière ma tête, l’autre secoue son membre et le sperme jaillit. Inonde ma figure. Chaud, épais. Je ferme les yeux.
Dans un râle, il me lâche. Laisse ma tête retomber lourdement sur le lit. Il part en arrière et se pose à mes côtés, laissant s’éteindre les derniers soubresauts de l’orgasme.
C’est fini. C’est déjà fini. Ce n’est pas ce que j’avais voulu. Pourtant j’ai consenti. Espérant autre chose. Je l’ai laissé m’humilier. Comme si je le méritais. Convaincue de devoir racheter ma faute. Et s’il fallait cela pour le faire revenir, je le laisserais m’user et m’abuser à loisir. S’il suffisait de cela.
Je passe ma langue sur mes lèvres pour goûter sa semence. Plus difficile à avaler que d’habitude. Ma main glisse vers son corps. Cherche enfin une caresse. Et c’est sa main qui se pose sur la mienne. Me retient. Puis tâtonne jusque mon visage. D’un geste, négligemment, il essuie grossièrement le liquide gluant et me murmure d’aller me nettoyer. M’habiller. Allez. On sort. Viens. On va prendre l’air. Je respire.
[gris]Mademoiselle Sarah[/gris]
© Tomasz Wojnarowicz - Fotolia
Commentaires (4)
Une telle Force ! c’est magique !
j’en bande
j’en bande
j’en bande