Plaisirs solitaires
Le 23/04/2009
Assise dans un grand fauteuil en osier, un verre de whisky à la main, Gwladys méditait. Le salon de son nouvel appartement donnait sur une rue bruyante et populeuse du centre de Lyon. Mais ni les coups de klaxons répétés qui traversaient la fenêtre, ni les images ni le son de la télé à écran plat allumée face à elle, ne la tiraient de ses pensées. Et à voir son visage, celles-ci devaient être bien sombres...
Brune, avec des sourcils fins, un nez retroussé, une bouche charnue, une peau blanche semée de taches de rousseur, elle portait une robe courte qui laissait ses jambes à nu et remuait ses petits pieds posés sur une table basse en soufflant entre ses dents. Ses paupières se plissaient sur de beaux yeux verts, cernés d’eye-liner. Ses doigts, vernis de noir, tortillaient une mèche de cheveux, qu’elle mordait de temps à autre, en grognant. Sa poitrine oppressée se soulevait à intervalles irréguliers. Elle agitait les glaçons dans son verre, qu’elle tenait en équilibre entre le pouce et le majeur, et ne buvait pas. Soudain, elle eut un sursaut. Elle se redressa, et porta ses mains à son visage. Alors, sortit de sa bouche une parole amère, un juron qui s’étouffa dans ses paumes auxquelles ses lèvres s’étaient collées.
"Putain…" Pourquoi s’était-elle mise avec ce type ? Par amour ? Par désespoir ? Par facilité ? Elle ne savait plus très bien. Pourtant, quand elle repensait aux premiers moments de leur relation, il lui semblait se souvenir qu’elle était heureuse… Mais c’était il y a six mois ! Et après un an de solitude n’est-on pas heureuse avec le premier venu ? Ah ! c’était exaspérant. Et dire qu’avant cela elle jouait les désillusionnées. Qu’elle clamait, à qui voulait bien la croire, qu’on ne l’y prendrait plus. Que c’était fini, terminé. Et voilà qu’une fois de plus elle s’était fait avoir ! Et par sa faute, encore ! A cause de son romantisme à la gomme. De ses idées idiotes de contes de fée débiles ! Elle avala d’un seul trait les cinq centilitres d’alcool contenus dans son verre. Elle toussa. Elle n’avait pas l’habitude de boire. Elle n’aimait pas le whisky. Elle était malheureuse. "Je suis bien avancée, maintenant…" Comment allait-elle se sortir du guêpier où elle s’était fourrée ? Elle n’avait plus d’appartement à elle, aucun moyen de repli immédiat. Et à supposer qu’elle plaque cet imbécile sitôt qu’il reviendrait de Marseille (où il était parti en déplacement), où irait-elle ? Chez une copine ? Mais toutes ses copines avaient un mec et elles étaient du genre à lui refuser leur aide au prétexte que, quand on est en couple, il y a des choses qu’on ne peut plus faire (la bonne blague !). Restaient ses parents. Solution de dernier recours. Mais elle redoutait tellement la solitude…
Elle inclina à nouveau la bouteille de whisky à moitié vide au-dessus de son verre. Puis, une fois celui-ci rempli, elle le vida cul sec, sans tousser. Au fond, ce mec la méritait-il ? Écrasée par sa personnalité, elle avait subi pendant des semaines sa tyrannie sans pouvoir réagir. Mais depuis qu’il était parti, depuis qu’elle avait du temps pour analyser les choses, tout devenait clair, précis, implacable. Il ne l’aimait pas. Il la manipulait. Sans compter que niveau sexe, ce con avait la largeur d’esprit d’un taliban…et la fougue d’un amant de quatre-vingts ans ! Elle se souvenait, par exemple, de sa réaction lorsqu’elle avait effleuré, au cours d’une discussion, le sujet des sex toys. Un truc de pute selon lui. Il ne comprenait pas qu’on puisse autoriser la vente de tels objets. Il ne comprenait même pas qu’une femme puisse se masturber ! Et il l’avait mise en garde, carrément : si elle lui ramenait, un jour, un de ces satanés jouets il la quitterait. Rien que ça ! « Mais, avait-il ajouté, je suis sûr que ce n’est pas ton genre, n’est-ce pas… » L’idiot ! Elle n’avait rien dit. Mais, le soir même, de crainte qu’il ne les trouve chez elle en fouillant dans un placard, elle avait dissimulé ses gadgets érotiques au fond d’un grand sac rempli de livres. Vu que la littérature et lui ça faisait deux, elle était à peu près certaine qu’il ne fourrerait jamais son nez là-dedans. Quand elle avait emménagé dans son appartement, ce sac avait migré de chez elle à chez lui pour finir dans une sorte de soute, ménagée sous un comble. Et depuis elle ne l’avait plus revu. Une dernière rasade de Jack Daniel’s la détermina.
« Ah ! trop c’est trop. Assez de frustration ! Je n’en peux plus ! » lança-t-elle. Et en moins de temps qu’il ne faut pour le dire, elle extirpa les sex toys de leur cachette. Deux minutes après, allongée sur un grand lit, Gwladys, qui avait relevé sa robe, entamait ses premières caresses. D’abord le haut des cuisses... Hum…Ses mains un peu froides sur sa peau déjà chaude…Ca lui rappelait des plaisirs oubliés ! Plaisirs de célibataire… Le chaud, le froid…Ah !…Et aussitôt, cling, cling ! Une idée jaillit dans son esprit. Elle interrompit ses frôlements. Elle s’élança vers le frigo. Et ayant ouvert la porte du freezer y déposa son Little Something plaqué or. Elle revint sur le lit, recommença ses jeux de mains, laissant le désir monter lentement. Elle repensait à un homme. Un inconnu croisé la veille dans la rue. Pourquoi invoquait-elle son image ? Il n’était pas très beau…mais il avait du charme ! Et, puis, qu’importe le flacon pourvu qu’on ait l’ivresse ? Elle lui prêtait un caractère et des aptitudes conformes à ses besoins… Doux, tendre, attentionné, avec des mains qui la rendaient folle, une bouche qui l’électrisait, et une langue...ah ! Elle fit voler ses derniers vêtements, se dénuda complètement. Réclamant le contact de ses doigts ses tétons durcissaient … Qu’à cela ne tienne, elle n’était pas femme à les délaisser ! Elle les manipula ainsi qu’elle savait si bien le faire. Voilà. Comme ça. Son cœur s’emballait, son souffle s’accélérait. Elle mouillait affreusement. Vite, vite, il lui fallait voguer vers d’autres plaisirs ! D’un geste rapide, elle empoigna son Pocket Rocket. Quatre embouts s’offraient à ses envies. Sans hésiter elle choisit celui à multiples picots (son préféré). Mais elle n’appuya pas sur on tout de suite. Elle glissa un doigt dans sa fente, massa copieusement son clito. Puis, n’y tenant plus, elle appliqua enfin le bourdonnant vibromasseur au cœur de son intimité.
« Ah mon Dieu ! Ahhh… » Quel pied, quelle volupté ! Elle n’en revenait pas tant c’était bon. Oh oui, que c’était bon, que c’était bon…Comment est-ce que ça pouvait être bon à ce point ? Incroyable ! Et elle s’était privée de ça depuis des mois ! Son ventre se contractait. Des frissons de plaisir la sillonnaient des pieds à la tête. Elle râlait de bonheur. Des larmes brillaient dans ses yeux. Et dans sa tête enfiévrée les images défilaient. Elle masturbait l’inconnu dans un ascenseur. Pour faire bonne mesure, celui-ci lui prodiguait un cunni d’enfer sous une porte cochère. Elle le remerciait en lui taillant une pipe dans les toilettes d’un restaurant. Il la prenait après cela sur le capot d’une Porsche Carrera. Et, en échange, à califourchon sur lui, elle le baisait dans une grange, sur une botte de foin. Puis elle continuait sa chevauchée sur le tabouret d’un photomaton. Ensuite de quoi, il…Non, déjà ? Elle halète, se tord sur le lit, gémit, crispée sur l’appareil qu’elle maintient sur son sexe tel un kamikaze s’abattant en piqué. Et ce fut l’explosion. Elle hurla comme une forcenée. Mon Dieu, quel délire ! Trois minutes après, joyeuse et délivrée, elle déambulait dans l’appartement, en slip petit bateau et tee-shirt froissé. Elle chantonnait. Elle ne pensait plus à rien. Elle flottait dans une béatitude pleine de délices. Et, peut-être dans l’intention de faire place nette, elle décida de jouer à la fée du logis. Elle trouvait ça génial de manier l’éponge, d’astiquer les meubles, de récurer l’évier…Tout était génial. La vie était géniale !
Mais après deux heures de ce régime la sueur, la terrible sueur, fille de tout labeur, inondait sa chair ! Maintenant elle se trouvait poisseuse. Mal à l’aise dans son corps. La tête troublée. La gorge sèche. Elle ouvrit le frigo. But, à même la bouteille, de grandes rasades de Coca. Alors, peut-être à cause du froid qui léchait la nudité frileuse de ses jambes, elle se rappela de son Little Something. Elle l’avait complètement oublié celui-là ! Aussitôt la voilà qui se précipite dans la salle d’eau. Elle ouvre le robinet de la baignoire. Porte la température du liquide au degré le plus chaud qu’elle peut supporter. Met de la musique douce. Se déshabille. Et, quand tout est prêt, libère le sex toy de sa prison de glace. Brrr…Elle avait du mal à le tenir tant il était froid ! Cigare d’un genre nouveau il étincelait de mille feux sous la lumière du jour. Et rien qu’à le soupeser elle ressentait déjà les prémices du plaisir qu’il allait lui procurer ! L’eau fumait. Elle y plongea d’un seul coup. 40°, 45° peut-être… La vache ! La base de l’appareil est tournée au maximum. Des vibrations silencieuses se mettent à agiter le bout de ses petits doigts. « Procédons par étapes », se dit-elle. D’abord elle fit circuler le sex toy sur son cou, puis sur ses joues, appréciant longuement le toucher sensuel du métal sur sa peau. Les vibrations étaient légères à la base de l’appareil. Mais au sommet elles devenaient démoniaques ! Puis elle effleura ses tétons. Ca la fit frissonner… Après quoi, tel le Nautilus en plongée, le précieux gadget descendit sous l’eau. La base gelée et vibrante passait et repassait sur son clitoris en feu. Les veines de son cou se gonflaient. Son visage s’empourpra. Un souffle rapide s’échappa de ses lèvres. Un premier orgasme la saisit. Rassérénée, elle promena ensuite le cylindre entre ses grandes lèvres. C’était comme un petit serpent en or qu’elle maniait à sa guise. Fascinant spectacle qu’elle regrettait de ne pas pouvoir partager ! Aussi s’imagina-t-elle accomplir ce jeu sous le regard d’un amant assis sur le rebord de la baignoire. Elle s’excitait à dévoiler à cet amant imaginaire les beautés de sa corolle. A s’ouvrir tout entière devant lui avec le tube luisant.
Et de sa voix la plus câline elle demandait au garçon de se masturber. De lui offrir à son tour la vue de son propre sexe en action ! Elle les yeux sur son sexe à lui ; lui les yeux sur son sexe à elle. Une communion par regards interposés. Une belle idée qui la fit jouir une seconde fois ! Peu après, les treize centimètres et demi du Little Something se glissaient dans son vagin. Ah, quel moment !…Bercée par les rythmes lents de la musique, elle les faisait pénétrer tranquillement. Elle avait posé ses petits pieds de part et d’autre du robinet, et en se soulevant légèrement, elle pouvait sortir son ventre de l’eau afin de mieux voir le cylindre doré aller et venir en elle. Le robinet…Pourquoi n’avait-elle pas pensé plus tôt au robinet ! Mais oui ! Hop, hop, le mitigeur…Ouh, ah, oh, hi, ahhhh…Un jet d’eau sur son clito. Voilà. C’était ça qu’il lui fallait ! Et avec une main passée sous ses jolies fesses elle continue de faire coulisser le sex toy glacé dans son con…Non, c’était trop, elle n’aurait pas dû…Elle se sentait partir, elle déraisonnait…Mon Dieu, arrêtez-la, arrêtez-la ! Des vibrations incendiaires ravageaient à présent son point G. Est-ce qu’elle était folle ? Est-ce qu’elle voulait mourir ? Elle n’avait donc aucune retenue ? Elle maintenait le sommet du vibromasseur pile sur la partie la plus explosive de son vagin tout en livrant son petit bouton enflammé aux flots furieux qui cascadaient du robinet ! Insensée, folle qu’elle était ! « Ah, ah, ah, ahhhhhhhhhhhhhhhh !!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!! » Et voilà le résultat. C’est du propre ! Elle n’arrive même plus à reprendre son souffle. Elle hoquette. Elle tremble. Elle pleure. Elle rit. Une vraie démente. Et elle est sublime, bien sûr. Elle est plus belle qu’on ne pourrait le dire. Avec sur le visage quelque chose de divin. L’orgasme l’a sanctifiée.
« Allô, Gwladys ? Tu faisais quoi ? Ca fait une heure que j’essaie de te joindre sur ton portable ! »
« Tu veux savoir ce que je faisais, hein ? Tu veux vraiment le savoir ? »
« Accouche ! »
« Eh bien, je me suis masturbée sur ton lit, puis dans ta baignoire, figure-toi. Et maintenant je me casse. Allez, ciao ! »
[gris]Axelle Rose[/gris]
Commentaires (5)
wow ! ton texte est génial !
Il m’aide terriblement a me masturber !
j’adore... et visualise parfaitement les scènes... tres excitant ^^
ce texte est une puissante source d’inspiration
Quel plaisir de lire un texte érotique bien construit et surtout, surtout sans faute d’orthographe. :-)
Merci
ça t’inspire quoi Adrien ? Promis ! Je ne le répéterai pas.
Manon a raison quelqu’un qui écrit un récit sans intérêt, mais sans faute d’orthographe est quelqu’un de respectable.