Adage Féminin
Le 09/12/2009
L’obscurité arrive avec le silence du mystère charnel. Elle a ouvert la fenêtre pour rafraîchir de la nuit l’air moite de plusieurs jours d’humidité tropicale. La chambre est faiblement éclairée par quelques bougies posées sur la commode en face du lit. Les flammes dansent sur le mur des ombres chaloupées. La grande nuit est arrivée, après des jours de cachotteries. Elle se prépare, lentement enlève sa robe fluide qui tombe tel un drapé sur le sol. Dégrafe son bustier pigeonnant et ôte sa culotte de crème dentelles. Elle se regarde dans le miroir posé sur le parquet et sourit. Elle pense à son mari qui a tout organisé. L’entendant encore hier soir chuchotant au téléphone.
Elle se souvient de ce jour, où elle lui a raconté ce rêve qui l’avait trouvée toute humide au levé d’un matin d’été.
Il l’avait écoutée parfois acquiesçant, parfois dubitatif. Elle lui avait demandé de réaliser son fantasme. Il lui avait demandé quelques précisions et il avait accepté.
Aujourd’hui tout est prêt. Elle sort d’une petite boîte en bois posée sur la commode, un ruban de velours de noir qu’elle noue à son poignet gauche. Ce sera son unique parure, son unique bijou pour cette nuit très particulière.
La belle s’allonge sur le grand lit de satin vermillon. Ses longs cheveux du noir de l’ébène bouclés tels des accroches cœur ondulent sous l’effet de la brise légère s’immisçant par la fenêtre ouverte.
A côté de son lit, de hauts bambous verts disciplinés dans un bac en bois de hêtre crissent sous la caresse de l’onde souffleteuse. De l’encens brûle, mélange de rose et de santal. D’effluves fleuries et boisées. Elle s’étire, s’effleure d’un doigt pensif le bout d’un sein et s’envole dans un imaginaire moelleux.
Quatre hommes attendent entièrement nus derrière la porte close de la chambre. Avec un petit papier blanc dans la main. Sur chaque papier est inscrit à l’encre rouge, quelle partie du corps de la belle ils pourront découvrir. La règle étant de suivre scrupuleusement la consigne reçue. Ni plus, ni moins. Le mari ouvre la porte puis s’éclipse.
Quand le premier homme entre, elle bouge pour lui offrir son dos. Il s’assied près d’elle, ses larges mains vont et viennent sur ses reins et modèlent dans une lenteur exquise le corps de la belle. Il pince la peau fine de sa colonne vertébrale qui tressaille, sculpte du plein et du léger, du profond et du superficiel. La griffe de ses ongles, peint sur son dos des courbes rosées piquées de frissons de plaisir, puis le feu piquant s’apaise avec quelques caresses de plumes qui animent alors le flux de ses eaux intérieures.
Dans un silence d’une densité rougeoyante, la femme lentement se retourne sur le dos. L’homme se lève et s’éloigne pour observer la suite. Elle se dit que tout est prévu.
Le deuxième homme entre pour lui offrir ses lèvres. Ses lèvres pour des yeux doux, ses lèvres pour des oreilles sensibles, ses lèvres pour une gorge déployée, ses lèvres pour l’appétit de cette bouche féminine.
Divines morsures, électriques chatouillis, le souffle masculin farfouille son cou pour respirer son parfum femelle, se cherche un chemin à travers quelques mèches de cheveux pour donner à quelques centimètres de soie blanche des baisers moelleux, des baisers de reconnaissance, des baisers d’amour.
Sa gorge palpite, son ventre se tend, ses cuisses s’ouvrent.
La langue maintenant lèche les perles de sueur de son cou, remonte pour atteindre les lèvres framboises, pour les redessiner et déposer dessus un brillant mouillé. Elle entre ouvre la bouche, il s’insinue plus profondément ; elle s’abandonne, il lui attrape la langue la capture entre ses dents et l’aspire de sa force. Blessure d’endorphines. La belle gémit, la belle miaule, la belle mouille.
Puis il s’éloigne et prend place à côté du premier homme.
Quand le troisième s’approche, c’est pour honorer ses seins. De ses mains ils les galbent, il les pétrit. Il s’allonge près de la femme, il s’empare d’un sein avec sa bouche et sans se presser, entame une danse d’enivrante volupté. Son sein s’érige tel le membre viril de l’homme, son mamelon pointe vers le haut, se fait pénétrant, pousse dans la bouche de l’homme, s’enfonce dans son palais. Les dents acérées du mâle enchanté impriment leurs marques cannibales sur le mamelon étourdi. Puis la bouche en cœur, la morsure devient douceur lactée, l’homme lui tête les mamelons, des liquides laiteux lui montent aux seins et redescendent jusqu’entre ses cuisses. Elle se berce d’un côté puis de l’autre. L’homme se relève, la laissant brûlante dans sa poitrine, le cœur en émoi, le ventre grondant d’un plaisir au bord.
Le quatrième suce l’un après l’autre chacun de ses mignons orteils, il malaxe de la présence subtile de ses mains les talons tièdes de la belle. Elle soupire d’aise, dans ses veines les sensations électriques de son ventre se frayent un chemin le long de ses jambes. Elle se nourrit de ce plaisir intense, elle le savoure, le temps s’étire, l’espace se remplit des picotements du désir et des volutes d’un plaisir cerise.
La langue mâle entre dans le jeu et vient fouiller le creux de ses genoux, remonte l’entrejambe pour venir lécher les plis roses foncés de l’aine frissonnante.
Puis, il s’ingénie à découvrir d’un doigt son nombril, à modeler de ses paumes de sculpteur les contours de son ventre tendre, à suivre les rayons battant de son plexus solaire, à taquiner espiègle son mont frisé, à pétrir ses lunes et à réveiller l’intérieur de ses cuisses.
Elle grogne, la terre entre elle. Des odeurs d’herbes fraîchement coupées viennent titiller ses narines dilatées. Cambrée elle offre sa vulve, son antre secrète au regard pénétrant des hommes. Corps vibrant. Corde de violoncelle et mélopée du plaisir des chairs sans cesse renouvelé. Voix du corps et mélodie du bonheur des cœurs amoureux de la vie.
Le quatrième homme s’éloigne à son tour. La belle brune dans le velouté de ses perceptions, dans la profondeur vibrante de ses muscles tendus par le désir, ouvre alors les yeux pour assister à un spectacle rare. Très rare. Celui de quatre hommes la regardant dans son plaisir sans chercher à le posséder, sans chercher à y mettre un terme, simplement honorant cette vision du vivant féminin, se caressant en face d’elle, d’abord seul avec eux-mêmes puis progressivement chacun incluant les trois autres hommes dans leur chorégraphie sensorielle.
Ils lui offrent à voir leurs gestes tout masculins, un peu bruts, un peu durs, un peu secs, à entendre leurs voix rauques, leur vulnérabilité aussi, ainsi nus parmi d’autres hommes, dans l’acceptation de leurs différences. Ils se caressent et ils s’embrassent. Ils se sucent et ils se branlent. Ils explorent ensemble la route de leur masculin, entre la puissance de leur sexe et la douceur insoupçonnée de leur cœur. Voyage entre hommes au pays du plaisir féminin.
Elle, bienveillante, se caresse, s’évade et revient pour regarder se déployer ce masculin.
Son mari arrive pour la rejoindre dans ses émois émus, il se glisse dans le lac de sa grotte intime. Son sexe curieux se promène tranquillement de part et d’autre des rives joyeuses de ses eaux abondantes. Sans précipitation. Sans force. Délicatesse et complicité des retrouvailles.
Les hommes se rapprochent de la belle et de son mari, s’agenouillent autour d’eux et dans un dernier soubresaut, dans un dernier élan de leur bassin vibrant, dans un ultime baiser de leurs souffles graves, ils éjaculent sur le corps de la belle, l’éclaboussant de leur sperme, lui offrant leur crème riche, ensemençant la terre de son corps de leurs graines fertiles. Elle s’imprègne de leurs substances bouillonnantes, s’exaltant, jouissant et inondant de son eau le feu crépitant de son mâle qui dans un dernier râle, libère son suc épais et chaud au cœur de la douce.
[gris]Shekina[/gris]
Commentaires (3)
Très joliment écrit, bien qu’un peu trop pudique pour être vraiment excitant (ce qui est dommage, parce que le fantasme est vraiment bien).
Mais question : est-ce q’une femme peut vraiment avoir envie d’avoir quatre hommes qui éjaculent sur elle ? Ou bien est-ce un homme qui se cache derrière cette nouvelle ?
Parce que ni moi, ni mes copines, n’avons jamais croisé aucune femme qui aime à ce point qu’on éjacule sur leur corps...
Ah ! Pas sûr ! une fois de temps en temps, je ne dis pas non.
Un peu décevant et, bien qu’étant un homme, je suis d’accord avec Françoise à propos de l’éjaculation.
Je n’aurais guère de plaisir à faire l’amour avec une femme "inondée" de sperme.
"Arroser le gazon", soit mais tout le corps, et surtout sur la figure, non !
Mais, bon, il faut de tout pour faire un monde.