Le malentendu

Le 15/01/2013

Katherine rentre dans mon bureau sans même frapper et avance vers moi d’un pas calme en croisant les bras. La tête plongée dans mes dossiers, je lève à peine les yeux reconnaissant à la fois le cliquetis de ses talons sur le parquet et l’odeur suave de son parfum. Je note juste qu’elle porte un tailleur-jupe qui lui va divinement bien.

"Alors … c’était comment ?" demande-t-elle d’un air faussement détaché en se plantant devant mon bureau.

"Quoi donc ?" répondis-je absorbée par ma tâche.

"Alex ... I don’t have time for this, don’t waste my time ..." dit-elle agacée.

"Je ne vois pas de quoi tu parles …"

En fait si, je savais exactement de quoi il était question, mais je voulais l’entendre de sa bouche. La mettre en face de ses contradictions qui duraient depuis trop longtemps. J’avais intégré quelques mois auparavant l’équipe de l’agence Get ready Inc spécialisée en gestion de crise et relations publiques. J’étais responsable des communications.

Je l’ai voulu dès les premiers instants et j’ai tout de suite su que c’était réciproque mais Katherine a toujours farouchement lutté contre ses sentiments. Probablement par peur de l’inconnu, et moi, par strict respect de la hiérarchie, je ne voulais pas la mettre mal à l’aise, la situation aurait été bien trop compliquée. Malgré tout, au fil du temps, une affinité évidente s’est créée, ce qui devenait de plus en plus difficile. Quand nous nous croisions dans les couloirs de l’agence, nos regards s’attiraient comme des aimants … c’était intense … avec, à chaque fois, cette envie déraisonnée de goûter ses lèvres gourmandes ... ou dans l’ascenseur, aux heures d’affluence, nos doigts se frôlaient inévitablement et mon cœur manquait de sortir de ma poitrine quand je l’imaginais frémissante sous mes doigts taquins. De son côté, Katherine mimait l’indifférence en fixant nerveusement les étages qui défilaient trop lentement à son goût et n’espérant qu’une seule chose : sortir de la cabine au plus vite.

C’était une délicieuse rousse, pétillante, dans la quarantaine, d’origine américaine parfaitement bilingue dont les yeux noirs perçants me terrassaient à chaque regard. Son corps, un havre de promesses, était sans aucun doute sculpté à coup d’intensives séances de gym, qui lui donnaient bien dix ans de moins.

La veille de son intrusion dans mon bureau, nous attendions un client important à qui nous devions présenter une stratégie face à une crise sans précédent. L’ambiance était électrique, tout le monde était sur le qui-vive surtout Katherine qui voyait là une opportunité en or d’imposer encore davantage la compagnie comme chef de file dans le domaine. Cela dit, elle savait qu’il fallait garder la tête froide sinon autant changer de métier tout de suite.

Le client arriva en début de matinée. La cliente pour être exacte ...
L’héritière d’un empire médiatique qu’on ne présentait plus.
"Alexandra Duval, en charge de votre dossier" lui dit Katherine en guise de présentations. Très attirante et sûre d’elle, elle me tendit sa main tout en me déshabillant du regard sans aucune discrétion et haussa les sourcils de satisfaction avec un léger sourire. Je compris alors que mon allure androgyne totalement assumée ne lui déplaisait pas, tout comme Katherine la première fois que nous nous sommes rencontrées. J’interceptai d’ailleurs son regard méfiant qui surveillait ma réaction.

Pendant près d’une heure, j’exposais ma stratégie. Quelques questions plus tard, l’équipe était convaincue, il ne restait plus qu’à espérer qu’il en serait de même pour le grand public. Katherine se leva la première et vint se placer à côté de moi, en bout de table, en fixant la cliente qui m’avait dévorée des yeux pendant toute la séance. Moi, je souriais intérieurement du comique de la situation. La cliente, elle, n’avait que faire de ce regard agressif qui la mitraillait et continua à me scruter de ses yeux d’un bleu intense presque transparent.

À la fin de la réunion, elle me prit délicatement à part par le bras qu’elle ne lâcha plus. Elle m’invita à boire un verre … et plus si affinités ... du moins c’est ce que je lus entre les lignes ... Elle me parlait à voix basse tout en me caressant discrètement le bras avec son index. D’un œil distrait, je voyais Katherine affairée ailleurs qui me regardait du coin de l’œil. La cliente partit satisfaite avant la pause-déjeuner. Elle repassa me prendre le soir, à la fermeture des bureaux pour aller directement chez elle ...

Je souris en repensant à cet épisode tandis que Katherine, elle, est toujours plantée devant moi. Cette fois, elle a ses mains à plat sur mon bureau "did you FUCK her ? C’est précis là ?!". Sa position m’oblige à relever la tête et à la regarder "la vulgarité ne te va pas … Arrête ça …" répondis-je d’un ton posé en constatant son énervement grandissant. La tension est palpable et ses yeux noirs qui me fusillent se remplissent de larmes.

Elle se redresse en voyant qu’elle n’obtiendra pas de réponse et se précipite vers la porte. Je me lève pour l’arrêter et l’enlace par derrière "Don’t touch me !" crie-elle en se débattant. Nos mains se disputent, se mêlent dans un flux de gestes incompréhensibles. Je finis par la plaquer face contre le mur et bloque ses gestes "Calme-toi !" dis-je à voix basse. Je pousse ses cheveux sur le côté alors qu’elle essaie de se défaire de mon étreinte "Chuuut … doucement ..." elle sanglote. Mon corps est collé au sien, une de mes mains glisse le long de sa hanche pour s’échouer sur sa fesse et remonte sa jupe d’un mouvement empressé qui la fait geindre. Son corps finit par se détendre, elle ferme les yeux, bascule sa tête en arrière sur mon épaule et se cambre. Une de ses mains caressent mes cheveux tandis que mes doigts poursuivent leur incursion avec hâte, caressent la douceur du bas noir qui recouvre sa cuisse et passent enfin la barrière de son string. Le soupir se transforme en gémissement à mesure que je caresse ses poils finement coupés et sa vulve déjà inondée "T’es trempée …" dis-je dans un souffle rempli de désir en lui caressant l’oreille avec mes lèvres ... Son corps se tend … Avant d’aller plus loin, je la retourne face à moi. Son regard est troublé, flou, elle prend mon visage entre ses mains et colle sa bouche contre la mienne comme si c’était son dernier geste. Nous nous embrassons fougueusement, nos langues dansent dans un flot de salive, des soupirs et des gémissements de plaisir jaillissent. Je lèche son cou qui sent bon le parfum fort tandis qu’une de mes mains plaque les siennes contre le mur au-dessus de sa tête. Son corps est offert, à ma merci, il ondule déjà. D’un geste précipité, je déboutonne son chemisier qui s’ouvre sur un dessous noir satiné contrastant avec la pâleur de sa peau, elle remonte une jambe contre moi, mon autre main glisse de nouveau entre ses cuisses où mes doigts se faufilent jusqu’à la source débordante mais sans y rentrer. Lubrifiés, ils se contentent de faire des va-et-vient entre son clitoris à sa vulve. Chaque doigt goûte à chaque parcelle de fine peau gonflée par le plaisir. Il la tapote, la caresse, la titille, la tourmente, se régale ... Nos bouches dévorantes sont toujours collées, nos langues assoiffées, entremêlées. Ses gémissements se font bientôt cris de supplice alors que mes doigts s’agitent de plus en plus … Je cède … Un « Oh God !! » brutal retentit alors qu’elle s’agrippe à moi … Le plaisir est tenace, quelle intense sensation de sentir son bassin qui se cogne contre mes doigts ... elle me rappelle à quel point j’aime faire l’amour à une femme ... Je lui susurre "Il n’y a que toi tu entends ... Seulement toi …" en m’enfonçant encore davantage. Katherine ne tient plus, mon bras la saisit à la taille alors qu’elle s’accroche à mon cou. Le va-et-vient se fait de plus en plus rapide, la vague de plaisir est énorme et nous submerge, nos respirations haletantes se confondent en gémissements assourdissants qui remplissent la pièce au plafond haut sans nous préoccuper de qui pourrait nous entendre de l’autre côté, nous sommes dans le moment présent et précieux. Mes doigts s’électrisent au contact de ses parois qui n’attendaient qu’eux, elles se contractent, ils se frottent à elles, se contorsionnent. Katherine m’enserre nerveusement les hanches avec ses jambes tout en bougeant son bassin avec de plus en plus de frénésie jusqu’à ce qu’un orgasme violent l’envahisse et la fasse hurler ... Nos corps essoufflés restent enlacés quelques minutes, j’en profite pour déposer quelques baisers sur ses joues écarlates et ses lèvres entrouvertes. Elle finit par ouvrir les yeux et me sourit. Puis, la sonnerie du téléphone retentit ... Je jure "Merde !" obligée de séparer nos corps pour rejoindre mon bureau. Je décroche "Oui ? Oui … OK, elle arrive ... ».

[gris]Cameron[/gris]

Commentaires (4)

  • Lise

    C’est dommage, le début est un peu confus, la fin est bien !

  • Cameron

    Confus ... ? C’est le flash back qui te gène ?

  • Lise

    C’est le 4 et 5ième paragraphes en partant du bas. Oui, le flash back, c’est trop vague à mon avis ;), je veux dire leur métier, de quoi elles parlent etc

  • Cameron

    Je vois, tu as raison. Je prends note ;)