Concorde

Le 23/11/2009

Huit heures du soir, place de la Concorde. Il fait déjà nuit noire et tout scintille : la tour Eiffel, les décorations de Noël sur les arbres des Champs Elysées, la grande roue. La grande roue ? Quelle bonne idée !
Je ne te dis rien et je t’entraîne. A juste titre, tu râles. Il fait froid, on a vraiment mieux à faire, il faut faire la queue avec les rares touristes et la procédure est longue avant de pouvoir s’installer dans une nacelle. Je parle beaucoup pour te faire oublier l’attente, je t’embrasse un peu aussi, dans le cou, là où les frissons sont grands. Les frissons ? Tu vas voir.

J’ai le vertige, je n’ai pas voulu te le dire, mais je souffre affreusement du vertige et la grande roue, c’est ce qu’il y a de pire pour moi. Il faut ajouter à l’effroi de l’altitude, la frayeur de l’immobilisation pendant que d’autres grimpent à leur tour dans des nacelles. Suspendue, comme ça, au-dessus de vide, c’est haïssable, même si la vue est stupéfiante de beauté.
J’essaie de ne pas voir, je plonge ma tête entre tes cuisses pour oublier. Non, pas seulement pour oublier, mais pour faire monter en toi le désir autant que le goût du risque.
Sans ouvrir ta braguette, je frotte affectueusement mon nez sur ton sexe, de manière insistante. Ton côté bourgeois un peu coincé s’accommode mal de cette idée saugrenue, ce n’est pas l’endroit, arrête, on pourrait nous voir, etc. Pourquoi ne veux-tu pas comprendre que c’est parce qu’on pourrait nous voir que j’en ai envie ? Ce n’est pas de l’exhibitionnisme, c’est le goût du danger qui m’anime.
Bon, je vais essayer une autre méthode.

Si la fellation à au moins 100 mètres du sol ne t’excite pas, tant mieux. Tu vas calmer mes frayeurs en t’agenouillant entre mes cuisses. Regarde sous ma jupe et réjouis-toi de ce spectacle là : mes bas et mon porte-jarretelles encadrent et mettent en valeur un mont de Vénus touffu, exposé au froid de l’hiver. Je sais bien que tu ne résiste pas les jours où je ne porte pas de culotte. Tu ranges tes idées étriquées dans ta poche et dans ces moments-là tu deviens animal de désir à l’affût de tout ce que ta morale bien pensante réfute. J’adore. Le vernis craque, se fendille, tu n’es jamais plus humain que dans ces moments-là.

Et te voilà agenouillé dans la nacelle, effrayé à l’idée d’être vu, mais tes doigts fourragent déjà mon sexe et ta langue fait bander mon clitoris. Je quitte un vertige pour un autre bien meilleur et ne regarde que toi. D’une main, je caresse tes cheveux et rythme ta langue, de l’autre j’attrape la pointe d’un sein glacé et le pince, ce qui augmente instantanément la dose de cyprine qui coule sous tes doigts. Et quels doigts ! Si experts à animer les points les plus réactifs de mon sexe. Mais je ne vais pas jouir là comme ça, sans augmenter l’adrénaline de la frayeur et sans la partager avec toi. Je me retourne et me mets en levrette, mes mains en appui sur le dossier du fauteuil, obligée de constater que je suis suspendue au milieu du vide, tremblante de peur. Je me retourne pour voir où tu en es. Tu ouvres ta braguette d’un geste sec, ton phallus bande depuis longtemps (je l’avais senti sous la pointe de mon pied, pendant que tu me léchais), tu le caresses à peine, le couvre de ta salive et je dois te dire que c’est épatant de te voir te caresser, parce que la chevalière avec les armes familiales qui monte et descend sur ton sexe est bien plus excitante pour moi que n’importe quel film à caractère pornographique.

Tu me pénètres et c’est toujours tellement bon d’engloutir ta queue, de l’enserrer au plus fort, mais je ne sais plus où regarder : face à moi ce vide qui me donne un vertige insupportable et me tétanise, et la peur décuple car tu commences ton va-et-vient en moi et la nacelle bouge en suivant ton rythme. J’ai envie de hurler ma frayeur au plus fort, de demander à descendre toute affaire cessante, j’enrage contre mes défis stupides et puis la peur est telle que je suis contrainte de me concentrer sur mon plaisir pour oublier et me perdre. Je baisse la tête, lorgne entre mes seins gonflés, énormes, sensibles à l’attraction terrestre et je vois ta queue qui s’agite en moi, tes couilles qui frappent contre mes fesses, alors je domine un peu ma peur et commence a guider ton mouvement par le balancement de mes hanches. Tu me connais si bien que tu me pétris, me malaxe et me pince si fort pour que la douleur me force à oublier la peur. Enfin, oublier est un grand mot. Disons que grâce à toi je m’arrange, entre moi et moi-même. Je te regarde et lis dans ton regard une inquiétude toute autre. Tu crains d’être vu par les rares passagers dans les autres nacelles. Tes craintes sont justifiées, mais pas au bon endroit. Regarde, nous sommes en phase descendante et bientôt nous serons nez à nez avec le personnel technique. Pris sur le vif ? Tu deviens blême, sans que ton érection en pâtisse. Allez, je suis si compatissante que je vais trouver autre chose. Glisse toi hors de moi, à condition de bien garder ton érection, je pose délicatement mon sac à main à côté de ta queue, comme un paravant ,et fais semblant de le trifouiller. Si ton érection faiblit un seul instant je ferais tomber mon sac au sol. Tiens bon. Voilà, ce n’était l’affaire que de quelques instants, nous remontons pour un deuxième tour. Je m’assois sur ton sexe toujours turgescent, dos à toi, et me concentre à nouveau sur la vue de tes organes génitaux, seule antidote à mon vertige phénoménal. Je caresse tes couilles et ondule tout doucement sur toi, pour ne pas créer trop de mouvement sur la nacelle.

Il n’y aura pas de troisième tour. Nos nerfs sont à bout.
Mais la peur est un formidable accélérateur d’orgasmes : je sens que ça vient, vite , vite et fort même. Oui, oui, oui, oui…
Ouf, voilà, ça y est.

Je m’effondre dans tes bras, tu me traites de toutes sortes de noms d’oiseaux, quelle crétine tu fais avec tes idées saugrenues. On aurait pu se faire prendre, se faire arrêter même, passer la nuit au poste, que sais-je moi ? Comme si les endroits plus paisibles ne pouvaient pas eux aussi être propices aux ébats heureux. Idiote. Ne fais plus jamais ça.

Je descends enfin de la nacelle. Je vacille sur mes jambes, qui ne me tiennent plus du tout.
Est-ce la peur ? Est-ce le plaisir ? Ou une savante combinaison ?

[gris]Madeleine Concorde[/gris]

Commentaires (4)

  • Jess the best

    Ouh là la ! Je ne serais pas capable d’un truc pareil moi ! Effrayant !

  • Nicole

    Voilà une formidable nouvelle ! Une nacelle de la grande roue serait-elle l’un des derniers lieu à Paris où on peut s’encanailler ? Merci Madeleine, ça me donne des idées.

  • Anonyme

    enfin quelque chose d’un peu sympathique et amusant

  • gorgone

    Ceux de la nacelle du dessus doivent etre ravis ! :)