Peut-on jamais comprendre une femme ?
Le 09/12/2009
Le jour J était enfin arrivé. Elle avait tout organisé mentalement : le lieu et le prétexte, puis, s’en était donnée les moyens. Depuis le temps qu’ils parlaient sur internet il fallait bien passer au réel ! Il devait arriver en avion, 3 heures de vol, c’était long mais il était prêt à tout pour elle, lui avait-il dit : « par quelque moyen que tu jugeras approprié, je suis à toi de toute façon ». Il était beau parleur : à lui de prouver ce qu’il était capable d’affirmer ! Elle aurait juste une heure en voiture pour le rejoindre.
Elle sortit rapidement de son bureau, se dirigea aux toilettes pour se changer pour une tenue plus féminine dans laquelle elle se sentait naturelle et à l’aise, pas déguisée pour la circonstance : elle voulait séduire et être jolie bien sûr mais ne pas se perdre dans une illusion. Un regard critique vers le miroir, elle intensifia le maquillage de ses yeux verts, fit mouiller ses lèvres d’une touche de gloss écarlate, et soupira : « je ne vais pas me transformer en bombe sexuelle, je suis comme je suis, on verra bien ! ».
Elle grimpa, sûre d’elle à présent, dans sa voiture.
Ils se connaissaient depuis l’enfance et s’étaient perdus de vue la moitié de leur vie.
Le hasard et internet leur avait permis de se retrouver : des heures de discussion, de rires, de sourires, d’attendrissements, de blagues et de connexion qui avaient créé un véritable attachement. Puis les mots étaient devenus plus ambigus et le jeu avait pris une tournure plus sérieuse jusqu’à l’aveu de leur attirance réciproque.
Même si ses battements de cœur et son excitation étaient pourtant bien là pour lui prouver que tout ceci était réel, elle attendait la confrontation : « je veux le regarder droit dans les yeux et voir ce qui va se passer, ce que je vais ressentir : peut-être n’y aura-t-il rien du tout ? On éclatera de rire et tout rentrera dans l’ordre : nous resterons bons amis. »
Elle était arrivée à l’aéroport, nerveuse et décidée, elle ne mit pas longtemps à le trouver : il était là !
Rythme cardiaque effréné, sang aux joues, frissons.
Il était debout devant les portes vitrées, grand, élégant, troublant car il n’avait pas changé, mais c’était un homme à présent, plus un gamin.
Elle descendit de voiture et marcha vers lui, lentement, leurs yeux se trouvèrent, ils ne purent s’empêcher de sourire franchement.
Son cœur battait trop fort, il lui donnait des vertiges. En contraste, il avait l’air si calme !
Il se pencha vers elle, des bises sur les joues, comme deux vieux amis qu’ils étaient et entama la conversation d’une voix joviale…elle n’écouta pas, toute à ses pulsations, son imagination filait à toute vitesse. Elle était bel et bien sous son charme. Son parfum l’enivrait, elle aurait bien voulu le faire taire d’un baiser, là tout de suite, devant tout le monde.
Elle le laissa conduire. Elle pu l’observer à plaisir : ses mains prometteuses de caresses, ses lèvres si tentantes, ses yeux à l’éclat coquin, son profil d’homme qui plaît aux femmes. Percevait-il qu’elle n’avait pas envie de lutter mais de se donner à lui dès qu’il le voudrait ?
Pourtant, elle s’en voulait d’avoir succombé si facilement : c’était un charmeur, elle le savait, le genre d’homme qui plaît, en est conscient et prétend que cela arrive malgré lui. Et puis tomber amoureuse de son meilleur ami, quel cliché !
Mais cet après-midi, il était à elle, elle mit fin à ses hésitations.
Les voilà non loin du restaurant : c’était à elle de mener les opérations pratiques : « suis-moi ».
Le face à face provoquait un mélange de sentiments divers : elle était rassurée (il était fidèle à lui-même, aucune gêne apparente entre eux, leur connivence était bien réelle), plus détendue aussi et surtout plus confiante.
« Hum, si je lui demande de m’embrasser tout de suite va-t-il le faire ? Ou si je le viole sur place, ça va se voir ? »
Elle le dévorait des yeux avec un plaisir tout égoïste, comme un cadeau parfait que l’on n‘osait espérer et avec lequel on meurt d’envie de jouer plus tard. Un mélange d’attente (« j’ai tout mon temps ») et d’excitation (« et si je le déballais maintenant ? »).
Mais aussi c’était tellement bien de pouvoir l’entendre et le voir. Elle aimait le taquiner, le faire rire ou sourire. Elle savait qu’ils étaient sur la même longueur d’onde, complices. C’était comme toujours une séduction de l’esprit. Cependant le physique comptait aussi. Sans s’en rendre vraiment compte, elle avait de ces gestes féminins auxquels les hommes sont si sensibles : un battement de cil opportun, un éclat particulier dans les yeux, une main glissant dans ses cheveux, une caresse machinale, sa langue qui dessinait ses lèvres…
Elle commençait à faire un peu plus attention à la conversation même si des images fulgurantes traversaient son esprit : elle se voyait nue, offerte, tandis que ses mains caressaient ses seins si sensibles au plaisir, sa langue chatouillait son cou, son ventre, ses baisers faisaient frissonner sa peau. Elle imaginait le parfum enivrant de ses cheveux, le contact de leurs corps enlacés, la douceur et la force de son sexe entre ses mains.
« Ca va ? »
« Heu, oui ! Tout va bien ! » Elle rougit : baissa ses yeux qui trahissaient son désir.
« Dis-moi à quoi tu penses ! »
Elle s’enhardit, plongea intensément son regard dans le sien, les lèvres entre-ouvertes, elle sentit qu’une douce chaleur se propageait dans son ventre, les bouts de ses seins durcirent, son rythme cardiaque s’emballa follement : elle s’abandonnait à toutes ces sensations délicieuses, son corps la guidait, son esprit n’était plus que brume. Ses pupilles dilatées disaient « prend-moi ! ».
« On sort ? » demanda-t-il.
Avait-il compris ?
A peine dehors, il se pencha vers elle et la surpris d’un baiser, la serrant dans ses bras. Ce baiser était langoureux et déterminé. Elle se sentit incapable de former des pensées nettes, son cerveau avait cessé de fonctionner, son cœur aussi apparemment. Seul le contact décidé de ses lèvres sur les siennes comptait, leurs langues jouaient à l’unisson. Elle perdit son souffle.
Il se redressa, souriant, avec un air satisfait.
« On y va ? » dit-il en désignant un hôtel derrière lui d’un hochement de tête. Elle le regarda, soudainement incrédule.
"Quoi ! Il croit que je vais céder aussi facilement, dès le premier rendez-vous ?
Non mais ! Il prenait vraiment ses désirs pour des réalités !"
« Tu vas devoir patienter et me séduire mon cher » lui rétorqua-t-elle.
[gris]Shyna[/gris]