Mécaniques futures
Le 05/06/2022
Mathilde finit tranquillement son petit déjeuner, parcours les grands titres de la presse et reste un moment rêveuse devant la danse des flocons de neige qui finissent par fondre sur la fenêtre. Elle se lève et se tourne vers Aspen.
Suis-moi dans la chambre.
Il s’exécute.
Elle libère ses cheveux mouillés faisant tomber la serviette, détache son peignoir qu’elle laisse tomber au sol et se retourne nue vers lui.
Je voudrais le 605.
Aspen commence le programme en activant une projection sur le mur de la chambre : une scène érotique entre une Lilith imaginaire et les restes de la glaise rouge dont elle serait issue. La matière s’anime et de façon tentaculaire titille toutes les zones érogènes de la femme : une forme oblongue caresse ses lèvres et fouille sa bouche. Une autre pénètre sa chatte et son cul tout en pinçant son clitoris. D’autres empoignent ou flagellent ses fesses, chatouillent la plante de ses pieds, caressent ses cheveux. Tout son corps est sollicité. Le rythme de la matière alterne entre certains bras aux gestes rapides et parfois violents, et d’autres au contraire sont irritant de lenteur. L’ensemble donne le tournis. L’alchimie entre le corps et l’argile empêche de savoir si cela tient plus de la masturbation que d’une séquence SM orchestrée par la matière animée.
Elle sent déjà ses seins pointer, sa chatter mouiller.
Aspen lui tend un tube de lubrifiant, dont elle badigeonne sa vulve et les premiers centimètres de son vagin. Il lui présente ensuite le vibromasseur 34B, qui s’enfile comme une culotte en latex, avec à l’intérieur une partie aspirante qui suçote le clitoris, et un vibro pénétrant dont la forme s’adapte à la chatte et stimule en particulier le point G. Les deux éléments ont des vitesses de programmation indépendantes. Deux tubes mous en caoutchouc noir remontent sur les seins, pour aspirer les mamelons comme un bébé assoiffé. Il lance ensuite le programme vocal qui accompagne ce menu :
" Tu es une petite salope, une chienne qui en veut toujours plus et n’en n’a jamais assez. Regarde ma grosse bite qui va te défoncer, etc. "
Ses yeux rivés vers l’écran, son corps stimulé avec une précision quasi-chirurgicale, elle sait qu’elle va jouir dans deux à trois minutes maximum et essaie de se laisser emporter par des pensées matérielles pour ralentir son orgasme plutôt que de se concentrer sur les sensations dans sa chatte et arriver au climax.
Mais le premier orgasme arrive.
Aspen sait qu’il lui en faut toujours trois, qu’on peut garder le même vibro, mais qu’il faut un deuxième, puis troisième extrait de film pour lui donner son quota autrefois quasi journalier d’orgasmes, mais devenu plus sporadique avec le temps.
Pour le deuxième extrait, il a retrouvé une pépite ancienne, un film en VR avec une caméra subjective, où le corps de quelqu’un d’autre fornique frénétiquement avec des humains. Ce n’est pas tellement sa came, mais c’est amusant. Elle met quelques minutes de plus pour jouir, cependant l’intensité de l’orgasme à grimpé d’un palier, comme attendu.
Aspen a élaboré lui-même le troisième film. Il sait à quel point Mathilde a besoin d’un peu plus pour atteindre son stade final, celui où elle hésite toujours entre se défiler devant une secousse qui sera trop forte, ou accepter de laisser son corps entier trembler de plaisir. Ce film maison à été conçu partir de notes trouvées dans un vieux journal intime qui remonte à un temps où elle et son amant étaient en froid. Elle avait rêvé d’un plan à trois avec son amant et une femme qu’elle avait soigneusement sélectionné sur une vitrine en ligne : elle avait choisi une personne d’une trentaine d’années, avec des seins en forme de poire, des lèvres pulpeuses, et peu de tatouages. En songe, Elle lui avait offert cette femme, dans une chambre d’hôtel, et s’était assise au bord du lit pour voir ce qu’il faisait d’elle.
Il s’est arrêté à la remarque sur son trouble initial, lorsqu’elle regardait la rencontre de ces deux corps avec une certaine gêne, un sentiment d’exclusion qui n’avait pas duré. Il a estimé que cette sensation serait propice à créer une tension dans la reconstitution de la scène. La narration, les sensations saisissantes et les images de synthèse réalistes et obscènes collent au goût de sa patronne. On la voit désemparée, assise derrière le couple qui debout se découvre, s’enlace, s’embrase. Elle ne sait s’il faut caresser avec sa langue le sillon les fesses de son partenaire qui se présentent à elle, en devenant une présence invisible, ou s’il elle va être capable de s’exciter en découvrant l’appétit qu’il manifeste à l’égard de la femme louée pour l’occasion. Ça pourrait être comme se masturber devant un porno, mais en vrai. La scène est troublante de réalisme et effectivement, elle ressent à nouveau cette confusion qui l’avait fait hésiter et qui à présent l’excite intensément. Elle ne cherche pas à résister au flux qui va contorsionner ses pieds jusqu’à avoir une crampe douloureuse, lui donner la sensation d’un essoufflement et lui arracher des râles aux sonorités un peu moches.
Ouiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiii.
Tout son corps se détend, les traits de son visage se lissent, ses joues sont rosies, elle esquisse un demi-sourire.
Aspen éteint la machine. La fenêtre redevient translucide, les insultes cessent, le ronronnement des machines aussi et l’arrêt des diverses succions relâche le latex. Elle se contorsionne pour enlever la culotte devenue encore plus collante avec le lubrifiant et la tend à Aspen, qui part à la salle de bains la nettoyer avec un savon moussant. Frottant chaque pièce concave ou convexe avec méticulosité, les séchant ensuite avec une serviette chaude avant de talquer tout l’intérieur de la culotte, on pourrait penser à une forme de fétichisme un peu pervers à l’égard des outils de jouissance de sa patronne.
Mais il ne peut se laisser aller à des sentiments, Mathilde a fait en sorte que l’intelligence artificielle de son robot se limite à des capacités de performances. Pour les sentiments, elle s’en tient aux capacités déroutantes des hommes, désarçonnés par la place mouvante qu’ils occupent à présent auprès des femmes.
Wannabe Eve Future