Le sceau rouge et sucré de ma folle impudeur
Le 07/03/2012
Odeur de givre et d’ambre. Je pense à sa queue et je sais qu’elle m’attend. Rue du Soupirail, le vieux type du dimanche fait griller des marrons. Il me sourit et je dis bonjour. Ma buée se mêle à la chaleur de son stand, disparaît dans la ville et je file toujours plus vite, je cambre les reins. Je sais qu’elle m’espère et rien n’a plus d’importance à cette heure, rien ne peut animer mes pensées comme une queue qui n’attend plus que moi.
Je tourne à l’angle, frôle en riant la margelle d’une fontaine et fait claquer mes talons sur les pavés grisâtres. Quelques centaines de mètres et une porte. Voilà tout ce qui me sépare encore de ma folle impudeur. Je jubile en pensant que je pourrais encore me défiler. Qu’il suffirait d’un petit doute, d’un rien, que je suis encore en mesure de m’en retourner sans fléchir. Quelques pas. Reflet dans la vitrine. Toute la noblesse des femmes est concentrée dans ce dernier instant, celui qui précède la révélation de leur vice. Je suis reine.
Je sonne et de ce geste anodin je comprends que je suis déjà prise. Cette idée me transporte. Il ouvre et il se tait. J’avais bien demandé qu’il se taise, qu’il me laisse approcher, il sait que je saurais aller au-delà des mots. Il sourit. Il ne m’a pas menti. Je lui tends mon manteau et suis ses pas le long du couloir. J’ondule en gardant les yeux fixés sur sa nuque. Sereine. Consciente d’être là où je dois être. Je suis la crispation de mes reins, l’avidité de ma langue, je suis toute entière dans cet instant de prélude où je n’ai toujours pas de nom. Comme je suis reine.
Il a refermé la porte du placard et je me suis glissée contre son dos, mes mains agrippent lentement la boucle de sa ceinture et je devine que sa respiration se bloque. Je ne bouge pas. Je laisse son cœur palpiter plus vivement d’être ainsi contraint d’attendre et je plaque imperceptiblement mes seins contre la rudesse de ses dorsales. Je le tiens. A cet instant précis je ne peux imaginer qu’il fut un jour à une autre. Au bout de ce couloir sans grâce, contre cette porte sombre, il n’a jamais été qu’à moi.
Je desserre mon étreinte en espérant qu’il se retourne. Il n’en fait rien, ignorant à quel point je pourrais déjà être sienne, à quel point l’odeur de sa peau me fait chavirer d’envie. Alors je guide ses hanches de la pulpe des doigts, jusqu’à ce qu’il baisse les yeux de me voir ainsi le dévisager. Je le fixe, avidement, plonge mon nez dans son cou et déboutonne lentement les boutons qui me séparent encore de sa peau. Sans dire un seul mot, je dévore ses tétons et dénude entièrement ses épaules et ses bras. Il n’ose pas me toucher. Il se laisse aimer et je me laisse déchoir, bascule en jubilant de mon socle et viens plaquer ma joue contre le carcan de tissu qui lutte encore contre sa queue. Je la sens me faire honneur, je la sens palpiter et maudire de n’être pas encore enserrée dans ma bouche.
Je défais la ceinture. Déboutonne et fouille avec soin, fais apparaître entre deux pans de tissu les tendres contours de ma convoitise, emplis d’un espoir qui m’appartient déjà, et en fait gracieusement le tour d’une pointe de langue impertinente.
« J’aime ta queue » lui dis-je avec un regard de jeune fille effrontée. Il ne répond rien. Il m’appartient et je l’engloutis avec autant de douceur que de fièvre.
J’aime sa queue. Dans toute la fermeté de sa chair et toute la crudité de son nom. Dans toute la sensualité de ses lignes qui n’en finissent plus de me supplier. Rien ne peut exercer sur moi de fascination plus violente qu’un homme suppliant de tout son corps, terrassé de stupeur et d’envie sous les effets tous frétillants de ma voracité.
Je le suce avec cette dévotion gourmande qu’ont les vraies amatrices de caramel, fermant les yeux de délectation quand celui-ci se met à fondre dans leur bouche, à se répandre en elles comme une valse lente. Je le suce comme ces longs baisers sensuels des toutes premières étreintes, quand la découverte du goût de l’autre s’en vient résonner dans les coffres de l’âme.
Comme il est beau ainsi offert, comme il sait bien s’abandonner à mes petits caprices. Je m’arrête un instant pour mieux le regarder, les membres paralysés par l’attente. Il est exactement comme je l’imaginais, nu, implorant et désarmé. Mon bel amant sans passé, tout enchevêtré dans les liens de mon propre désir, cristallisé pour jamais dans ce petit instant que je m’offre aux détours de sa peau. Mon joli cadeau de chair, mon délice impromptu.
Et je pourrais rester comme ça, à le regarder languir de ma bouche, prostrée à ses genoux et pourtant grisée de mon pouvoir, étourdie et furieuse d’avoir gouté la peau de son sexe, de l’avoir senti gonflé d’impatience contre ma langue.
Il me jette un regard de supplicié. Celui qui exprime avec exactitude à quel point il se sait à ma merci et à quel point cette acceptation lui coûte. Comme je peux jubiler de le voir ainsi, tremblant et saisi de fièvre, totalement abandonné. Soumis à ma petite volonté. Je suis reine. Oh, comme je suis reine.
Un élan d’avidité aux allures de clémence me pousse enfin à mettre un terme à ce charmant spectacle.
Je le suce. Encore. Avec toutes les nuances que cet art sait si bien faire naître. Tout à tour, comme des musiques légères qui ne cessent de s’entremêler lentement, je le suce avec douceur, volupté, provocation, délicatesse, emportement, lubricité et dévotion.
Je le suce et ressent chaque frisson de son corps. Chaque tressaillement de ses muscles. Chacun de ces petits spasmes incontrôlables qui le saisissent enfin jusqu’au cœur de lui-même.
Je le suce et il jouit, avec cet élan dénué de conscience qu’ont les hommes ayant lutté longtemps avant de crier grâce. Il jouit dans ma bouche et rien n’a plus d’importance à cette heure, rien ne peut animer mes pensées comme cette queue qui n’attendait que moi.
[gris]Maïanna[/gris]
Commentaires (7)
Tout bonnement succulent.
Un délice de lecture.
Merci à vous Zippo...
Je l’ai écrit avec le plus de musique et de sensualité possible, juste comme j’aime.
Et je suis toujours heureuse lorsqu’on est sensible à mon style. :-)
Bonne soirée à vous.
Magnifique ! Une prose enivrante, forte, poétique.
Waouh, Belle prose en effet, belle description et belle perception du désir masculin et de la façon dont les femmes peuvent s’en délecter aussi !
Glower dit :Un cerveau, j’en ai de9je0 un, merci. Et non, ce n’est pas une ulgabe, et non, je ne suis pas un troll, mais un homme qui connais assez les femmes pour savoir que la libe9ration sexuelle des femmes est invention me9diatique. Les femmes n’aiment pas le sexe, j’en suis convaincu, j’en ai vu d’autres. Mais encore une fois, of9 est le mal ? Pourquoi il faudrait e0 tout prix que les femmes se comportent comme les hommes ? Chacun son rf4le, et c’est bien ainsi. Les femmes n’iront jamais voir les e9talons , ce n’est pas dans leur nature, c’est tout. Il leur faut l’amour et accepter de temps en temps de se donner aux hommes qui ont des besoins. Pour avoir parcouru un peu ce site que je de9couvre, je constate une malhonneatete9 de l’auteure dans ce refus des diffe9rences. Et oui, e7a me met en cole8re, parce que ce n’est pas vrai. Le porno choque les femmes, les fantasmes sexuels des hommes aussi. J’ai 46 ans, et jamais je n’ai connu de femmes qui aiment sucer ; pourtant, j’en ai eu plusieurs, et toutes ne voulaient de moi que des be9be9s. Comme Madonna, d’ailleurs, qui a joue9 toute sa carrie8re sur le sexe alors qu’au fond elle n’e9tait pas libre, c’est les hommes qui la fore7aient. Elles, se qu’elle voulait, c’est eatre me8re. Moi j’aime chasser, et on veut me faire croire que les femmes aiment eatre mange9es ? Ce serait trop facile. C’est mon expe9rience qui parle, et je pense que tout le monde sain d’esprit sera d’accord avec moi. Alors merci sarah888 pour ta me9chancete9 gratuite, mais je connais plus les femmes que toi et je connais leurs besoins. Le jour of9 les femmes seront ge9nitales, c’est qu’il ne restera que des femmes malheureuses sur terre.
La malhonnêteté de l’auteure ??? Parce que je raconte l’histoire d’une femme qui prend du plaisir à sucer un homme ? Cela vous met en colère parce que ce n’est pas vrai ?
Je suis navrée pour vous si vous n’avez jamais rencontré une femme qui vous a sucé avec plaisir.
Mais sachez que j’en suis une et bien placée pour savoir ce qu’elle ressent, une femme qui aime les hommes et leur corps, qui ne "leur cède pas de temps en temps parce qu’ils ont des besoins" mais qui les séduit avec joie et les dévore avec toute la gourmandise possible, que cela ne me rend pas pour autant "génitale et malheureuse". Cela me rend sensuelle, à l’écoute de l’autre autant que de mes propres désirs et heureuse de partager de jolis moments avec celui qui a su me plaire.
Il y a de nombreuses femmes comme cela, pour qui le sexe, le partage et le plaisir sont de belles choses qui nourrissent aussi bien l’âme que le corps, pas seulement un moyen de devenir mère.
J’espère qu’un jour vous donnerez à une femme l’envie de vous désirer comme un homme et pas seulement comme un géniteur. Encore faut-il que vous en ayez envie vous-même, ce qui est une autre histoire.
Maïanna.
Bravo Maïanna, je partage sans réserve votre point de vue.
Vous avez raison d’assumer vos désirs.
Vous avez raison d’agir ainsi sans retenue et d’offrir tant de plaisir aux hommes que vous avez croisé. Quelle chance ils ont !
Au contraire, pour ce qui me concerne, je regrette juste que le poids de nos cultures passées pèse encore sur les femmes et empêche le plus grand nombre d’être aussi libérée que vous.
En tant qu’homme, une femme comme vous a toutes les chances d’être une source intarissable de plaisir et je concède volontiers que la fellation est une de mes sources de plaisir maximal.
Je vous comprends d’autant mieux qu’une autre source de plaisir profond et puissant pour moi est le cunnilingus, qui est un peu le miroir de la fellation. J’A DO RE ÇA !!! Boire le jus, être imprégné des senteurs les plus exquises de l’intimité féminine, sentir le corps de la femme vibrer jusqu’à l’orgasme, aspirer, lécher, mordiller le clitoris, quel pied ! Alors pourquoi les femmes ne pourraient ressentir le même plaisir en suçant un homme ?
Sucer, c’est bon, très bon. Donner du plaisir, offrir ces moments où l’on ne se contrôle plus est tout bonnement exceptionnel. Le contact par la bouche permet de ressentir au plus fin les vibrations de notre partenaire.
Les femmes comme vous, attachées au plaisir, attachées à en prendre et à en donner sont au contraire des saintes que je vénère. C’est l’image de la liberté et de la féminité.
Pourquoi donc les femmes ne pourraient pas tenir de tels propos ? Cela me fait penser à ces personnes (hommes et malheureusement parfois femmes) qui trouvent qu’un homme qui drague, qui cherche à séduire, voire qui a des "aventures" est un "Don Juan", un séducteur tandis que les femmes ayant les mêmes attitudes sont considérées comme des salopes.
Je déteste ces propos machistes d’une autre époque.,
Vive l’égalité hommes/femmes, vive l’Amour du désir, vive le plaisir partagé et assumé, vive toutes les pratiques sexuelles pourvues qu’elles soient acceptées des 2 partenaires !
Bravo Maïanna (joli prénom original ;-) !)
Michel.