En lumière !

Le 23/11/2009

La lumière était tamisée et une entêtante musique emplissait la pièce. En son centre, une petite estrade rompait avec la nudité du décor. Sur celle-ci prenait place un confortable sofa. Quelques chaises éparpillées de-ci de-là environnaient la scène comme si une représentation intimiste allait avoir lieu.

Quelques badauds entrèrent à intervalle régulier et gagnèrent les sièges, comme préparés à l’évènement. Un spot dansait sur la scène restée vide et la porte d’entrée se referma finalement après que le dernier spectateur ait rejoint le groupe des curieux déjà installés. Une porte dans le fond de la pièce s’ouvrit alors à la volée et je fis mon entrée, les yeux bandés. Deux mains fermes m’escortèrent jusqu’au petit escalier menant à la scène et me hissèrent jusqu’à son centre.

Une chanson lancinante « Be my baby » des Ronettes remplit l’espace et accompagna mes pas jusqu’au canapé. Pas un murmure sauf celui ininterrompu de la musique. Je m’assis et laissai ma tête choir sur les coussins. A tâtons, je défis les lanières de mes chaussures à talons et envoyai la première au loin. Puis la deuxième. Je défis un à un les boutons de mon chemisier afin de libérer ma poitrine prisonnière sous la matière. Les mains s’aventurant sur le soutien-gorge, je me surpris à sentir mes mamelons se durcir, tendus devant l’inconnu.

En contrebas un murmure d’appréciation s’éleva soudain et je m’arrêtai dans mes mouvements. J’entendis une chaise se déplacer, une personne se mouvoir ou peut-être y avait-il deux personnes qui de concert se pressaient dans mon sillage. Les bruits de pas se rapprochèrent et le grincement du plancher en bois se fit entendre sous le poids de silhouettes bien présentes. Mes mains se crispèrent sur mes cuisses et je me mordis les lèvres afin de tendre l’oreille au nombre d’hôtes qui s’apprêtaient à me rejoindre. Puis les présences se matérialisèrent et prirent place de part et d’autre du sofa. Je sentis des contacts furtifs et de mes mains m’assurai des deux genoux vigoureux postés à mes côtés. Mes mains remontèrent le long des jambes pour découvrir deux corps athlétiques et sensuels devinés sous le vêtement. Mon bandeau m’interdisait la vision de ces êtres charnels et mes pensées n’en furent que plus échauffées. Je décidai de découvrir tactilement la personne à ma droite et joignis mes mains pour palper en cadence ce corps musculeux. Un jean sans nul doute et, oh, une bosse nichée dans l’entrejambe. Une main soupesa la verge tendue et plaquée par le caleçon, et une autre s’empressa d’ouvrir le bouton et la braguette. Le pantalon céda et le caleçon sitôt baissé révéla une délicieuse érection d’un membre, tel un étendard. Je me penchai pour prendre le sexe en bouche et commençai à le goûter tandis que mes mains s’occupaient de le maintenir dressé. Une main à ma gauche vint se poser sur ma jambe et remonter le long de ma jupe. Elle s’attarda jusqu’à mon sexe devenu humide d’excitation. Un doigt se mit en devoir d’aiguiser mon clitoris. Le geste, rapide et assuré fit monter mon désir et il me devint difficile de ne pas gémir sous ces contacts appuyés. Je continuai quant à moi à sucer le sexe bien rigide de mon voisin tout en me délectant de cette tierce personne aux mains baladeuses. Que de volupté dans sa manière d’effleurer ma peau ! Ses ongles me griffant, s’imprégnant de ma peau et ses paumes enveloppantes qui finalement vinrent enfermer mes mollets pour les plaquer plus ouverts face à lui.

Je sentais clairement que, si mon corps était l’objet à présent de tant de sollicitations, je demeurais l’esclave de ces deux corps massifs. Je prenais conscience du spectacle et me répétais inlassablement qu’une orgie allait peut-être laisser place à cet entremêlement des sexes. Y aurait-il d’autres acteurs de cette grande fresque de chair et de sueur ? Une femme viendrait-elle fendre l’espace et consumer mon corps ? Ces interrogations parurent sur le champ m’apporter les réponses car l’estrade vint à nouveau à trembler et plusieurs êtres indistincts tour à tour s’additionnèrent à nos ébats. Je battis l’air à la recherche de ce corps charnu aux formes arrondies qui me ferait découvrir la sensualité au féminin. Les mains de plus en plus nombreuses caressaient ma peau et se disputaient le long de mes cuisses. Certaines malaxaient mes seins et une seule échappatoire s’offrait à moi : me laisser faire, en proie au désir le plus ardent. Je n’étais maitresse que de mes mains pour aller à la recherche de ce corps callipyge qui me faisait défaut. Et il se trouva là, fidèle à mon rêve incessant, somptueux de légèreté et de grâce ! Des courbes aussi spectaculaires que des montagnes russes, des cuisses douces et une peau de pêche se dessinèrent sous mes mains maladroites. Je hasardai un doigt vers ce sexe pareil au mien et me surpris à fantasmer sur ces petites lèvres toutes offertes et délicates. Des deux mains j’approchai cette inconnue qui me faisait face, agrippant les hanches et parcourant de baisers le bas de ce corps si parfumé. Puis la femme s’agenouilla et de ses mains que je devinai expertes vint retirer ma jupe et engloutir soudainement mon sexe surpris dans sa chaleur.

Un long râle de plaisir sustenta mon désir incandescent. Les mains se faisaient plus pressantes et audacieuses, les corps plus proches et libérés de tout vêtement. Je m’abandonnai à cette bouche féminine qui déclenchait des vagues d’excitation frénétiques. Comme un signal, je me mis à caresser ses longs cheveux soyeux avec davantage d’empressement. Sa bouche remonta presque immédiatement vers mon nombril, puis pris le chemin, entre les deux vallons que constituaient mes seins, de mon visage renversé. Elle m’embrassa le cou et acheva se route sur ma bouche entrouverte et frémissante. Absorbée entre deux souffles, je vins recueillir sa langue et l’envelopper de la mienne. Était-ce la chaleur du spot ou bien moi qui peu à peu m’embrasait sous ce corps dévorant ?

La musique devint ténue. J’esquissai un râle de protestation mais guidai toujours les mains vers mes profondeurs les plus intimes. Je me laissai aller et approchai du seuil des cieux les plus insoupçonnés. Le septième fut une escale de cette envolée charnelle.

Mélopée