Sous la chemise
Le 12/04/2009
Elle ne l’ouvre pas complètement, ôte seulement les quatre premiers boutons du haut, avant de glisser une main joueuse dans l’enveloppe de tissu souple… Et sous ses doigts, d’emblée, il y a la chaleur de la peau, il y a cette douceur propre aux hommes, incroyablement robuste, incroyablement bonne. Puis, dans ses narines, émanant des pectoraux, l’odeur âpre et exquise. Ce mélange si sexuellement détonant des effluves viriles et de l’eau de toilette. Tout son corps s’est amolli dans une espèce de liquéfaction délicieuse. Sa respiration n’est plus qu’aspiration, n’est plus que reniflement. Et pour elle, désormais, plus rien n’existe que cette odeur. Plus rien que cette odeur qui se diffuse lentement dans sa chair et bouleverse ses entrailles.
Maintenant le cou. Oui, surexcitée, elle se jette sur le cou, et elle hume, elle en hume tous les arômes, sniffe frénétiquement, cependant que sa main gauche fourrage le large espace compris entre les tétons, qu’à certains moments elle pince, qu’à d’autres moments elle érafle, au gré de sa furieuse fantaisie d’amoureuse... La pluie de baisers qu’elle déverse ainsi un peu partout, ses caresses ardentes, les jeux coquins de ses doigts sur les tétons aimés, tout ça elle l’entend et le sent, ne laisse pas indifférent (oh que non !). Un souffle accéléré, un souffle fébrile teinté de gémissements légers, s’exhale des lèvres de son homme, qui démultiplie son ivresse à elle, exacerbe sa rage lubrique de femme en chaleur. Sa bouche remonte alors jusqu’à l’oreille gauche...
Et immédiatement, dévoilant une saveur tendre et sucrée, le lobe chéri fond sous les coups redoublés de sa langue. Elle s’extasie. « Mon amour... » Que toutes les émotions, les sentiments, les sensations, qui traversent son coeur et son corps se synthétisent dans ces deux mots, si simples, si justes : « mon amour », voilà ce qu’elle voudrait. Qu’il comprenne à quel point il est aimé, à quel suprême degré... « Tu me rends folle... » Si on lui avait dit qu’un jour elle prononcerait une telle phrase, et sur un tel ton ! Mais c’est pourtant vrai : il la rend folle, complètement folle !
Et cela, en apparence, sans le vouloir. C’est elle qui le viole pratiquement ! Lui, comme toujours, joue à la victime, au pauvre mari dominé et soumis que son insatiable épouse force au devoir conjugal. Elle aime avoir ce rôle-là, il le sait. Et il est loin (très loin !) de détester ça. Elle le viole. Contre le lit, avec sa jambe gauche, elle l’emprisonne. Mais c’est plus encore par sa volonté que par ses muscles qu’elle le rend captif, c’est par toute la force de son désir, par toute la puissance de sa passion. Et pour lui il n’y a rien de meilleur au monde que cet assujettissement... N’est-elle pas la plus douce et la plus voluptueuse de toutes les maîtresses ? Voilà. Basculant d’un coup de reins, elle se met sur lui, complètement sur lui. Elle est nue. Et elle se frotte contre le bourrelet qui se durcit sous l’épaisse toile du jean. Elle a plongé sa tête sous la chemise. Dans le tabernacle des voluptés. Dans cette position, le parfum de son mari (qu’elle inhale comme une drogue), cette queue qui bande sous le tissu rêche (et où son clitoris se rabote), les mains viriles qui malaxent ses fesses, ses propres mains à elle qui labourent les deltoïdes adorés, et la voix rauque, profonde, sensuelle, qui susurre dans ses oreilles tout plein de cochonneries sont les cinq sources de plaisir qui lui font perdre la tête.
Or plus elle perd la tête, plus elle devient vicieuse, et plus il lui prend des envies sadiques, des caprices barbares, des lubies féroces. Elle mord, elle griffe, elle suçonne, se délectant, s’excitant des cris qu’elle provoque. Concurremment sa langue balaye toujours avec rage les plateaux musqués et musclés des pectoraux, lèche les tétons, remonte vers le cou, puis se dirige vers la bouche, pour redescendre ensuite à la lisière des abdominaux... Il y a en elle comme un démon qui l’aiguillonne et la pousse à la lubricité. C’est affreusement exquis ! Une naufragée accrochée à un sublime sauveteur et que la lame emporte, voilà à quoi elle ressemble. Plus elle s’agrippe et se frotte à son homme et plus le plaisir l’entraîne. Elle divague. Se perd dans ce paradis de chair masculine, où elle rêve de s’enfoncer, de se noyer. Et plus elle s’y enfonce effectivement, plus elle s’y noie, plus elle éprouve l’envie de corser les choses, réclamant de nouveaux jeux, de nouvelles sensations. Donc, dans un souffle, entre deux gémissements, elle articule cette requête, devenue maintenant habituelle : « mon amour, prends le Sugar... » Aussitôt une main quitte ses fesses pour ouvrir le tiroir de la table de nuit.
Juste après elle sent le contact familier du doux membre en silicone, passant, tel un serpent rigide et souple, sur sa peau frissonnante. Inutile d’utiliser le moindre lubrifiant : son sexe s’est mué en fontaine... Gloussant d’excitation, elle relève sa croupe mutine. La tête ovale du Sugar se promène quelque temps entre ses fesses, entre ses grandes lèvres. Puis il pénètre avec aisance dans les profondeurs de sa chatte, flattant et sollicitant grâce à son diamètre idéal, à sa forme recourbée, les moindres terminaisons nerveuses qui tapissent la paroi de son vagin. Elle se sent comblée, incroyablement comblée, démentiellement comblée. Lentement, très lentement ensuite, le phallus factice se meut dans le sens de la sortie. Puis il rentre de nouveau, s’enfonce avec une diabolique facilité, avec une enivrante douceur, dans l’orifice des félicités. Elle se pâme, râle comme une furie sous la chemise, plante ses ongles dans les grands pectoraux, et assaillie par des émotions différentes ne sait plus à laquelle se vouer. De quoi retire-t-elle le plus de plaisir ? De l’odeur de son homme ? Des allers et retours du gode en silicone dans son vagin ? Du frottement de son clitoris bandé sur le dur renflement du jean ? Impossible de savoir. Tout se confond, tout se mêle et fusionne en elle. Il n’y a plus qu’une seule volupté, qui s’empare par degré de toute sa chair, qui la subjugue et qui l’emporte...
A la vérité, la main de son homme manie les vingt centimètres du godemiché avec une maestria vraiment trop déroutante ! Dire qu’il y a encore trois semaines il répugnait à s’en servir, dire qu’il avait fallu mille prières pour qu’il y consente ! Désormais il l’utilise comme un dieu, bien mieux qu’elle-même. Quel changement ! C’est qu’il a enfin compris que cet objet, pourtant si délicieux, ne remplacerait jamais son propre sexe, sa bite si irremplaçable, que ce n’était juste qu’un moyen de plus pour elle de se rapprocher de lui, dans la chaude complicité d’un nouveau jeu coquin. Oui, il a compris que tout ce qui permet de mieux faire jouir permet de mieux aimer. De fait, quelles découvertes ne font-ils pas tous les deux depuis ces trois semaines ! A mesure qu’ils explorent ensemble toutes les potentialités de l’objet ils vont de surprise en surprise, s’enthousiasment des nouvelles voies de plaisir qui s’ouvrent à eux. Et c’est elle qui en profite le plus... forcément ! A chaque fois elle pense avoir atteint le maximum de la jouissance possible, et à chaque fois, après un nouvel essai du Sugar, une jouissance encore supérieure la surprend. Par derrière, comme ça, avec la tête dans la chemise, ils n’avaient encore jamais essayé. Et elle se dit, alors que monte en elle la vague immense, la vague irrépressible qui va bientôt la submerger, que c’est vraiment la meilleure des positions. Oui la meilleure... Ne jouit-elle pas en effet d’une totale, d’une absolue liberté de gestes ? A chaque soulèvement de son bassin, tout en happant du vagin l’envahissante masse du membre en résine elle frictionne activement son clito sur la braguette de son amant, barrée par une érection d’enfer. Et pendant que les deux pôles de son sexe se déchaînent sur ces deux sources de plaisir sa tête et ses mains en exploitent deux autres non moins fécondes : la peau du torse si bonne à humer, les muscles du torse si tendres à toucher ! Sans compter les mains de son homme qui la caressent vigoureusement !
Aussi c’est comme si on allumait successivement dans tout son corps des milliers de petits feux. D’abord ils la brûlent d’une flamme légère. Puis, très vite, ils se développent, grossissent, s’amplifient. Pour bientôt se rejoindre et ne plus former qu’un seul et même brasier, féroce et dévastateur... A partir de ce moment elle ne se contrôle plus. Elle hurle, supplie, pleure, rit, crie, remercie, balbutie, ne sait plus ce qu’elle dit, se tord, mord, griffe, pleure encore, rit de plus belle, convulsée, exaltée, sa croupe avalant avec une voracité toujours plus goulue le galbe ultra design du sex toy. L’explosion finale est un cataclysme : durant quelques secondes elle s’arrête de vivre. Le temps se suspend... Elle n’est plus que jouissance... Que pure jouissance... Après quoi elle recouvre la raison, sort de dessous la chemise et déclare à son mari, tout en l’embrassant : « Mon chéri, il est désormais temps de passer aux choses sérieuses. Enlève ton pantalon... ».
Axelle Rose