Le rendez-vous
Le 20/09/2012
Notre rendez-vous est à 20h, mais comme d’habitude j’aurai mes 15 minutes de retard. J’ai beau tenter d’arriver à l’heure, rien n’y fait, c’est toujours ainsi. Alors que le métro m’emmène vers le restaurant qu’il m’a indiqué, j’essaie de me rappeler son visage. Pourtant son reflet demeure flou. Il ne reste que des bribes, des impressions. Un regard bleu aiguisé plein de sous-entendus, qui observait un peu de loin, une voix douce, une allure élégante. J’étais une jeune fille alors, et lui m’intimidait un peu.
J’entre dans le restaurant et je le cherche du regard. Mes yeux s’arrêtent sur lui instinctivement. Il relève les yeux et me sourit. Nul doute c’est bien lui. Est-ce qu’il a changé ? Difficile à dire. Il est toujours aussi homme, mais moi je me sens plus femme. Quel âge peut-il avoir maintenant ? Je m’en fiche après tout, je ne calcule pas.
Je m’assois en face de lui et nous commençons à discuter. Comme si nous avions repris une conversation laissée en suspens pendant quelques heures seulement. Et pourtant une distance demeure entre nous. Ses yeux sombres me transpercent comme s’ils pouvaient deviner les images dissimulées sous mes airs sages. Un sourire se dessine au coin de ses lèvres. Je soutiens son regard sans un mot, en tentant de ne pas rougir, avant de poursuivre notre conversation.
Je m’intéresse poliment à ses projets, il me questionne sur mon tout nouveau travail, le premier au sortir de mes études. Nous revenons sur le dernier buzz médiatique, il s’enflamme tout à coup et se lance dans une diatribe engagée. J’entends et je réponds vaguement. En fait je n’écoute rien du tout. Je laisse mon cerveau poursuivre sa mission de discussion en mode pilote automatique.
Je ne vois que son corps. Je remarque les mains larges, dont les longs doigts fins caressent la nappe. Sa chemise blanche légèrement entrouverte découvre discrètement la naissance de son cou et les pulsations de ses artères, qui battent sous la peau fine. Ses lèvres charnues bougent et s’animent, je perçois leur vague écho, quelque part au loin. Je me contente de sourire. Il me lance un nouveau regard en coin, complice, et un frisson parcourt tout mon corps. Je jette un coup d’oeil furtif à ma robe noire, sa longueur stricte qui laisse entrevoir seulement les genoux, le col sage et bien haut, les manches longues. J’effleure machinalement le haut de mes jambes, frôle le tissu et reconnais en-dessous la jarretière et le bord du bas qui enserre ma cuisse. Cette présence me rassure, comme un secret connu de moi seul, grâce auquel je me sens en phase avec ce que je suis et ce que je ressens, ce qui vibre à l’intérieur et que je dissimule si bien dehors.
Ses lèvres continuent à laisser passer des sons, mais maintenant je n’entends plus rien. Il cesse d’avoir une identité, un nom, des projets, une histoire. Nous n’avons ni passé ni avenir en commun, tout se concentre sur l’instant présent. Il devient simplement un corps inconnu vers lequel tout mon être tend, curieux et avide, un corps que je veux découvrir, qu’il faut que j’explore. Des courbes, une odeur, une peau, un goût, que je devine. J’ai chaud. Je voudrais qu’il me prenne ici, maintenant, en plein milieu du restaurant, sans aucun préambule. Je n’aurais qu’à ouvrir mes cuisses, lui ouvrir le passage et le laisser me pénétrer immédiatement, très fort, très profondément. Le supplice est délicieux et me torture. Je sens mon rythme cardiaque s’accélérer, mon sexe gonfler et palpiter, mouiller la dentelle de ma culotte. Pourtant je demeure calme, calcule chacun de mes gestes posés et mesurés. Est-ce qu’il se doute de quelque chose ? Je voudrais lire ses pensées à l’instant même, mais sans qu’il puisse effleurer les miennes.
Le serveur nous apporte nos desserts. Il remplit mon verre vide. Je saisis le verre, laisse le vin rouge caresser mes lèvres, éveiller mes papilles et s’épanouir dans ma gorge. Je saisis ma cuillère et la plonge lentement dans le fondant au chocolat avant de la faire parvenir au seuil de ma bouche. L’odeur familière du chocolat noir me fait saliver. La texture est chaude et fondante, je la laisse fondre délicatement sur ma langue. Le goût amer, puissant et familier, envahit toute ma bouche avant de disparaître progressivement.
Nous quittons notre table. Il pose mon manteau sur mes épaules, effleure négligemment le bas de mon dos pour me laisser sortir devant lui. L’air glacé entre d’un seul coup dans mes poumons. Je prends une grande inspiration et retrouve une respiration qui m’apaise. Le froid fouette gentiment mes joues et gèle le bout de mes doigts, la surface de mes lèvres. Je m’avance dans la rue, vaguement songeuse mais déjà loin, comme si j’étais seule au monde en cet instant. Tout s’apaise en moi à mesure que je marche calmement, droit devant moi et pourtant sans but.
C’est alors que sa main retient mon bras avec fermeté. Je n’ai pas le temps de comprendre que d’un mouvement vif sa seconde main a déjà saisi ma nuque. Une douce chaleur envahit instantanément mon corps. Je sens ses lèvres s’emparer des miennes alors que sa langue conquérante prend déjà l’assaut de ma bouche. Sa main a glissé de mon bras à ma taille, serrant sa proie déjà rendue. Tout s’accélère instantanément sans que je réalise ce qui se passe, où je suis ni avec qui.
Sans un mot, nous marchons jusqu’à sa voiture. Je m’assois devant avec lui. Une main sur le volant, la seconde posée sur mon genou. Je me laisse glisser sans réfléchir à ce qui arrive. Cela arrive et voilà tout. Il profite du temps d’un feu rouge pour remonter sa main le long de ma cuisse. Il stoppe son ascension à la découverte de ma jarretière et me jette un regard curieux. Je demeure impassible à regarder par la fenêtre les quartiers de Paris revêtir leurs habits de lumière. Il repose sa main sur le volant et je remarque du coin de l’oeil son sourire amusé.
La décoration de son appartement est épurée, la lumière douce jette des ombres mystérieuses à tous les angles de la pièce. Je m’approche de la fenêtre pour admirer les toits de la ville. Je ne bouge pas lorsque j’entends ses pas assurés s’approcher derrière moi. Sans un mot, il pose ses mains sur ma taille et embrasse doucement ma nuque. Je frémis, tout en continuant à regarder la magie de la ville qui dort. Il fait lentement glisser la fermeture du dos de ma robe, qui vient tomber à mes pieds. Je repousse le tissu d’un léger mouvement d’escarpin. Ses mains descendent très lentement sur mes hanches, mes cuisses, remontent sur mes fesses. Puis elles vont et viennent le long de mes jambes, avant de s’arrêter en se posant sur mon ventre.
C’est alors que je me retourne et d’un mouvement brusque je saisis sa tête entre mes deux mains. Je l’embrasse et ma pression se fait de plus en plus pressante sur ses lèvres, alors que je détache en même temps sa ceinture, laisse tomber son pantalon. Mes mains avides explorent les épaules larges, la peau lisse du torse et descendent s’agripper à ses fesses. Il s’amuse de mon impatience et pose un baiser très léger sur mes lèvres, un baiser qui me dit que nous avons toute la nuit. Je tente de calmer ma respiration, j’effleure doucement son caleçon pour sentir son sexe dur enserré sous le tissu .Je plonge la main à la recherche de la peau nue, de la peau tendue, de la peau de son sexe gonflé que j’enserre des mes doigts. Je le libère alors qu’il détache mon soutien-gorge et fouille avec appétit les recoins de mes seins tendus, qui deviennent plus sensibles sous l’emprise de sa bouche.
Je descends à genoux et j’embrasse son membre dressé. Ma langue lape délicatement le gland gonflé, si gourmand, puis je le laisse pénétrer très lentement jusqu’au plus profond de ma gorge. Mes mouvements de succion, d’aller-retour de plus en plus vifs lui laissent échapper un gémissement. J’aime le goût de son sexe et la douceur de la peau lisse de sa verge. Je tète plus avidement, avec un sentiment d’urgence. Il éloigne ma tête et mes lèvres affamées, me relève et m’embrasse avec impatience. Il m’entraîne ensuite jusqu’à son canapé, avant d’arracher ma culotte, tout en prenant soin de laisser mon porte-jarretelle et mes bas en place. Il ouvre mes jambes avec force et plonge au coeur de mes lèvres gonflées. Sa langue explore avec science les contours de mon bouton. Chaque passage de sa langue déclenche une décharge électrique. Je retiens difficilement mes gémissements. Sa langue audacieuse s’aventure plus profondément au creux de mon intimité. Mes mains se crispent sur les draps, puis sur sa tête et agrippent ses cheveux, accompagnant les mouvements de son visage. Je gémis plus fort alors que ses doigts pénètrent en moi et irradient intensément tout mon bas-ventre. Je saisis sa tête pour relever son visage et le regarder dans les yeux : « Prends-moi ». Il s’immobilise, les yeux brillants et le sourire radieux. Je reprends « Pénètre-moi, maintenant ». Il demeure immobile, mon corps tremble plus fort alors que j’attends, ouverte et haletante, qu’il me délivre. Il pénètre enfin d’un seul coup en moi, alors que je sens son sexe brûlant palpiter dans mes profondeurs. Une explosion d’énergie me traverse, mon dos se cabre alors mes ongles s’enfoncent et griffent la peau de son dos. Je me reprends et le force à basculer sur le dos, avant de l’enjamber pour le chevaucher en représailles.
J’agrippe ses mains et les immobilise au-dessus de sa tête, alors que je remonte mon bassin pour descendre tout doucement et englober seulement son gland avec mon sexe, par petits à-coups retenus. Son corps se tend davantage, raide et fiévreux. Je descends alors brutalement pour le faire entrer au plus loin de mon corps. J’embrasse ses lèvres pour étouffer mes cris de plus en plus difficiles à retenir. Il n’y a plus ni espace, ni temps, ni corps, ni lui, ni moi, juste une immense explosion qui nous transporte alors que nous nous perdons, inconscients, l’un dans l’autre.
— Est-ce que vous avez soif ?
— Oui, s’il vous plait.
Il me sert un dernier verre de vin. Le serveur revient avec nos cafés et repart avec nos assiettes vides. Je plonge mes yeux silencieusement dans les siens.
— Vous semblez songeuse. A quoi pensez-vous ?
Je souris sans rien dire. La nuit ne fait que commencer.
[gris]Mademoiselle[/gris]
Commentaires (11)
Ouais !!! c’est super bien écrit, très palpitant à lire, encore !
ON SE LAISSE PRENDRE FACILEMENT PAR L’HISTOIRE.
CONTINUE MADEMOISELLE. J ’AI ADORE
Vraiment très joliment écrit. On comprend mieux maintenant les blancs de la conversation pendant que l’on pense séduire les jolies dames, lors des premières rencontres … et quelles nous semblent ailleurs ! je vous souhaite une très bonne nuit, Mademoiselle.
Super beau texte, tous les sens en éveil, bonne chute. Très belle écriture sur les sensations !!!
Mademoiselle, vous avez une écriture magnifique ! Continuez. Je suis une femme et je me retrouve dans vos paroles, et dans votre classe. Bravo !
C’est triste à mourir, artificiel, froid.Ce type de récit est une enfilade (pardon !) de lieux communs, de banalités . Je suis sur qu’il n’a pas été écrit par une femme, mais par un homme qui avait un excellent dictionnaire des synonymes. Pathétique et affligeant.
Tu parles d’une chute ! un effondrement vertigineux dans le vide (de sens) .
Sophie,je vous en prie ressaisissez -vous .C’est la version hard de "Harlequin".Cette chose(je n’ose l’appeler un récit ) est fabriqué avec un logiciel qui génère de modèles dramatiques de façon aléatoire en utilisant un lexique dont toutes les combinaisons peuvent être testées pour conduire à ce que j’appellerai du "fast writing" ; c’est ce qu’est la " fast food" à la gastronomie .Je suis sur que vous avez une vie émotionnelle intense.Ne vous laissez pas abuser par ces récits . Lisez plutôt Flaubert.
Vous vous connaissez en fait, Orfeon et Mademoiselle ? Sinon, Orfeon tu aurais beaucoup à redire sur l’ensemble des nouvelles écrites ici. Celle de Mademoiselle (Sophie, donc vous vous connaissez en effet) est l’une des meilleures, ou si tu préfères ton vocabulaire si poétique, l’un des meilleurs logiciels érotiques sur le marché !
Par ailleurs, nous lirions Flaubert si ce dernier avait écrit des nouvelles érotiques, et ding dong, aucune à ce jour, il en écrira peut être un jour va savoir.
En attendant, l’un des livres érotiques ou/et pornographique le plus extraordinaires du 19ie, c’est Teleny d’Oscar Wilde, pour ceux que les amoures homosexuelles amusent et excitent... A bons entendeurs
Merci à tous pour vos commentaires, qu’ils soient positifs ou négatifs, c’est toujours très intéressant d’avoir des avis contrastés. L’intérêt de ce site est justement de publier des nouvelles si différentes, que l’on accroche ou pas (il en faut pour tous les goûts), l’essentiel est de faire réagir et de se faire plaisir, sans se prendre au sérieux.
Je vous rejoins sur Flaubert et Wilde, j’ai pour ma part une immense admiration pour les nouvelles de Zweig et la poésie érotique d’Apollinaire, et loin de moi la prétention d’oser égaler ces génies !!
Enfin pour répondre à vos questions, je ne connais en fait aucun des membres de la communauté... et je vous assure que je ne suis pas un logiciel ;) !
J’ai beaucoup aimé. Style fluide, bon vocabulaire, on entre sans souci dans l’histoire et on se surprendrait même à rêver qu’elle nous arrive...
Un seul petit truc, vous parlez des draps alors qu’ils sont sur le canapé... un tout petit détail...