Les petits poissons
Le 20/07/2014
Je suis assise au bord de l’eau, les jambes écartées, mes pieds s’enfonçant doucement dans le sable. La Méditerranée est chaude, les vagues viennent clapoter tout contre moi, saler ma peau, faire descendre - un peu - la température de mon corps. Je frotte le sable contre mes cuisses, comme je le faisais enfant, pour avoir la peau plus douce.
L’heure est exquise, le soleil a cessé de tout brûler sur son passage, il glisse doucement au loin, diffusant une lumière érubescente. Le bruit s’éloigne, petit à petit les populations rentrent, et j’entends la stridulation des mâles grillons qui reprennent possession de l’espace balnéaire.
J’enfonce mes doigts dans le sable gorgé d’eau, me couche face au ciel et laisse la marée montante remonter le long de mes cuisses, tout doucement. La caresse fraîche me donne des frissons. L’eau monte si vite que je ferme les yeux pour mieux sentir les instants où la vague vient échouer contre les fibres polyamide et élasthanne de mon maillot de bain, et où la doublure vient se coller contre ma vulve, réveillant de douces sensations.
La crique, à quelques kilomètres à peine de Cassis, est maintenant déserte. J’ai envie de nager nue, pour que les vagues me prennent toute entière, qu’elles massent mes seins, caressent ma vulve, me pénètrent même … Je glisse lentement dans l’eau frisquette, caresse mon ventre de mes mains mouillées, ma nuque, mes épaules, puis glisse toute entière dans la mer et m’éloigne de quelques brasses avant dénouer les attaches de mon maillot pour libérer ma poitrine, mon sexe.
Je fais la planche pour voir la pointe de mes seins qui, au gré des vagues apparaît, puis disparait. Je lèche le creux de ma main pour me délecter du goût de l’eau salée sur la peau et, une pensée en entraînant une autre, je repense au bar charnu, grillé, parfumé au fenouil, qui nous a régalé au déjeuner ; puis au corps de rugbyman du poissonnier, ce matin au marché, de la façon dont il se retournait, faisait des pirouettes en servant, pour que chaque cliente profite de son beau cul. Pensant cela je revois tous ces poissons sur l’étal, certains semblaient frétiller encore, leurs écailles luisantes, visqueuses, un peu.
J’imagine que tu es là.
Je te demande d’attraper un peu de ce menu fretin, non, pas si petit que ça, trouve-moi le plus joli poisson de la Méditerranée, celui qui est orange avec de grosses rayures bleues, et dont la tête semble si douce et pointue, guère différente de ton gland.
Tu es debout, tu tiens avec une grande force le poisson qui panique dans tes puissantes mains. Sa tête s’affole, et plus il panique, plus tu prends ton temps pour l’approcher de mes cuisses glacées, de ma chair de poule, de ma forêt de poils hirsutes qui se dressent entre deux vagues, de ma vulve offerte aux derniers rayons du soleil. Il est à présent tout près de mes lèvres. Je me demande si cela peut ressembler aux sensations que procurent la fish pédicure qui, décrite dans les magazines, ressemble à une chatouille douce et effrayante à la fois. Mais la bouche de cette Girelle paon est sans doute bien trop grande, tu m’effraie à faire frôler ainsi sa tête si près de ma chatte. Mais je te laisse faire, j’ai confiance et sais que ton imagination fertile travaille à ma jouissance. Tu fais remonter le poisson sur mon ventre, puis sur mes tétons si durs, glacés par la mer. L’agitation de ce poisson conjuguée à mon appréhension fait monter mon excitation. Tu le sens et la bouche de l’animal frôle à nouveau ma vulve, tu me regardes dans le blanc des yeux, ton regard est autoritaire, décidé, calculateur et je me demande si tu vas jouer un sale tour, à moi comme au poisson.
Mais la nature fait bien les choses, la Girelle s’échappe et te laisse pantois.
Ne fais pas cette tête, il me reste ta queue.
Je plonge dans l’eau en tirant sur ton maillot et te suce par étapes modestes, je ne peux rester trop longtemps en apnée, il t’est difficile de bander dans cette eau trop fraîche, sans ma bouche pour accompagner tes ardeurs. Je ne me laisse pas abattre par l’échec. Je fais la planche, prends ta bite et glisse ton gland dans ma chatte pour te branler tout en faisant renaitre l’effervescence qui m’agitait lorsque le poisson occupait la place. C’est fabuleusement bon. De l’autre main je caresse mon clitoris et tu joues avec mes tétons glacés que tu pinces pour me faire gémir un peu plus.
Voilà. Je tiens Priape entre mes mains et suis dans l’urgence de le sentir tout entier au fond de ma chatte. Je contracte par à-coups ce temple de la lubrification pour m’emporter un peu plus vite vers la jouissance. J’accroche mes jambes à ta taille et te laisse tenir avec force mes poignées d’amour qui n’ont jamais si bien porté leur nom, tandis que tes pieds s’enfoncent un peu plus dans le sable à chaque coup de hanche. Je me laisse flotter, mes yeux sont fermés pour mieux sentir l’odeur du plancton qui couvre celle de ma cyprine, mes cheveux dansent comme les algues, mes seins sont durcis par le froid, rendant tes pincements d’autant plus excitants.
Tu me cognes avec la même hargne que le boulanger pétrissant sa pâte sur une table qui percute le mur encore et encore … J’ouvre les yeux pour voir avec quelle force tu me prend, pour voir ce va et vient de ta queue en moi, les algues qui s’emmêlent et le soleil qui, se couchant, ajoute une petite frayeur : il faut jouir vite à présent, avant que la nuit tombe. Mes doigts finissent vite le travail, jouant entre le capuchon de mon clitoris, mes lèvres et l’entrée de mon vagin. Voilà, ça vient. Je reste concentrée sur l’idée de ta queue qui me titille et sens que ça monte. Oui. Oui. Oui. Aaaah.
Mon orgasme manque de A, j’aurais aimé qu’il dure quelques instants de plus, je n’en n’ai jamais assez.
Je regagne la plage, les coquillages se brisent sous mes pieds dans un crissement délicieux, la laisse de mer dégage une émanation d’humus et de putréfaction mélangées.
L’heure est exquise, mon humeur aussi.
Attention, j’arrive …
Miss M.