Butins et cætera - chapitre 18
Le 30/07/2009
Jardinage tête-bêche
Mic et Louis avaient, après une brillante parade de séduction, trouvé un terrain d’entente. « Nous n’avions, écriront-ils avec un souci d’objectivité d’une même main dans leurs mémoires respectifs (et après avoir rejoué la scène plusieurs fois), prévu de ne faire qu’un court tête-à-tête introductif et procédurier. Difficile alors de dire ce qui provoqua le dérapage qui nous conduisit à nous plonger, à corps perdus, dans un long tête-à-queue, tête-à-foufoune, nous ne sûmes sur l’instant ni plus tard à vrai dire comment nommer cela, dans un long imbroglio de poils et de chair en tout cas. À qui imputer la faute, la responsabilité de cette sortie de la sobre réalité ? Est-ce la vision d’une poitrine d’exception, dont les contours se dessinaient alors que la défenderesse farfouillait dans son sexe, son sac, pardon, à la recherche d’on ne sut jamais quel colifichet du délit ? Est-ce la vision d’un sexe… »
C’était donc bien vous ! fit Mic ravie de mettre une réalité sur une récente image.
? ? ? s’étonna Louis.
Sur le catalogue du magasin de la dame Braune !
Ah, oui !
…de belle prestance, veines boursouflées, pendouillant par mégarde au droit d’une braguette bassement oubliée après une chancelante escapade aux vécés ? Bien piètre pondérable vision érotique, en convînmes-nous ! Fusse cette pulsion de prendre à bras-le-corps pour la première fois un godemiché, arme du crime, que Mic avait délicatement posé en évidence sur ses genoux ? Est-ce, quand, prétextant une faiblesse passagère, elle demanda, avec une gentillesse que Louis lui découvrait à tout beurzingue, de retendre cette bretelle de soutien-gorge canaille, qui ne voulait aucunement tenir en place, situation aussi suggestive que s’il eût à ragrafer un bas zigzag sur une jarretelle, et qu’elle se sentait impuissante à retenir ? Et une fois que tout semblait prendre fin, s’apaiser, n’est-ce pas Mic qui se pencha sans raison sur le bureau laissant bâiller en gouffre son décolleté devant un vice oculaire ? Alors ne pouvant faire autrement, Louis monta sur la chaise, se déboutonna, se cabra à la manière d’une chenille, s’étala à la perpendiculaire de tout son long, et ne sachant pas ballot où mettre son érection, ajusta et cala son sexe dans cet entre-deux. Nous restâmes, écrivirent encore Mic et Louis, de longues minutes ainsi sans bouger, ce qui s’avéra être un temps de méditation, un intermède à peser le pour et le contre.
Le droit pénal ravigote davantage mon porte-monnaie que mes sens. Je goûte plus volontiers aux subtilités du droit canon !
Défendez-moi Louis !
On pourrait, dans les hautes et éthiques sphères magistrales, nous accuser de subornation de témoin et de confusion des genres ! Il me faudrait farfouiller dans les annales judiciaires pour voir si n’y traîne pas une jurisprudence salutaire. Espérons ! Sinon, on fonce, tant pis !
Un canon droit, on nique ? Personne n’en saura rien.
Nu sous ma toge de jais, je plaiderais avec grandiloquence votre cause en cour.
Mic et Luis échangèrent encore bien des propos. L’après-midi toucha rapidement à sa fin.
Lampons léger une soupe à la bougie, proposa Louis, et bouclons notre dossier. Et si notre travail nous porte jusqu’au bout de la nuit, je vous offrirai la couche.
Mic l’entendit de cette oreille.
Et là seulement, les pluches de la juste cause à plaider remisent en pile, Mic et Louis mirent, tchin à la régalade, un terme à l’entretien. Hop au lit et à dada !
À suivre
Camomille Belleplante