Butins et cætera - chapitre 19
Le 30/07/2009
Revers et contre-pied
Durant une bonne quinzaine, la justice, le commerce de chaussures et les amours firent diligence. L’audience avait été fixée au 18. Lee-On aperçut quelquefois Mic et Zélie, à califourchon, jupes relevées, main en culotte respective, guillerettes dans l’art de se masturber insouciantes, la caresse ludique à parier sur la primeur de l’orgasme, à cueillir un poil du pubis puis tirer à la courte paille pour savoir qui de l’une ou de l’autre allait mener la danse, la gagnante prenant les mises en extase et orbite à son compte. Mais les règles évoluaient de gré à gré. Lee-On n’aimait pas ces moments-là. Il savait alors qu’il n’avait aucune chance de retourner la situation à son avantage, car, il avait beau s’aventurer, à tour de rôle, dans les coquins recoins de ces dames, il était exclu, ayant été convenu que jamais, « nous ne nous mettrions en joie à trois ! ». La triplette propage l’ennuie. Il y a dans ce refus un fonds de culturel. Le baby-foot se joue à deux ou à quatre. À trois ça dégénère. Le pair est noble, lui avaient-elles dit répétant propos qu’elles tenaient de leurs patères-flics. Elles s’étaient fondues dans le moule familial, n’avaient rien trouvé à redire en réaction. Mic et Zélie avaient passé jeunesse encasernées aux basques des forces de l’ordre et de la répression. Trouve un quatrième ! disaient-elles sans acrimonie. Soit ! Mais Lee-On n’avait jamais pu mettre opportunément la main sur un partenaire supplémentaire. Non pas qu’il n’en trouvât pas qui eût fait l’affaire, mais toujours il se pointait trop tôt ou trop tard. La guigne, quoi ! Et pis il aurait été mal séant de laisser l’étal à tous vents. Lee-On se morfondait, frustration mâtinée de jalousie, seul au magasin, à ranger des chaussures parfaitement alignées, puis à courir après les boîtes, car c’était toujours quand Mic et Zélie montaient en jouissance qu’une tripotée de clients et clientes à contenter affluaient des arpions. Lee-On relevait alors le défi, se donnait à corps perdu, façon aussi d’oublier, et immanquablement réalisait là ses ventes du siècle.
Camomille Belleplante