Visite impromptue
Le 12/04/2009
Allô ?
Lucie ? C’est moi. Je suis en bas de chez toi. Je monte.
Lucie ferma le clapet de son portable. Et ce fut comme un coup de tonnerre. Aussitôt elle se mit à frissonner. Dans une minute, dans trente seconde, son amant serait chez elle… Dans trente secondes ! Comment aurait-elle pu prévoir un truc pareil ?
Lucie s’était levée tard. Emmitouflée dans un vieux jogging troué, elle s’était mise, sur les coups de onze heures, à repasser tranquillement, mollement, en écoutant un disque de reggae. La jeune femme envisageait après ça de manger, de faire un peu de ménage, et puis de paresser, de paresser un maximum…
Et voilà que – bam ! – tout ce joli programme volait en éclat ! Certes son mari était loin, très loin même, parti en déplacement à des centaines de kilomètres. Aucun risque de ce côté-là. N’empêche… recevoir l’homme avec lequel elle le trompait - sans remords - depuis à peu près un mois, ici, maintenant, chez elle, la dérangeait beaucoup. Question de tabou. Lucie n’était pas téméraire (malgré ses choix professionnels), c’était une anxieuse et elle avait une morale (du moins elle croyait en avoir une). Son amant se montrait lui tellement entreprenant, tellement déroutant, tellement fou, qu’elle en avait parfois peur (ou plutôt peur de ce qu’il la poussait à faire). Cette peur se mêlait toutefois au désir. C’était une peur délicieusement excitante, jouissive, le genre de peur qu’on éprouve seulement dans les grandes passions. Or une telle passion jamais la jeune femme n’aurait cru pouvoir en vivre une. Depuis un mois, elle découvrait, dans un crescendo de stupéfaction, le bonheur transgressif que procure le fait de se livrer à toutes sortes de galipettes dans toutes sortes de lieux avec un homme qu’on aime. La prudente Lucie en était encore à regretter d’avoir dit au fougueux Romuald qu’elle ne travaillait pas ce mercredi, et que son mari serait absent, quand retentit la sonnette de l’appartement.
La vue de son amant lui fit perdre une quinzaine d’années. Une gamine de seize ans, voilà ce qu’elle redevenait systématiquement en face de cet homme ! L’ardeur virile de Romuald, son insouciance des risques et son souverain mépris des lois, la ramenaient au temps de ses premiers flirts, quand elle se cachait de ses parents rigides pour embrasser à pleine langue ses petits copains boutonneux. Maintenant elle se cachait de son mari, mais le plaisir était le même.
D’emblée Lucie minauda :
Je suis toute moche, toute sale… je n’ai pas encore pris ma douche…
Oh mais c’est ça, c’est justement ça qui m’excite, lança Romuald, lequel, sans plus de discussion, s’était jeté sur la jeune femme comme un meurt-de-faim. Agent immobilier, il lui rendait cette visite entre deux rendez-vous. Il n’avait pas de temps à perdre !
« Oh toi, toi ! » Il se mit à dévorer la peau dorée de son cou. Il y ronronnait comme un cannibale ! Puis, très vite, sa tête plongea au sein du décolleté que laissait entrevoir le tee-shirt débraillé de la repasseuse. Ce n’était pas un tee-shirt normalement destiné à séduire. Mais il offrait cependant un piment imprévu à cette visite amoureuse. La poigne de Romuald sortit par le col étiré de la loque de coton un des deux seins de Lucie. Ah, cette poitrine… quelle poitrine ! Laiteuse, énorme, douce, délectable. Automatiquement dès que Romuald la voyait, à la manière d’un enfant émerveillé, il jouait avec. Or aucun soutien-gorge ne protégeait, ce matin, les deux globes qui pendaient comme deux fruits mûrs sous le mince tissu élimé, ce qui les rendaient d’autant plus irrésistibles et appétissants. « Ah, tes seins… tes seins… » Lucie se décoinça tout à coup. Ses réticences s’envolèrent. Désormais le désir puissant de son amant se communiquait à sa propre chair. Elle goûtait énormément les caresses des mains chaudes sous son vieux tee-shirt. Elle adorait aussi avoir ce sein à l’air qu’une langue avide léchait déjà. Soudain, la jeune femme se plaqua contre le mur. Et d’un bras autoritaire elle amena à ses lèvres les lèvres de son chéri.
Maintenant leurs souffles se mêlaient, se confondaient, et les doigts tremblants de l’amante se mirent à déboutonner la chemise de celui qui continuait de la peloter avec passion. « Ah ! Romuald, Romuald ! » Lucie avait perdu toute notion de temps et de lieu. Dans l’état où elle se trouvait, elle aurait pu faire ça n’importe où, devant tout le monde, devant son mari même, tant plus rien ne comptait que la joie de son corps se pressant contre celui de son partenaire. Sa chatte s’humidifiait comme une éponge sous un robinet, et elle eut l’impression étrange, l’impression délicieuse, qu’elle était en train de fondre ! Puis la main de Romuald baissa le pantalon du jogging avant de se glisser entre ses cuisses. Cette peau non lavée après une longue nuit de sommeil, gorgée d’odeurs féminines, enivrait le jeune homme. Il léchait ses seins (les deux étaient désormais hors du tee-shirt) avec une frénésie d’affamé, et, en même temps, doigtait l’entrejambe frémissant avec une dextérité d’expert. Quelle maîtrise ! Secondé par l’index, le médium explorait les profondeurs intimes de la repasseuse, ressortait ruisselant, et s’enfonçait encore, pendant que le pouce agaçait le petit bouton turgide. Lucie étouffa un premier râle dans l’épaule dénudée de son amant. - Viens… Elle l’emmène sur le canapé. Là, elle lui enlève son pantalon, son caleçon Calvin Klein, et se met à le branler délicatement. Elle enroule ensuite une capote sur la queue endurcie par ses hommages, et enfourche en riant le sceptre des voluptés. Romuald maintient les pieds de sa cavalière contre ses reins, pendant que celle-ci va et vient sur sa mentule, en jouant des cuisses et du bassin, sa croupe déchaînée. On aurait dit que Lucie se muait sur un ressort ! Ses fesses en effet s’élevaient et retombaient à un rythme régulier, cadencé. Rien, absolument rien, ne semblait pouvoir ralentir ni moins encore stopper sa folle cavalcade ! « Ah ! Romuald ! Romuald ! » Ivre, hors d’elle, la jeune femme accélérait sans retenue son va-et-vient lubrique. Le canapé ancien, hérité de sa grand-mère, craquait de toutes parts. Et bientôt, dans un dernier gémissement, il s’effondra sous les secousses imprimées par l’impétueuse écuyère. « Oui…ouiiii…ah ! oh ! ahhhh… » Le spasme final fut terrible. La voisine, qui était toujours chez elle, avait dû l’entendre… Qu’importe, c’était si bon !
Lucie caressa et embrassa longuement son amant. Il y a un quart d’heure elle ne voulait pas le recevoir. Maintenant elle voulait le retenir. Et lui qui s’était imposé cherchait à présent à s’esquiver ! « Il faut que j’y aille…un client… » Puis, comme s’il venait d’y penser, le jeune homme sortit de sa veste une liasse de papiers roses. Lucie comprit illico de quoi il était question. « Tu charries, vraiment… » Ce Romuald ne savait pas se garer, c’était un fait. « Ma petite puce… » Il lui faisait le grand jeu, lui baisait les mains, se mit à la supplier. Comment aurait-elle pu résister ? Mais avant de partir Romuald eut un caprice. Il exigea que Lucie coiffa son képi pour lui dire au revoir. Il adorait la voir avec son képi. C’était même ça qui l’avait séduit, l’idée de pouvoir l’embrasser sous la visière… Alors Lucie mit son képi, et puis aussi, sur sa peau nue, le haut de sa tenue bleu horizon. Le dernier baiser n’en fut que plus intense. Après quoi, de nouveau seule, la jeune femme eut tout le loisir de se lamenter sur la destruction de son canapé et de bénir l’inconscience des hommes.
Axelle Rose
Commentaires (1)
Décidemment, toutes les histoires signées Axelle Rose sont vraiment excitantes. Merci.