De la volonté de savoir à l’envie de s’en foutre

Le 03/09/2010

Il n’y a pas mieux que le plaisir féminin pour faire parler la presse. On ne compte plus les intitulés enveloppant son mystère : « la grande énigme du plaisir féminin », « les secrets du clitoris »… La sexualité des femmes fait beaucoup parler les « experts » à propos de comment et pourquoi elles prennent leur pied ou pas. Médecins, gynécologues, psychologues, sociologues, sexologues, relayés par la presse, poussent toujours plus loin l’investigation du plaisir féminin, systématiquement présenté comme un « secret », une « énigme », un « mystère » à percer. Tout se passe comme s’il s’agissait de « craquer le code » de l’orgasme féminin, de lui trouver une clé qui marche à tous les coups, parce que -la marchandisation n’est jamais très loin- « nous le valons bien ». La sexualité masculine n’attire apparemment pas autant de bavardages renseignés. Un tour sur le moteur de recherche Google est assez révélateur : Les termes « plaisir féminin » obtiennent 1 280 000 résultats, contre 708 000 pour le « plaisir masculin »… L’orgasme mâle tend d’ailleurs à être présenté à l’inverse plutôt comme affaire de tuyauterie et de mécanique (vraiment ?). Eux possèdent d’ailleurs déjà leur Viagra. Reste à mettre au point la molécule magique pour les femmes, mais bigre, sommes-nous compliquées ?!! Orgasmes clitoridiens, vaginaux, mixtes, multiples, éjaculations insondables, frigidités impalpables, psychologie puissante… C’est sûr, à force de disséquer la sexualité féminine, on lui fabrique du détail… et des complications, C.Q.F.D ??

Point G or not Point G : est-ce vraiment la question ?

La controverse autour du point G qui excite les esprits, mais pas nécessairement toutes les femmes, depuis 50 ans est un bon exemple de la prise de tête, et, dans une certaine mesure, de la prise de pouvoir scientifique sur l’appareil génital féminin, cette forteresse à prendre par le savoir. Pour ce faire mieux vaut en avoir les plans bien dessinés. Ainsi, tandis qu’on cherche peu (moins) à savoir de quelle partie de ses parties jouit l’homme, on explore et on cartographie les combles de la femme, jouisseuse complexe. Dans les années 50 le médecin et sexologue Ernest Grafenberg localise une zone érogène interne : une excroissance charnue sur la paroi antérieur du vagin, à quelques cm de profondeur, qui gonfle lorsqu’elle est stimulée et permet d’atteindre l’orgasme. En bon colon, le docteur nomme la zone de sa propre initiale, le G majuscule, comme un drapeau piqué sur l’eldorado du plaisir : voilà le point G. répertorié, et s’il est répertorié, c’est qu’il existe, n’est-ce pas ? Il est popularisé dans les années 80, et largement admis comme tel aujourd’hui, bien que les scientifiques ne soient pas parvenu vraiment à se mettre d’accord sur sa localisation ou sa nature exacte (innervation du vagin, partie du sphincter urétral, glandes, structure interne du clitoris... ?). Il ne semble pas faire l’unanimité non plus chez les femmes, pourtant les premières concernées… Malheur sexuel à celles qui n’y palpent rien ?

Conquête spatio génitale

La conquête lancée, elle n’est pas finie : avec les avancées techniques, elle devient plus sophistiquée. Explorations de détection par ultrason du point G, études comparatives impliquant des sœurs jumelles, drôlement peu concluantes… Même avec des jumelles, on n’obtient pas les mêmes résultats… C’est dire la variété des femmes et des expériences, sur laquelle persistent néanmoins à buter les explorateurs. Pour certaines, la recherche de la zone des miracles présente peu d’intérêt, tant pour leur plaisir sexuel, le tout n’est que rarement la somme des parties. Et si l’on parle beaucoup des clans des « clitoridiennes » et des « vaginales », il en reste à qui cette dualité topologique fait une belle jambe, et qui ne voient pas au nom de quoi il leur faudrait statuer pour un camp. Ni pourquoi un orgasme en serait moins qu’un autre, ni en quoi il y en aurait qui correspondrait à un développement psycho sexuel plus avancé, le vaginal après le clitoridien, comme il est parfois sous entendu depuis la psychanalyse… La science est têtue. Récemment, des travaux auraient permis de réconcilier les tenants du point G et les sceptiques, les « vaginales » et les « clitoridiennes » : après avoir réalisé une sonographie complète en 3D d’un clitoris, la gynécologue et obstétricienne Odile Buisson aurait établi que clitoris et point G ne vont pas l’un sans l’autre, puisque le second serait le départ, en interne, des ramifications du premier, depuis sa partie externe. Et d’établir ainsi que du vagin ce qui est érogène n’est pas le vagin lui-même, mais le fait qu’il soit encerclé de ces dites ramifications du clitoris… Tout ça pour ça donc, une seule et même chose ?

« La forme exacte du clitoris »

Voici alors une description du clitoris, d’après la sonographie d’Odile Buisson, extraite de l’article proposé par le journal Le Monde en mai dernier : « Juste derrière la tête suit le cou, le court cordage de 20 à 30 millimètres courant sur le pubis. Lui aussi est très innervé, sensible, et capillarisé. Ensuite, il s’enfonce dans la chair pour descendre le long de l’os pubien. Là, on voit très bien sur l’échographie qu’il lance quatre longues jambes ou "racines" de 10 à 12 cm autour du vagin. La première paire est formée de deux "corps caverneux" pleins de capillaires, comme un pénis. Tout contre elles, deux bulbes en forme d’amande s’étirent, les "corps spongieux", logés près des grandes lèvres. Ces quatre fuseaux se gonflent de sang pendant l’amour, enserrant le vagin – et par conséquent la verge. C’est au lieu du départ de celles-ci, sur la paroi intérieure du vagin que se situe le point G. Le clitoris forme ainsi un volumineux organe à quatre branches érectiles. Le vagin lui-même, n’étant pas innervé, joue un rôle accueillant et fonctionnel, enserrant la verge ».

Le sexe traqué « jusque dans ses rameaux les plus fins »

Cette description du clitoris pourrait presque servir d’illustration aux réflexions menées dans les années 70 par le philosophe Michel Foucault. Dans le premier volume de son Histoire de la sexualité, Foucault décrit la volonté de savoir comme la base et l’instrument de production de discours sur le sexe. Ainsi se constitue une science de la sexualité dans laquelle la sexualité est appréhendée comme une chose à gérer, insérée dans un « système d’utilité » pour le bien commun… Ainsi « Le sexe, selon la nouvelle pastorale, ne doit plus être nommé sans prudence ; mais ses aspects, ses corrélations, ses effets doivent être suivis jusque dans leurs rameaux les plus fins : une ombre dans une rêverie, une image trop lentement chassée, une complicité mal conjurée entre la mécanique du corps et la complaisance de l’esprit : tout doit être dit. » Et plus loin : « Un discours obligé et attentif doit donc suivre, selon tous ses détours, la ligne de jonction du corps et de l’âme : il fait apparaître, sous la surface des péchés, la nervure ininterrompue de la chair. Sous le couvert d’un langage qu’on prend le soin d’épurer de manière qu’il n’y soit plus nommer directement, le sexe est pris en charge, et comme traqué, par un discours qui prétend ne lui laisser ni obscurité ni répit ». Les termes employés par Foucault ne font-ils pas écho justement à cette imagerie de l’anatomie révélée du clitoris ?

Confessions contemporaines : le sexe s’avoue, scientifiquement.

Selon Foucault, qui critique les termes de l’hypothèse répressive, il apparaît qu’en fait d’avoir bâillonner le sexe, nos sociétés se seraient au contraire employées à le faire parler le plus possible, à le faire tout dire. Plutôt qu’une simple répression, il se produirait depuis des années une explosion discursive autour du sexe, depuis des foyers de discours diversifiés (médecine, psychiatrie, sciences humaines..) Or quoi de mieux pour faire parler son sujet que de le définir avant tout comme un « secret » ? Le secret apparaît comme le motif central dans les techniques propres à inciter la parole. L’institution du sexe comme un secret, une énigme, serait une condition préalable à la production de discours visant à en constituer une science. Une fois la sexualité enveloppée de « secret », de « mystère », le ressort principal pour la faire parler serait, de façon privilégiée, tout ce qui s’apparente à l’aveu. Une technique bien connue de la religion, puis de la psychanalyse, et que l’on retrouve aujourd’hui dans une certaine mesure dans d’autre domaine des sciences dites « dures ». Ainsi, et ce n’est pas une plaisanterie, nous pouvons lire dans un article publié par BBC news les résultats d’une étude d’imagerie cérébrale, dans laquelle il s’agissait de différencier, parmi des femmes passées au scanner, les simulatrices des vraies jouisseuses. Du confessionnal au divan au scanner : Avoue la vérité de ta jouissance !

Effets indésirables de trop d’attention médicale et médiatique…

Il est louable que la médecine permette de traiter mieux des désordres fonctionnels chez des sujets souffrant de pathologies, mais toute la population ne semble pas concernée. On peut déplorer que le point G. est parfois présenté comme Le Lourdes des frigides, lorsque l’on nous fait miroiter que la seule « régénération de ce tissu chez des femmes se plaignant de dysfonction sexuelle féminine (DSF) augmenterait leur nombre d’orgasmes de 40 à 50 %, avec une satisfaction de 70 % des patientes » ou bien que c’est en stimulant le point G. que l’on peut faire d’une femme une fontaine. Le revers de tant de précisions quasi chirurgicales peut être une bonne dose d’anxiété, assortie de doutes quant à sa propre excitabilité, sa normalité, sa capacité à la jouissance. Et pour certaines et certains, la décomposition du plaisir féminin en séries d’orgasmes « scientifiquement » distincts (clitoridien, vaginal, etc.) finit par avoir pour conséquence… la décomposition du plaisir, l’impuissance ! Autre chose, la science, de fait, se renouvelle et se contredit tout le temps, de quoi être déboussolée. Et quand bien même elle traite de l’intime, elle n’en demeure pas moins rapportée de manière totalement impersonnelle. Les tentatives pour la reconnecter à nos propres vécus risquent fort d’être maladroites, partielles, favorisant la confusion et l’inquiétude. Toutes choses contre-indiquées dans le lâcher prise… Quant aux amants à qui l’ont feraient trop miroiter un mode d’emploi de l’orgasme, on ne saurait que trop leur conseiller de se fier avant tout à leurs sens… Quoi de pire que d’être pris soi-même pour un petit lapin vibrant ? Qui s’amuserait véritablement longtemps de jouir en se focalisant sur les boutons érogènes ON/OFF ? Connaissance de soi oui, mécanique, bof…

Obscures bio- logiques…

Les articles vendant l’orgasme au détail semble porter, parfois malgré eux, le message désagréable que la femme serait d’abord incomplète, et/ou qu’il existerait une hiérarchie entre tous ces orgasmes et peut-être une progression souhaitable dans le développement psycho sexuel de chacune, au cours duquel le clitoris serait délaissé au profit du vagin, jusqu’à devenir la femme intégrée, complète, jouissant par-fai-te-ment du dedans par la pénétration d’un sexe, masculin s’il vous plait. En missionnaire, c’est encore mieux ? Un expert pourrait nous répondre que « oui c’est mieux, la position allongée permet de retenir le sperme et favorise ainsi la fécondation », or « le sexe sans visée de reproduction, ça ne peut jamais être AUSSI bon », ajouterait un autre, étude à l’appui… Et ainsi de suite. À force, la rhétorique prend des tours douteux. Les raisonnements partiels poussés dans leur logique conduisent à des conclusions pas terribles. Reprenons les études du point G. impliquant des jumelles : puisqu’on ne peut même pas se fier à des vraies jumelles comme variables contrôlées dans des études anatomiques, on vient peut-être de prouver que les femmes sont… pas fiables ?
Autre thème : les hypothèses inspirées des théories de l’évolution détournées dans tous les sens, qui produisent des fictions limites. Exemple : l’orgasme serait un outil de sélection naturelle, le reproducteur capable de faire jouir une femelle difficile serait le meilleur pour l’espèce. Donc, la difficulté pour une femme à atteindre l’orgasme serait en fait un avantage biologique pour l’espèce. Donc la fille facile, qui peut jouir avec n’importe qui, ferait, elle… du tort à l’espèce ? Enfin, nous savons comment les données biologiques servent de preuves à l’appui dans des contextes de contrôles et d’abus sur les femmes. Dans des cas extrêmes, cela peut avoir des conséquences désastreuses. Lorsque les sécrétions spontanées sont interprétées par le violeur, et dans une certaine mesure par sa victime, comme la preuve de son consentement… Ce sont aussi des faits biologiques qui depuis des années confondent les femmes dont la liberté d’aimer est contrôlée : sang, hymen…

Chacun sa science.

Avons-nous réellement quelque chose à faire de ces synthèses sexuelles savantes ? Le vécu ne nous apprend-il pas le caractère insaisissable et évolutif du plaisir ? Ne croirions-nous pas mieux nos expériences, nos sensations, nos amours, sur le sujet ? Oui, s’explorer, apprendre à se connaître, parfois avec un accompagnement, participe du plaisir dès lors que le processus de découverte est plaisant. Oui, jeter la lumière sur l’anatomie féminine, ses aspects biologiques, psychologiques, nommer, (re)construire, avec des mots, avec des techniques, les parties dormantes, niées, voire mutilées, de l’intime, a des conséquences positives et libératrices pour les femmes. Mais nous devons rester critiques, afin que les outils que nous avons à portée (biologie ou autre), d’outils d’émancipation ne deviennent pas de bêtes outils d’administration de nos vies sexuelles, nous confinant dans la passivité inquiète.
Nous n’avons pas à subir le flux inconsidéré d’informations, plutôt le loisir de sélectionner avec discernement dans le pêle-mêle ce qui éventuellement nous intéresse. Ce n’est pas la science, un médecin, une blouse, qui fait autorité sur nous, mais bien nous-mêmes. Notre sexualité n’est pas pour nous le champ d’études scientifiques qu’elle est pour les spécialistes, elle est avant tout un champ de liberté qui se pratique. Nous pouvons à tout moment choisir de laisser les informations inutiles, indésirables, parasites, à la porte de nos subjectivités. Le sexe féminin n’est pas un schéma, notre sexualité n’est pas sur la carte. Face à ces explications, hypothèses, simplifications, ne pas vouloir savoir, aimer s’en foutre. Faire l’amour, pas l’actu scientifique.


[gris]Maxine Lerret[/gris]


[brun]Jeu concours : Et vous ? Quel rapport entretenez-vous à votre clitoris ? Vous l’avez découvert à 10 ans ou à 60 ans ou pas encore et vous vous en fichez ? Tous vos récits sur ce sujet nous intéressent.
Racontez-nous votre expérience ci-dessous. L’auteure de l’histoire la plus stupéfiante, intrigante, jouissive, bref, la plus étonnante recevra un lapin Tickler (vibromasseur clitoridien).
Utilisez un pseudo pour nous parler librement, mais indiquez votre adresse mail dans le champs ci-dessous (qui ne s’affichera pas), afin que nous puissions contacter la gagnante. Le concours est terminé. L’heureuse gagnante est Cardamone. Retrouvez le nouveau concours à la suite du dossier de la semaine.[/brun]


Sources du dossier

Histoire de la sexualité 1, la volonté de savoir, Michel Foucault, Gallimard, 1976
La grande énigme du plaisir féminin, dossier du journal Le Monde, 6 mai 2010
Le point G, wikipédia, citant entre autres :
The G-spot : a modern gynecologic myth. [Am J Obstet Gynecol. 2001] - PubMed Result [archive]
Nouvelle approche thérapeutique dans le traitement des dysfonctions sexuelles féminines : l’amplification « du point G » dans les baisses de désir et plaisir féminins [archive], M.-C. Benattar (Boulogne), JIM [archive], février 2005
http://fr.wikipedia.org/wiki/Point_G
Female G-spot can be detected , BBC health news, Fevrier 2008
http://news.bbc.co.uk/2/hi/health/7...
Scan spots women faking orgasms, BBC news, 2005

Commentaires (16)

  • Franck

    En effet le flot de ces études fait tourner la tête, c’est aussi effrayant pour la femme que pour l’homme, on a un peu l’impression après toutes ces infos d’être dans un avion de chasse mais de ne pas avoir le mode d’emploi, non ?

  • Anonyme

    Ce jeu concours me turlupine, j’ai une jolie histoire de clito, je reviens la raconter plus tard, là je ne peux pas je suis au bureau...

  • MarcoLI

    @Anonyme : Allez ! tu peux nous raconter, c’est vendredi soir et il est 18h...

  • Sayha

    J’ai découvers mon clitoris il y a environ un an... Nul homme n’avait vraiment su me donner du plaisir avec lui... Il y a donc un an alors que j’étais enceinte de 3mois. Ma libido a explosée. J’aurai à l’époque "violé" mon mari 10 fois par jours... Je me suis donc mise à me caressée seule pour assouvir ce manque. Surprise ! Un jour quand au bout d’une excitation et de caresses longues et appuyées je me suis liquéfié et même inondée.. Je venais de me découvrir totalement ! Et oui je suis femme Fontaine !

  • A

    J’ai 18 ans depuis moins d’un mois. J’ai toujours dévoré les livres, me coupant du monde pour avaler à grande vitesse les images se formant dans mon cerveau.
    Dès que j’ai eu l’âge de lire toute seule, j’ai pu voir que mes parents mettaient sur une étagère inaccessible certaines bandes-dessinées. J’ai commencé à découvrir des choses que je ne connaissais pas et que je trouvais assez naturelles, grâce à des auteurs comme Manara. C’est ainsi que ma perception du monde s’est transformée. Je me suis passionnée pour ce monde de plaisir que je ne connaissais pas. Je me suis dit que c’était sûrement quelque chose de bien, mais que comme tout le monde ne le savais pas, il fallait le cacher.
    Tout était (et est) jeu pour moi. J’ai découvert par exemple qu’au ski, le "tire-fesse" procure bien plus de plaisir que la simple descente. Ou que le jet d’eau de la douche est terriblement plaisant. Tout n’était qu’innovation.
    J’ai commencé à former mes propres images dans mon lit, et me suis dit que tout ça, je pouvais le faire toute seule. Ce que j’ai fait. Tous les soirs -presque.
    Finalement, ce rapport au plaisir m’a amené à chercher ce que je ressentais là, et j’ai attrapé l’angoisse de savoir si d’autres femmes aimaient aussi se toucher, si j’étais normale. Adolescence. J’ai alors fréquenté des sites, comme sexactu, secondsexe, lu Anne Archet. Et me suis rassurée.
    Aujourd’hui, je n’ai toujours couché (au sens "avec pénétration") avec personne, et je m’en porte bien, et je pourrais faire l’amour avec quelqu’un que je n’aime pas sans problème (je pense). Je me sens bien, avec moi, avec mon corps. Et je méprise (malgré moi) les magazines féminins, et (j’en suis désolée) les femmes qui restent dans cet univers étriqué. Désolée. Malgré tout, je persiste à ne pas en parler autour de moi, le plaisir, le rapport au corps est toujours autant tabou dans ma tête, dans ce que je fais et écris.

  • mu

    ah le clitoris.
    organe du plaisir pure, merci à la création ;)
    je suis ravie de l’avoir vraiment découvert pour mes 21 ans environ, un peu tardivement.
    grâce à lui la traversée du désert sentimental que vivait m’a paru bien moins triste, voir cela a chamboulé le rapport que j’ai eu avec mon corps et le plaisir. Se connaitre, s’écouter, se laisser porter par le plaisir qui monte petit à petit, m’a rendu bien plus apte dans une relation à deux, à sentir la même chose chez mon partenaire mais surtout à mieux identifier chez moi ce qui marchait le mieux. Inciter l’autre à s’en occuper comme il faut n’est pas forcément aisé mais je ne suis pas prête à le laisser de côté.
    si Monsieur n’est pas doué, tant pis on n’est jamais aussi bien servi que par soi-même, du moment que je le fais pour partager cet encore plus...

  • Elinor

    Ah ! oui, le clitoris. Très tôt j’ai compris que le jet de la douche était un bon allié de mon orgasme. J’ai commencé enfant dans mon bain du soir, sans que personne n’y trouve à redire (à mon avis personne n’a jamais rien vu tout simplement, puisque personne ne venait jamais me laver ou me surveiller). Bref, c’était déjà bon.
    Plus tard, je devais avoir 17 ou 18 ans, j’ai fait l’amour avec un garçon un peu expéditif, qui n’avait pas compris grand chose au fonctionnement de mon corps, et qui s’était un peu trop dépêché de jouir. Dépitée, je suis partie me laver, et dans la douche me suis souvenue des usages que je faisais enfant du pommeau. Je me suis faite jouir toute seule, pendant qu’il attendait allongé sur le lit, sans se douter de rien, et depuis à chaque fois qu’un homme ne me fait pas jouir, je cours à la salle de bains. Moins bien, mais très bien quand même.

  • Cardamone

    Mon clitoris et moi n’avons pas toujours formé un très beau couple. Longtemps je le cachais aux yeux des autres et à mes propres yeux et mains, trop honteuse de cette partie sale. Les enfants comprennent vite ce qu’on veut leur faire comprendre. Il est vrai que parfois, pour je ne sais quelle obscure raison il me démangeait, je le touchais alors jusqu’à ressentir chaque effleurement comme une brulure plaisante mais une brulure tout de même et ce sans jamais jouir. A cette époque je ne savais pas qui il était et j’avais pris ce moment pour quelque chose de fantastique qui dépassait mon entendement. Malgré tout je n’en parlais à personne. Qui croit au fantastique ? Cet épisode ne regardait que lui et moi.
    Un peu plus tard, et je suis ici sincère, et je peux affirmer que s’il y a une chose de vraie avec les enfants c’est qu’ils sont aussi naïfs, innocents (même dans les plaisirs les plus subversifs) qu’ouverts à tous les plaisirs. J’avais donc une chienne qui avait toujours eu le coup de langue facile. Surtout lorsque je sortais de la douche. Elle aimait lécher l’humidité de ma peau. Un jour que je sortais de la douche, je m’allongeai sur mon lit, les jambes encore sur le sol, une position idéale pour tout esprit lubirque : elle vint me lécher le sexe.Mon clitoris se gonfla de plaisir. J’étais terrassée par l’émotion et la surprise. Je ne savais toujours pas que j’avais un clitoris, c’était donc aussi délicieux qu’effrayant. Ses généreux coups de langue me troublaient. Mon premier cunnilingus. Mais alors je le jure je n’en savais rien et jamais je n’aurai formulé ce qui s’était passé sous ces mots scientifiques. Cela faisait longtemps que je n’avais pas repensé à cet événement. Ma curiosité dénuée de tout dégoût, voire même teintée d’envie à l’égard de la zoophilie me parait plus claire. ;)
    Plus tard dans ma vie j’ai tout de même posé un nom sur cet organe miniscule à mes yeux mais dont la taille n’empêchait pas la puissance. Clitoris. C’était donc mon clitoris et tout naturellement j’ai compris sous la douche le pouvoir qu’il détenait. Puis le soir dans mon lit. Mais je me suis vite rendue compte que ces activités devaient rester secrètes. Mes amis du même âge que moi avaient des jugements très sévères concernant toutes celles qui osaient se toucher et prendre leur pied grâce à leurs mains. Et encore aujourd’hui ils sont nombreux ceux qui prononcent ce mot avec honte, qui le chuchotent, l’évitent, le taisent, plutot que de le prendre à bras le corps, de crier sur les toits l’inutilité et la gratuité de cet organe uniquement dédié au plaisir. J’en suis fière. Je l’aime. Et sans lui je ne pourrais pas jouir.

  • Gaëlle-Marie Zimmermann

    Excellent, cet article ! :) Moi qui n’arrête pas de pester contre les dossiers sexo pourris de la presse féminine et qui ai fait de ce cheval de bataille la raison d’être de mon boulot, j’apprécie de lire ce genre d’article, plein de bon sens.

    Et bravo pour le titre :)

  • Amarante

    AUTO FRICTION
    Aujourd’hui nous étudierons les moeurs du clitoriche, ce charmant petit animal de compagnie, en vente maintenant dans toutes les jardineries d’Eden bien achalanguées, et qui est en passe de devenir la mascote de tout foyer.
    Le clitoriche, espèce en voie de propagation, est le fruit d’un croisement entre le Glandulogiratoire, gastéropode de Papouillasie, et le Volupteraptor, comme son nom l’indique.
    Peu encombrant, cet adorable compagnon s’adapte très bien à un petit intérieur et se transporte partout avec vous.
    Il se montre très affectueux et câlin, et recevra vos cajoleries avec de vibrants ronronnements qu’il vous rendra au centuple.
    Il convient cependant de prévoir quelques séances de dressage dès le plus jeune âge, et par la suite, maté, il viendra vous manger dans la main.
    Il existe cependant quelques specimens capricieux qui refusent d’obtempérer à vos ordres. Mais avec un peu de fermeté et d’obstination, bien vite il reconnaîtra la main de son maître et filera doux.
    Le clitoriche est très facile à entretenir : il se nourrit exclusivement de douceurs ; une poignée de peanuts chaque matin et une confiserie le soir lui suffira amplement.
    Il peut parfois se montrer un peu trop familier avec vos amis ou visiteurs, en venant se frotter contre leur pieds et onduler entre leurs jambes, ceci pour réclamer des caresses dont il est toujours friand. Dans ce cas, non, ne lui criez pas dessus ! Le clitoriche est très susceptible ; il risquerait de se vexer et de se planquer dans un coin reculé où vous auriez beaucoup de mal à le débusquer.
    Attention ! Le clitoriche en période de rut peut se montrer totalement imprévisible. Barricadez-le dans une pièce close, sans issue ni entrée, sinon il fuguera immanquablement. S’il se tape la tête contre les murs, administrez-lui une bonne douche d’eau froide, ça le calmera.
    Comment reconnaître les manifestations congénitales de votre petit protégé ?
    S’il se met à gonfler outre mesure, c’est un frimeur : comme son lointain cousin le chat, c’est une façon de paraître plus redoutable face à un adversaire de taille supérieure comme le rat-sans-pattes. Flattez-le et rassurez-le, ça lui passera.
    S’il a l’oeil torve et le poil terne, c’est qu’il s’ennuie : offrez-lui une séance de toilettage d’où il ressortira tout ragaillardi. Pour le distraire, vous pouvez aussi lui proposer un petit jouet genre souris vibratile ou une pelote, le jeu est pour lui un excellent stimulant !
    Bien que de constitution robuste, le clitoriche de nature explosive peut être sujet à des crises de spasmophilie. S’il est pris de convulsions, ne paniquez-pas. Il suffit de l’abreuver régulièrement de liqueur de chataîgne, et l’affaire est dans le sac.
    Pour conclure ce petit topo, ne négligez jamais votre clitoriche, et vous en retirerez entière chatisfaction.

  • setaaa

    Quand j’étais petite, je jouais à la poupée. Je la cajolais... mais avant de pouvoir profiter de mon bébé, je faisais comme tout le monde. J’accouchais. Les membres en plastiques se frottaient contre mes jambes...longuement. Je n’avais aucune honte, c’était bien naturel de donner la vie.

    C’est bien plus tard que j’ai compris l’implication de mon clitoris...j’aimais déjà jouer avec..et si vous voulez tout savoir, je suis vraiment restée une grande enfant ;-)

  • Jo

    Enfant, c’est la partie la plus rigolote de mon corps : "Quand j’appuie ça chatouille"

    Ado, c’est ce que j’ai de plus enivrant. Je sers les jambes et une vague étrange me submerge. Un jet d’eau (encore lui) et voilà que je me cabre, que je me crispe avant de convulser de plaisir.

    Femme, c’est la porte par laquelle je m’offre à mon amant dans ce que j’ai de plus tendre, de plus suave, de plus libre.

    Mon clitoris fait partie de moi.

    Pas question de glisser une conjonction de coordination entre nous.

  • Angela

    Sujet délicat, difficile... En effet, vivant en Allemagne j’ai eu la chance de pouvoir participer à des stages sur la sexualité... Je crois que ça reste qqch d’extrêmement déstabilisant tant qu’on ne laisse que la science en parler ! Mais d’avoir véritablement la possibilité d’apprendre est une chance immense. Et j’espère que les mentalités évolueront là dessus en France. Non, la sexualité n’est pas une affaire privée, oui, après tant d’années de soumission de le femmes et de tabous sur la sexualité nous sommes loin de connaitre notre corps ! J’ai appris le massage génital féminin et c’est d’une richesse lumineuse, extraordinaire. La plus belle chose qui me soit arrivée ! Car moi la seule stimulation clitoridienne tant vantée me donne une satisfaction toute relative. J’ai été touché, sensibilisé dans toute ma vulve, lèvres extérieures, internes, clitoris, col de l’utérus, point ou plutôt zone G, et les zones dont on ne parle pas parce qu’aucun scientifique n’en a encore parlé... Et ce n’est pas de la science mais du vécu, et alors c’est drôlement beau, une joie, une gratitude tellement énorme, le sentiment de porter l’univers dans son ventre, une satisfaction innomable, semblable à la paix dans le monde... Je n’ai même jamais jamais vécu auparavant qqch d’aussi beau, alors que j’avais une sexualité plutôt heureuse et amoureuse, mais je connaissais encore si mal mon corps... J’ai massé depuis beaucoup de femmes, je vais continuer sur une voie qui me passionne... Je vais en effet suivre les deux formations intenses et relativement longues qui existent en Allemagne et qui enseignent le massage génital féminin dans tous ces aspects... C’est ouvert uniquement aux femmes, mais quand j’en saurai plus (et j’en sais déjà plus que la plupart des femmes) j’espère pouvoir transmettre à mon tour, initier d’autres femmes (et pourquoi pas d’autres hommes) aux mystères de la femme. Non, nous n’avon pas un savoir inné, non il ne faut pas laisser notre corps à la science, mais il y a une vraie initiation à faire !

  • mirza

    Bonjour Angela, votre message m’a intrigué. Pouvez-vous nous en dire plus ? J’ai l’impression que vous vivez ou nous vivons sur une autre planète ? alors dites nous comment bénéficier ce cette "science" ou au moins de ce massage ? quand passez-vous sur Paris ? :-)
    Sans blague, les voies de la sexualité se réduisent de plus en plus ici, on devient de vrais mormons, heureusement que certains résistent. mais on a besoin d’un petit coup de pouce, alors si vous avez des infos...

  • ARmDPBFaGiJUvlTSY

    Mais tous les dinojnais sont allés lui rendre visite on dirait, à cette princesse fumante. Ton voisin, Paysan Heureux en parle aussi aujourd’hui !

  • Faustine

    Cet article me laisse perplexe parce qu’il manque de cohérence.
    Il commence par l’évocation des magasines féminins qui parlent du plaisir féminin. Je dirais moi « soi-disant » pour la plupart parce qu’en réalité ceux-ci diffusent des modes d’emploi qui sont sans intérêt et qui veulent enfermer les femmes dans des normes : c’est comme cela que tu dois jouir, ce sont tels fantasmes que tu dois avoir, les femmes sont comme ci, les hommes comme ça ». Chaque femme est en droit d’explorer son corps par-elle même, de devenir maîtresse de ses propres sensations, d’assumer ses propres fantasmes et de vivre sa sexualité avec son/sa partenaire comme tou(te)s les deux le souhaitent.
    Puis, l’auteure assimile ce ramassis de bêtises à de véritables données scientifiques qui se révèlent nécessaires. Cela nous vous a jamais choqué que l’on puisse par exemple nommer le sexe masculin de différentes façons alors que pour le sexe féminin on se retrouve vite à cours ? Savoir que le clitoris n’est pas un organe mystérieux est une avancée qui va justement permettre aux femmes de se libérer de beaucoup de gênes vis-à-vis de leur sexualité. Pour ne citer que mon petit exemple, j’ai découvert la masturbation très jeune vers 10 ans. La première fois que ma cousine et moi en avons parlé, la description qu’elle m’a faite du clitoris m’a fait réellement peur, ce qui a accentué la culpabilité de le faire. Beaucoup de craintes naissent de la non-information.
    Dans le dernier paragraphe, les 8 premières phrases sont en accord avec ce que je dis, puis « Mais nous devons rester critiques, afin que les outils que nous avons à portée (biologie ou autre), d’outils d’émancipation ne deviennent pas de bêtes outils d’administration de nos vies sexuelles, nous confinant dans la passivité inquiète. » La question est alors, vers quels outils exactement est faite cette critique ?
    Et je pourrais continuer ainsi sur certains arguments avancés dans cet article, pour moi c’est un amoncellement de références assemblées de manière très floue.
    Pour être claire, je conseille les outils que j’utilise et qui me paraissent dignes de confiance : les encyclopédies médicales, le site Doctissimo, le magasine Causette. Je vous invite à compléter la liste.