Au moment où une femme du gouvernement met en cause des acquis de la révolution sexuelle et déclare dans un magazine féminin que le « préservatif est un tue l’amour »*, il nous paraît vital de réaffirmer notre position, qui est celle de l’amour et des plaisirs hors des dogmes moraux, médicaux, religieux, une position ouverte aux réalités du sexe. Revenir sur cette position reviendrait à exposer les amants de tous bords à des risques pour leur santé, certes pas tous aussi cruels et médiatisés que le sida, mais tout aussi actuels. Le préservatif n’est pas un « tue l’amour », il en est un des plus sûrs alliés. L’allié d’un amour responsable, aux niveaux individuel, interpersonnel, social, l’amour de celles et ceux qui se donnent les moyens d’assumer leurs désirs, leurs actes, leurs implications intimes. Nous ne pouvons heureusement jamais dire « jamais » en amour (« jamais je n’aurai plusieurs partenaires, jamais je ne pratiquerai ceci… »), il est donc important de prendre conscience des aléas qui peuvent être associés au sexe, pour mieux ne pas nous en priver. Comme le rappellent Marcela Iacub et Patrice Maniglier dans leur Antimanuel d’éducation sexuelle, l’un des vecteurs de contamination des IST n’est pas la « débauche », mais bien l’amour, car c’est lui qui inspire la confiance aux partenaires réguliers et fait parfois se relâcher la nécessaire vigilance. Nous n’avons rien « contre l’amour » mais au contraire « tout pour ». À ce titre, c’est l’amour sous toutes ses formes que nous devons choyer de précautions plutôt que d’en réprimer, nier, abandonner certaines réalités.