Me goûter
Le 02/12/2009
J’arrivais dans une autre dimension, le temps s’était arrêté et l’air vibrait en noir et blanc. La réalité était restée de l’autre côté de la porte. Là, c’était la pénombre d’un appartement presque austère à force de dépouillement. Il m’attendait. Nous avions convenu que c’était lui qui aurait les yeux bandés.
Je suis entrée et il portait un masque comme ceux que l’on met dans les avions pour dormir. Le voyage pouvait commencer. Il était à demi allongé sur le canapé rouge et il ne tressaillit même pas à mon approche. C’était comme un rêve, je ne le connaissais pas mais c’était mon amour. Je pris son visage entre mes mains et j’embrassais doucement ses lèvres fines. Il y avait un fond musical, genre Miles Davis. J’aurais préféré le silence. Il était très mince, les cheveux ras, poivre et sel. Les yeux bleus que j’avais tant aimé sur la photo, je ne les voyais pas, mais je reconnaissais son odeur, je l’avais toujours connue, sur d’autres corps.
Je le voulais nu.
Les boutons de la chemise : tout son corps est rasé. Les boutons de la braguette : il ne porte rien en dessous. Il bande, bien sûr. Je le caressais, j’avais envie de lui murmurer des mots idiots, ceux que je leur dis à tous. "Je t’attendais". "Tu es beau". "Touches-moi partout, sens comme je suis à toi". C’est ça qui m’excite, les baiser comme si je les aimais.
Car de l’autre côté du miroir, la vérité est inversée. C’est bien plus tordu que les fantasmes débiles des nouvelles érotiques. J’aime les mots que je prononce, j’aime voir mes mains sur leur peau, l’élégance de mes gestes quand je tiens leur queue. J’aime l’idée de la cambrure de mes reins quand je m’offre par derrière, l’expression de mon visage quand je leur dis "il n’y a que toi" et qu’ils me croient. L’autre jour, j’ai carrément lâché "Tu as la plus belle queue du monde". Je le redirais, c’était trop bon.
Mon amour du moment se montrait tendre et directif. Mais je ne voulait pas poser ma chatte sur son visage.Je préférais m’empaler sur lui, bien profond. J’aimais de tout mon être de petite névrosée ordinaire cet acteur de seconde zone et notre mise en scène de pacotille. Oui, j’adorais cet instant. Parce qu’après quelques va-et-vient, je me retirai, et j’allais me goûter sur sa queue. Un goût acidulé et doux, l’essence même du désir. Le mien, je ne jouis que grâce à lui et à eux tous.
[gris]Rayon Frais[/gris]
Commentaires (5)
très appétissant
Alice au pays des merveilles...
A mon gout,juste le parfum .......
un petit jeu subtil bien appétissant
That’s way more clever than I was expecting. Tanhks !