Homme à louer : Episode 14
Le 09/07/2009
Majestueusement alanguie sur son lit et seulement vêtue d’une culotte noire, Héléna, dont les yeux de lionne luisaient lascivement, ressemblait à Susan Sarandon dans la célèbre scène saphique des Prédateurs, le film de Tony Scott. Sauf qu’elle ne regardait pas Catherine Deneuve mais Patience N’Diaye, son amie d’enfance. Celle-ci, de l’autre côté du matelas, dans la clarté vacillante des bougies d’ambiance partout allumées dans la chambre, ôtait son haut, sa jupe, retirait son soutien-gorge. Et devant autant de joyaux peu à peu dévoilés, Héléna se sentait empoignée par une vive émotion.
Les images du passé refluaient dans sa mémoire. Des images de Dakar où de treize à dix-sept ans elle avait vécu avec ses parents. Son père était alors attaché à l’ambassade de France et c’est là qu’elle avait connu Patience, au lycée français de la ville. D’emblée les adolescentes s’étaient liées d’une puissante amitié. Vierges toutes les deux, toutes les deux curieuses de sexe, elles passaient des après-midi entiers, à moitié nues sur un lit (chaleur oblige), à se demander ce que pouvaient donner les délices des contacts rapprochés avec les mâles. Plus expérimentée, Patience, qui était fille de ministre, évoquait ses relations avec certains des boys de son père. Langues fourrées et mains au panier. Héléna l’interrogeait pour savoir ce que ça faisait...
Et par une pente toute naturelle, les deux adolescentes en étaient venues à s’embrasser, à se caresser, juste pour essayer, pour s’éprouver. Rien que de très soft au début. De fil en aiguille, elles en étaient toutefois arrivées à se doigter, à se lécher, à se frotti-frotter. Si bien qu’après les cours elles ne faisaient plus que l’amour. Ca tournait presque à l’obsession. Elles se donnaient rendez-vous un peu partout, dans les toilettes du lycée, au cinéma, sur la plage, et dès qu’elles s’étaient isolées, s’abandonnaient dans les bras l’une de l’autre. L’idylle avait duré environ deux ans. Puis le père d’Héléna avait été muté. Elles s’étaient un peu oubliées, s’écrivant seulement de temps en temps.
Après des études aux États-Unis, Patience était devenue avocate d’affaires. Elle travaillait pour une grosse entreprise d’import-export et voyageait à travers le monde. Une ou deux fois elles s’étaient recroisées à l’occasion d’un déplacement de la Sénégalaise sur le sol français. Ces retrouvailles en coup de vent n’avaient pas dépassé le simple verre partagé à la terrasse d’un café. Or voilà que fin mai, Héléna avait reçu un mail ainsi formulé : « Hi Héléna, c’est Patience. Je serai à Paris vers le 27 juin. Ce serait sympa qu’on se revoie vraiment pour une fois, non ? Appelle-moi. » Suivait un numéro de téléphone qu’Héléna s’était empressée de composer. Un mois après, les deux femmes mangeaient ensemble dans un restau chic et le soir même Héléna invitait la belle Africaine chez elle.
La Parisienne n’y était pas allée par quatre chemins : « tu coucheras dans mon lit ! » avait-elle dit. Et Patience, émoustillée par deux bouteilles de champagne, avait tout de suite accepté. Héléna attendait son amie sur le lit. Sitôt que celle-ci se fut glissée à ses côtés elle l’embrassa. Épaisses, colorées de rose, les lèvres de Patience avaient un goût fruité. Sa peau noire possédait une douceur inouïe. Entre deux baisers, un coude sur le matelas, les yeux dans les yeux, les deux femmes se contemplaient face à face, fébriles, émues. Leurs haleines se mêlaient. Héléna s’empara d’un tube d’huile de massage à la vanille. Rieuse, elle se mit à en enduire le corps de l’Africaine des pieds à la tête.
Sous les allées et venues de ses mains l’épiderme sensible frémissait. Elle prenait son temps. Ses doigts vernis de rouge s’enfonçaient dans la chair obscure avec avidité. Par instants, elle déposait aussi de longs baisers sur la peau parfumée. La Sénégalaise se pâmait. Ses muscles subissaient d’involontaires contractions. Elle était traversée d’ondes à la fois lénifiantes et excitantes qui l’amollissaient, la ballottaient tout en irritant son désir. Quand Héléna en eut terminée elle lui rendit la pareille. Elles mélangèrent de nouveau leurs langues. Elles soupiraient, s’enlaçaient, frottant leurs poitrines l’une contre l’autre. Les seins de Patience, malgré l’âge, se tenaient encore très bien. Leurs bouts bruns, ainsi que ceux d’Héléna, se durcissaient. Aux parfums respectifs des deux amies, aux senteurs vanillées de l’huile, s’amalgamait désormais l’odeur poivrée de leurs sueurs chargées de phéromones.
La lumière jaune des bougies nimbait leurs visages. Affamée, Héléna porta ses lèvres vers la poitrine de Patience. D’une saveur sans égale ses seins huileux offraient une élasticité parfaite. Elle s’en délecta, descendit encore, déposant des baisers sur la peau nue, reniflant, léchant. Enfin, retirant le string de son amie, elle découvrit l’objet du délit. Ombrée d’un léger duvet la vulve de Patience était demeurée semblable au souvenir qu’elle en gardait. Tout émotionnée, elle la flatta en se masturbant, joua avec les grandes lèvres, s’amusa de l’érection du clitoris, de la mouille qui dégorgeait, y appliqua une langue intrusive et câline qui ne tarda pas à tirer du corps de l’intéressée des spasmes lyriques. Les plaintes de Patience précipitèrent celles d’Héléna.
Il était environ trois heures du matin quand elles s’avisèrent qu’un peu de compagnie leur ferait le plus grand bien. N’avaient-elles pas, depuis minuit, tout fait de ce qu’on pouvait réaliser entre femmes ? Repues de plaisirs lesbiens elles aspiraient à des voluptés plus âpres. « J’ai la solution ! » s’exclama alors Héléna. Une demi-heure après, les yeux rougis, les cheveux en bataille, la mine chiffonnée de sommeil, Quentin débarquait. Il arborait une tenue débraillée. Sa chemise, toute froissée, sortait à moitié de son pantalon. Une cravate mal nouée autour de son cou paraissait sur le point de tomber par terre. Il avait même oublié d’attacher les lacets d’une de ses chaussures. « Eh bien, tu es dans un bel état ! » lança Héléna. Et ce disant elle se leva du lit et lui prépara un petit remontant qu’il but d’une seule traite. Elle s’enquit aussitôt : « ça va mieux ? ». Le jeune homme répondit par l’affirmative.
Une main entre ses cuisses Héléna le massait déjà et, se tournant vers son amie : « Patience, je te présente Quentin, dit-elle. Tu vas voir, c’est un ange… » La fermeture Eclair du pantalon s’abaissa sur-le-champ et, contrairement à ce qui serait advenu avec un ange véritable, un sexe déjà bien rigide en jaillit. « Mon Dieu ! » s’enthousiasma la Sénégalaise. Amusée du succès de sa surprise, Héléna fit signe à sa copine qu’elle pouvait manier tout à loisir le mamba du bel escort. « Il est à toi, ma chérie ! » s’exclama-t-elle, hilare. Patience raffolait des Blancs. Aussi le blond Quentin, avec son gros sexe marmoréen et rose, la fascinait-elle. Les yeux écarquillés, elle osait à peine le masturber. Il lui rappelait le David de Michel-Ange sur lequel elle fantasmait en classe de 3e ! Et puis il sentait si bon !
Elle en avait partout des frissons. A cause de l’ambiance d’orgie créée par les bougies, il lui semblait être devant une sorte d’esclave antique qui venait se donner à elle pour contenter tous ses désirs. Du ventre elle approcha ses narines palpitantes, huma la peau, l’enduisit d’huile au niveau du torse, pendant qu’Héléna glissait un CD dans sa chaîne hi-fi. En hommage à Michael Jackson elle avait choisi l’album Thriller. Surexcitée la Noire se lâchait complètement. Elle suçait Quentin avec rage, comme si elle avait voulu le dévorer. Par moments, abandonnant la verge, elle happait les testicules, et Héléna prenait alors le relais. Sur le phallus les salives des deux femmes se mariaient. Elles rivalisaient de coquineries pour durcir encore l’organe qui bandait pourtant très fort.
Puis les positions changèrent. Quentin s’allongea, Patience, cuisses écartées, se campa au-dessus de la bouche du jeune homme et Héléna s’enferra sur son sexe. Penchées l’une vers l’autre les deux femmes s’embrassaient langoureusement. Les mains de la Sénégalaise, aux ongles roses, passaient du corps bronzé d’Héléna au corps d’ivoire de Quentin. Elle massait tantôt les seins de son amie et tantôt le poitrail du garçon, pinçait chez l’une comme chez l’autre les tétons, appréciait le contraste tactile de leurs peaux. Les soupirs des trois partenaires surmontaient la musique qui jouait à faible volume. Héléna et Patience se regardaient en riant. Oscillant de la croupe la Parisienne s’en donnait à cœur joie. Quant à la Sénégalaise elle vivait une véritable révélation : jamais aucun homme ne l’avait aussi bien sucée ! Elle n’en revenait pas. Peu après elle se trouvait à quatre pattes sur le matelas.
Quentin était en elle et l’abricot d’Héléna frétillait sous sa bouche. Le jeune homme la pénétrait en cadence, tantôt accélérant, tantôt ralentissant. Et tandis qu’elle subissait ses coups de boutoir, tandis que dans ses oreilles retentissaient les claquements de ses fesses fouettées par le ventre viril, elle léchait voracement la vulve juteuse de son amie. Elle n’en pouvait plus. C’était trop. Poussant un cri sauvage elle s’affala sur le lit. Elle renonça à poursuivre les ébats. « Je te le laisse ! » hoqueta-t-elle, pantelante et couverte de sueur, à l’adresse de sa copine. Celle-ci, ouvrant sa table de chevet, s’empara aussitôt de son happy duo. Ayant lubrifié sa rosette elle y reçut les hommages de son employé en se stimulant à l’aide du sex toy et s’effondra à son tour.
« Tu peux y aller, souffla-t-elle finalement à l’étudiant. Tu trouveras l’argent sur la commode de l’entrée ». En partant, Quentin jeta un dernier regard sur les deux femmes qui s’endormaient. Enlacés, roulés l’un dans l’autre, leurs corps formaient le symbole taoïste du yin et du yang, ce qui le fit sourire. Mais ce qu’il trouva encore plus amusant ce furent les bruits de pas et le claquement de porte qu’il entendit en sortant de la chambre. C’était à coup sûr Anita. « En voilà une qui a dû en apprendre de belles en nous reluquant par le trou de la serrure ! » pensa-t-il. Et d’un pas alerte, sifflotant, il dévala les escaliers qui le menèrent dans la rue.
[gris] Axelle Rose[/gris]
Commentaires (1)
J’adore ce feuilleton et le style toujours élégant, mais torride d’Axelle Rose !