Douceur d’été

Le 13/04/2009

Il dort. Je sens son souffle apaisé sur ma nuque, et dans ma main, sa main tressaille doucement. C’est la fin de l’après-midi, et le soleil entre par les persiennes en petites lames émoussées. Là où elles viennent mourir sur le lit, je vois danser une poussière d’or qui semble ne jamais vouloir retomber. Je sens entre mes seins une goutte de sueur qui chemine et roule, d’une lenteur exaspérante. Lentement, avec mille précautions, je me dégage de son étreinte, roule sur le lit et m’assois dans la lumière changeante. Je le regarde.

Il a à peine bougé, cheveux en bataille, s’est un peu tourné sur le dos, abandonné, un bras ouvert, l’autre replié sur la poitrine, juste à la limite de ce creux émouvant qui se creuse sous les côtes. Je suis le cheminement de son souffle depuis sa bouche qui garde un demi-sourire dans le sommeil, jusqu’à son ventre plat et doux, où brille un peu de sueur, et je sens le désir monter en moi. D’un doigt distrait, je touche ma bouche. Je laisse faire. Du regard, j’effleure son cou, ses lèvres à peine entrouvertes, ses épaules et ses bras. Je manque un peu d’air. Plus bas, son torse lisse qui s’élève et s’abaisse calmement, puis la ligne des hanches qui s’incurve vers le bas-ventre soyeux, où déjà j’ai envie de poser mes mains. Je n’en fais rien. La pointe de mes seins se durcit, la chaleur commence à descendre comme une lave épaisse depuis mon cœur qui bat trop fort, jusqu’à mes cuisses que je serre un peu l’une contre l’autre, savourant la moiteur qui naît entre elles. Un léger coup de vent fait battre les volets, qui grincent. Le bruit ténu ne le réveille pas, mais il se tourne un peu plus sur le dos, découvrant son sexe endormi, juste à portée de ma main. Je n’y cède pas, pas encore.

J’ai chaud, le sang bat dans mon cou comme un torrent. Le soleil baisse encore un peu, et les rais de lumière dessinent en creux le léger arrondi de sa hanche. Sans faire aucun bruit, je viens m’agenouiller au plus près de lui. A un centimètre de sa peau, je passe ma main sur tout son corps, juste pour le plaisir torturant de sentir la chaleur qui en émane. Mon souffle s’accélère, je voudrais l’effleurer tout entier de mes seins dressés, une caresse électrique, qui à coup sûr le réveillerait. Mais je ne veux pas qu’il se réveille encore. C’est son sexe que je vise, promenant mes doigts au-dessus comme si je pouvais l’éveiller seulement par la pensée. Et d’ailleurs, n’a-t-il pas légèrement tressailli ? J’ai le cœur qui cogne à deux cents à l’heure, ma bouche s’impatiente, mes mains vont trembler sous peu. D’un doigt léger, je descends jusqu’à mon sexe brûlant, et, dans un soupir, je pose ma main bien au chaud entre mes jambes. Je me sens une volupté de plage au soleil, de flaque d’eau salée en été, un roulis humide et lancinant qui me berce et me brûle avec douceur. Je me penche vers lui, respire sa peau. Je pose ma bouche comme un papillon sur sa queue si vulnérable, recroquevillée. Il ne bouge pas. J’essaie de contenir mon souffle, je ferme les yeux pour mieux savourer ce premier contact, et j’entrouvre les lèvres pour le prendre dans ma bouche, tout doucement, tout doucement. Ma langue l’enveloppe, tourne autour de lui, je ne fais aucun autre mouvement, je n’entends que mon cœur qui bat et son souffle à lui, comme il émerge petit à petit dans un demi-sommeil.

Presque sans bouger, pendant un long moment de silence, mes cheveux glissant un peu sur son ventre, je le sens gonfler dans ma bouche, grandir, pousser comme un arbrisseau en pleine croissance. Je l’enserre de mes lèvres, ma langue s’aventure autour de son gland, descend sans à-coups le long de la tendre colonne qui s’anime. Je veux tout entier le sentir dans ma bouche affamée, je veux qu’il n’y tienne plus, je veux aller et venir en un mouvement long comme une vague. Mais j’attends encore. Je l’entends respirer profondément, son corps se tend un peu, l’arbrisseau devient un frêne, un tronc souple et doux entre mes lèvres. Il s’étire, soupire, ses mains cherchent mon visage, ses doigts suivent le contour de ma bouche, faisant naître en moi un long frisson, presque un tremblement. Sa respiration se fait plus courte, ses hanches montent vers moi. Alors, tendrement, j’écarte ses mains de mon visage, je prends ses poignets et les maintiens de part et d’autre de son corps, sur le drap froissé. Je me déplace pour enserrer ses jambes, mes seins glissant sur ses cuisses tendues, une onde électrique me remonte du dos à la nuque et, très lentement, je le prends tout entier dans ma bouche, au plus profond, les yeux fermés pour mieux le goûter. Il gémit. Je m’allonge presque sur lui, prenant une de ses jambes entre les miennes, je sens mon sexe trempé glisser en douceur contre sa cuisse, je respire fort et je le libère de ma bouche un instant, un tout petit instant, juste le temps de l’entendre me chuchoter « Continue… ».

Une vague me soulève quand je sens sa jambe bouger entre les miennes. Son contact m’échauffe l’entrecuisse qui s’ouvre comme un fruit gorgé de soleil. Je gémis à mon tour, je n’y tiens plus. Je le reprends dans ma bouche comme un cadeau. Au rythme d’une respiration lourde et lente, je le suce plus fort, mais sans accélérer. Tout mon corps se tend vers lui, ma chatte ronronnante, mon ventre exaspéré, mes seins sensibles comme des doigts. Lui tourne la tête et sa bouche m’appelle. Mais je n’y cède pas. Je sens qu’il voudrait libérer ses mains, il essaye de m’échapper, et je sens le sang battre à ses poignets, là où la peau est si douce. Non, tu ne te libèreras pas, mes mains sont des menottes douces, et je veux t’entendre crier. Je sens sous ma bouche la tièdeur d’une eau salée qui appelle la jouissance, alors je ralentis, le cœur battant à tout rompre, un grondement de volcan dans les oreilles. Je lèche un instant les perles de sueur sur son ventre, j’interromps le mouvement de mon sexe en feu sur sa jambe, je suis tendue comme une corde d’arc, et lui est ma flèche, prête à jaillir, chaude et vibrante. Je reprends cette flèche dans ma bouche, et je le regarde, et il me regarde aussi, il regarde ma bouche emplie de lui. Son corps s’arque pour me faire encore mieux l’engloutir, je brûle de toute part, et sa peau à lui est chaude comme s’il était resté allongé nu au soleil.

J’entends son souffle rauque, qui se mêle de gémissements sans suite. Je ne sais plus rien que ses mains qui s’agrippent à mes poignets, que sa chaude lance qui tressaille entre mes lèvres, que le plaisir qui me monte du plus profond du ventre, que j’essaie de retenir, en vain. Et puis son cri, son corps tout entier résumé à sa jouissance, sa queue fichée au chaud au fond de ma gorge avide de lui, son sperme qui m’emplit la bouche et que j’avale comme un élixir en même temps que mon sexe se plaque contre sa jambe, explose, me semble t-il comme la foudre, un long éclair sans fin. Le soleil est passé derrière la colline, la fraîcheur du soir sèche la transpiration sur nos peaux incandescentes.

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