Disjoncter
Le 23/08/2014
En attendant qu’on s’occupe de moi, je regarde à ma gauche la nuque de cet homme qui est en train de se faire tondre les cheveux. Absorbée par des pensées lointaines, je me laisse happer par le geste du coiffeur qui, inlassablement, fait remonter sa tondeuse laissant tomber au sol une pluie de fragments de cheveux bruns. Sans m’en apercevoir, mon attention se porte vers les dents d’acier qui grignotent le scalp du client. Je crois que ça m’excite. Mon regard remonte le long du bras fin et musclé du coiffeur. Je détaille tout son corps. Il n’est pas très grand, sec, ses muscles se dessinent clairement. Il porte un jean qui ne tiendrait pas sans sa ceinture, un t-shirt bleu, un peu ample avec un petit col en V, le tissu semble très fin, si usé par les lavages qu’il parait extrêmement doux, comme sa peau. Son cul est bien rond, haut, désirable, comme celui d’un footballeur.
Je suis assise au bac, dans un large fauteuil en skaï rouge, mon corps enveloppé dans un immense peignoir en nylon noir, à peine voit-on dépasser un peu mes jambes, nues et fines. Je ne les croise plus depuis longtemps, j’aime pouvoir faire comme les hommes : occuper l’espace en les écartant le plus possible. Sans ce vêtement ample pour me couvrir, les clients assis verraient probablement que je ne porte pas de culotte. Elles sont des tue-l’amour au même titre que les collants ; j’ai besoin de sentir mon corps, de ne pas emprisonner mes sensations derrière le grillage serré du tissu.
Je bascule la tête en arrière dans le lave-cheveux, et je ferme les yeux. Je n’ai pas bien vu l’homme qui s’occupe de me faire un shampooing. Je sens ses doigts qui écartent des mèches, ses gestes sont doux, mes cheveux deviennent comme des antennes sensibles diffusant une onde provocatrice jusqu’à mon bas-ventre. Plus ses mains massent mon crâne et font mousser le shampooing, plus les effluves de fruits qu’il distille chatouillent mes narines. Je ne pense plus à rien, attentive à toutes les sensations générées au-dehors de ma boite crânienne. Il rince mes cheveux à l’eau tiède, un filet coule jusque dans mon cou. Il recommence. La pulpe de ses doigts travaille la base de mon crâne, qui repose entièrement dans ses mains, il me masse utilisant mes cheveux comme un tampon à récurer qui efface toutes les impuretés, j’entends le crépitement et il amplifie mon excitation. Mes seins durcissent. J’ai du mal à garder les jambes en place, j’essaie de frotter mes cuisses l’une contre l’autre pour masser un peu ma vulve, reproduire avec mes poils des sensations similaires.
C’est fini. Il enveloppe ma tête dans une grande serviette noire, j’attrape mon sac au sol et le suis dans le fond du salon. Je le vois dans le miroir, au-dessus de moi. Son regard est prévenant, plein d’attentions, il à l’air jeune et veut bien faire. Ca ne nourrit pas ma libido. Je surveille dans le reflet de la glace tous ceux qui sont là, hommes et femmes, coiffeurs ou coiffés et cherche quelqu’un d’autre sur qui fantasmer, avec un regard un peu pervers, ou un corps athlétique, ou encore une chemise blanche avec le col empesé et une cravate que je pourrais dénouer. Hélas nous sommes samedi, plus personne ne porte de costume le week-end, à moins d’un uniforme de travail. Pas un ne m’émoustille et je reporte mon attention sur les outils posés devant moi, sur la tablette de verre. Je sens la vague de chaleur qui pulse dans mes cheveux pour les faire danser, sécher. Le merlan attrape le fer à cheveux, branche la prise sur le secteur et fait disjoncter le compteur électrique.
Nous voilà quasiment dans le noir.
Comme le personnel est réduit au mois d’août, nous sommes abandonnés à nous-mêmes le temps que la situation soit rétablie.
Je glisse vite mes doigts sous le peignoir, écarte les plis de ma jupe et remonte vers ma chatte. Il faut que j’aille vite à me faire du bien, rétablir le compteur ne prend guère de temps. J’attrape prestement le fer à cheveux qui n’a pas encore servi et dont le métal est froid. Je glisse le bout arrondi dans ma chatte et suis attentive à l’effet glacé délicieux qui monte en moi au fur et à mesure que le fer me pénètre. D’un doigt je branle mon bouton rose. Je repense au corps sec du premier coiffeur que j’ai vu en arrivant, j’imagine défaire sa ceinture. Son jean tombe au sol et je découvre des jambes bien dessinées, une forêt de poils hirsutes, au-dessus de laquelle se dresse un beau membre qui me nargue. Il ne m’en faut pas plus pour jouir tant je joue avec le feu, d’un instant à l’autre la lumière va ré-apparaitre.
Apaisée, je repose le fer au milieu des peignes de métal, des brosses en sanglier, des pinces et des ciseaux longs, fins et dentelés. Il se passe à peine une ou deux minutes de plus avant que la salle s’illumine à nouveau et que la techno qui passe à la radio couvre le bruit des conversations qui reprennent.
Mon coiffeur tarde encore un peu à revenir. Il m’explique que pour ne pas prendre le risque de tout faire sauter à nouveau, il est allé chercher un autre fer à friser. C’est une bonne chose, car je m’aperçois à l’instant que je n’ai pas pensé à nettoyer le fer dans les plis du peignoir, or il reste de la cyprine luisante, ça et là. J’ai failli avoir les cheveux laqués par le fruit de ma jouissance.
Mercedes