Butins et cætera - chapitre 6
Le 30/07/2009
Le temps des révélations
Et voici donc ce que raconta Wolsime-Lovine Voot aux deux dames, Leslie et Fiona, fraîches et rosées comme des dahlias de printemps. Comment il leur apprit qu’il fut propulsé, la tête la première, dans le monde des super héros. Un récit entrelardé de faits et gestes qui ne sont vraiment pour rien dans la chute de l’Empire romain d’Orient, mais qui ne sont pas sans relation avec une douloureuse rupture d’avec une fille de foire que Wolsime, par amour, ne se lassa jamais d’appeler, avec un langoureux accent anglais, So-lange. Voilà ce que l’homme découvrit un sale jour en rentrant de son harassant travail, et qui, blessé à vif par cette mécanique et plastique tromperie, le fit s’engager volontaire pour des terres autrement hostiles et guerrières.
C’était un après-midi ensoleillé sous une pluie légère, So-Lange badinait au lit. Son godemiché, un fuseau fluo, copie conforme des élévations de tours d’une usine de biscuits secs et fourrés, fiers fleurons de la gastronomie nantaise, ronronnait doux en équilibre précaire sur le rebord de sa livrée pubienne. Il s’en fallait d’un cheveu pour que le jouet dérape d’un côté puis de l’autre. Mais So-Lange contrôlait la trajectoire à merveille et jouait de la situation. Elle était joyeuse, assurément. C’est alors qu’elle donna un coup de rein sec. L’engin tubulaire bondit jusqu’au plafond, réalisa un double salto et entama une descente en piqué digne d’un champion du monde de plongeon de haut-vol. Il chut à point, je ne vous fais pas un dessin, déclenchant au passage sa fonction vibratoire. J’entendis So-lange dire son immense bonheur comme jamais elle ne l’avait exprimé dans mes bras.
Pauvre chéri ! commentèrent Leslie et Fiona qui affermir l’étreinte qui les liait au narrateur.
C’est le clou de mon nouveau spectacle en préparation pour un bouge de strip d’une grande ville de province, me dit-elle. L’écossage et l’effeuillage classiques ne suffisent désormais plus. Il faut sans cesse surenchérir mon amour. Ne m’en veut pas !
La voix emplie de sanglots, je me promis de ne jamais aller voir le spectacle et compris qu’il était temps pour moi de partir.
Adieu donc ! me salua So-lange agrippée à son biscuit, sans laisser échapper le moindre mot pour me retenir.
Leslie lui prit la main, et la plaqua tout contre son petit cœur chaud.
Réfugie-toi, homme sensible, l’invita Leslie. La courbure de ce sein que tu serres là, mais l’autre en va de même, est grandement le fruit de nombreuses caresses, d’innombrables et succulentes succions et becquées peu calibrées, de patients et égaux tripotages si délicieusement prodigués par mes amours successives, z’elles et ceux qui ont toujours su me montrer, de bas en haut, un soutien chaleureux, incessant et inconditionnel. « C’était aussi écrit pour partie dans vos gènes ! » compléta un jour un amant d’un jour, chirurgien du nichon pour toujours. Ce n’est donc rien que de naturel si ce sein pointe au diapason son téton vers l’horizon ! Jolis seins à la rebique dont le profil rappelle à si méprendre un tremplin de saut à ski ! Cette mirifique poitrine a, je l’avoue, toujours été une avantageuse piste d’élan pour propulser les quéquettes de ces z’hommes vers des cieux plus velus, ajouta la dame Figue.
Wolsime-Lovine Voot reprit son outil de la main d’Fiona qui, ne sachant plus que faire de sa mimine, se retrouva perdue comme deux ronds de flan. Il fit une pause dans le récit de sa vie. Il n’avait plus en tête que de se lancer de toute urgence dans la glissante et grisante expérience de vol plané. Wolsime-Lovine fit dévaler à toute beurzingue la pente à son membre raide à millions de bars de pression. En bout de piste, il prit appui sur le téton qui pointait déjà fort turgescent, mon lieutenant ! Wolsime-Lovine mima l’envol, la culbute, vrille et saut de l’ange. Fiona dégaina son mètre ruban. L’essai fut mesuré : vingt-trois centimètres à l’orée supérieure du nombril. « Essai de bleuzaille ! » commenta-t-on. La toison, elle, paraissait grandement hors d’atteinte. « Donnez-moi une seconde chance ! » se reprit Wolsime. Il ne s’avouait pas vaincu. Il fallait recommencer. Ce qu’il s’apprêtait à refaire dans l’instant, mais, n’y voyez pas là soudaine ruse de Sioux, du tremplin voisin, d’une configuration, somme toute, très idoine. Wolsime se frictionna d’un plein de concentration. Ça l’emballait ferme, Leslie, que Wolsime-Lovine fasse ainsi tournicoter à vitesse aléatoire son prépu-puce sur la pointe électrisée de ses seins. Un big bang s’annonçait. Car, c’est bien ainsi que le super héros occupa les dernières secondes pour préparer le nouvel assaut. Sur Leslie, la tactique eut l’effet de lui faire perdre la réalité. C’est un autre débat. Une nouvelle impulsion fut donnée, dévalaison d’une traite, appel impec’, atterrissage de toute beauté… Dans la foulée, Leslie, déjà bien en jambes, et Wolsime-Lovine partirent en mission d’exploration classique. En attendant le bouquet de fin, Fiona Pomme tricota, ad clitorinem, à la chandelle, une maille à l’endroit, une maille à l’envers.
La digression et les râles en clairière retardèrent, il faut en convenir, la révélation que voici donc, qui consiste en une mésaventure qui transforma le militaire de carrière, le galonné Wolsime-Lovine Voot, de pieds en cap. Disons pour commencer, que des supérieurs suspicieux le surprirent à souper, sapé comme une saucisse, d’un potage poireau potiron, dans un bordel de cambrousse. Ce n’était presque rien, mais en y songeant à rebours, l’incident, consigné au dossier du soldat, précipita, à n’en pas douter, la métamorphose qui allait advenir. Les mystérieux pouvoirs de Wolsime-Lovine Voot, son introduction dans l’hyper héroïsme, lui étaient ensuite tombés dessus comme une huile de vidange l’aurait fait sur un mécanicien, mécano de chars, Half-tracks, jeeps, et blindés à chenilles, surpris par un filetage de pas de vis trop court et au rabais. Et c’est bien ce qui était arrivé. Wolsime-Lovine Voot fut contaminé lors d’un exercice de vidange, par le huileux mélange dégoûtant d’une auto-mitrailleuse en voie de réforme, rescapée peu de temps auparavant de la Première Grande Guerre du Golfe. Embrigadé dans un étrange maelström, il lui était aussitôt poussé une cape, des lunettes de motocycliste des Premiers temps du bicylindre en V, sa paire de ranjos s’était transformée en cuissardes patinées à l’ancienne, et il avait maintenant et définitivement accroché à la ceinture une planchette à roulettes. Wolsime-Lovine fut tout aussitôt happé, en phase d’hyperespace, et s’était retrouvé, cinq cents mètres plus loin, coincé le nez le premier dans l’entrecuisse d’une haltérophile de niveau international à l’entraînement épaulé-jeté.
C’est pas l’moment, grogna la bouffeuse de fonte. Vire de là ou je te mets un bourre-pif.
Et la forte femme bascula à la renverse.
Wolsime-Lovine Voot s’en était sorti un tibia contusionné et, pas le moindre des bobos, un nez en moins, emporté, râpé dans sa chute par la culotte coquée de pierre ponce de cette trop rude athlète.
Ah, bah, v’là aut’chose ! s’était-il étonné en souffrance de tout ce chambardement. Faut pas que j’traîne là, faut qu’j’rentre, l’abandon d’poste coûte bonbon dans cette institution, l’conseil de discipline juge pas que les écarts de chopine ni d’bobine.
Et voilà, dit Wolsime-Lovine Voot, toute la courte histoire de ma spectaculaire métamorphose de simple mécanicien de l’armée nationale en as du baiseminou, qui, désormais, pour un oui pour un non et sans y pouvoir mais, ma planchette à roulettes de garage sur le dos, jaillit à l’improviste pour biser les touffes consentantes, et encanailler les berlingots de dames à croupetons, et seulement celles et ceux-ci.
Un malheur pour un bonheur ! commentèrent Fiona et Leslie, attendries. Elles proposèrent alors à Wolsime-Lovine de le raccompagner jusqu’au grand portail de la caserne. Au loin à l’intérieur, des truffions de classes, première et seconde, briquaient le blindé qui s’apprêtait à s’en aller parader à la gloire des morts. Leslie et Fiona iraient peut-être faire un tour à la cérémonie.
Camomille Belleplante