Partie de pêche
Le 04/02/2011
Lorsque je ferme les yeux, je revois le bleu profond du ciel qui se jette dans le vert turquoise de l’océan indien. Le vent salé caresse ma peau blanche. Les enfants rient sur la plage. Ils aident les pêcheurs à remonter les bateaux, décharger les poissons, embarquer les agrumes vers les îlots ou les marchés… Leurs sourires sont gravés dans ma mémoire.
L’activité sur la plage se décuple au départ et au retour des pêcheurs. Les femmes arrivent après les gamins qui souvent restent là, à jouer dans l’eau ou à mimer des gestes d’adultes sur d’anciennes barques échouées. Les couleurs et les sons resurgissent : cris d’oiseaux marins, rires, vagues, chants, le tri des poissons avec ses palabres animées.
C’est l’endroit idéal pour mon reportage photo, je passe beaucoup de temps avec les enfants qui m’introduisent aux échanges avec les femmes. Jour après jour, la communauté des femmes m’accepte un peu plus. Elles me laissent travailler moyennant l’achat de poissons ou de quelques babioles rapportées d’Europe. Je mange de la pellicule au kilomètre…
Mais rapidement mon attention se porte sur les pêcheurs. Je les regarde partir, je les écoute scander des chants en pagayant, les observant pendant qu’ils s’éloignent. Je n’ai jamais vu d’aussi beaux corps d’hommes.
La communauté me tolère mieux puis m’accepte. J’achète poissons, crabes et langoustes, donne des crayons, du papier, des vêtements, des médicaments.
A présent j’ai un objectif différent : m’embarquer pour la pêche avec les hommes. Opiniâtreté difficile à négocier pour deux raisons : les bateaux appartiennent aux femmes et les femmes sont interdites à bord…
Pourtant au bout de plusieurs semaines de transactions, je me retrouve à l’aube sur la plage. Mon appareil photo est chargé à bloc et les munitions ne manquent pas. A peine grimpée sur le bateau, le travail commence. Il est dommage de ne pouvoir enregistrer le chant des hommes qui s’affairent aux pagaies. Leurs gestes sont en parfaite synchronisation malgré le délicat passage des rouleaux.
Il est difficile d’utiliser mon appareil et de chercher à tenir l’équilibre, trouver ma place est essentielle.
Je m’installe donc à la poupe (qui ressemble singulièrement à la proue) c’est une pointe effilée qui peut me recevoir avec mes affaires. Je me concentre alors sur mon travail et observe ces hommes dans leur effort au travers de mon objectif.
Ils pagayent dos au sens de la marche. Une enfilade de sept hommes, torses nus qui sourient dans l’effort et chantent en accord avec leurs mouvements… Un des hommes scande seul et les autres répondent en chœur. Les solistes peuvent très bien improviser en insérant passé ou présent dans les chants. Je pense, peut-être à tord, être à l’honneur ce jour là.
Les rouleaux passés, la houle devient plus régulière, je peux m’appliquer à détailler les corps humectés d’embruns et de sueurs. La beauté de ces hommes s’impose comme une peinture ensorcelée. Les muscles brillants se tendent et se détendent en parfaite eurythmie avec le tangage.
Leurs sourires illuminent leur visage, gommant l’effort qu’ils fournissent. Les harmonies vocales emplissent l’espace. Subjugué par ces corps, mon objectif s’attarde sur les pectoraux, les bras, zoomant de ci de là sur une épaule, une cuisse, une main… Les clichés s’enchaînent. Je ne ressens pas encore la transe qui s’immisce sournoisement. Le mélange du tangage et des mélodies, la concentration sur ces hommes fait basculer mon reportage.
Fascinée véritablement, une euphorie me soulève du bas des reins. La moiteur soudaine de ma chair trahit un désir irraisonné. Le bateau est loin déjà. La plage paraît n’être plus de ce monde. Je n’ose plus quitter l’œil de mon appareil et continue à suivre l’action des corps. Mes sensations sont de plus en plus intenses. Un désir jusqu’alors inconnu me submerge. Ce n’est pas l’envie d’un homme mais le désir en soi. De mon corps émane un appétit gargantuesque, incontournable, qui n’est pas dirigé vers l’un ou l’autre de ces pêcheurs, mais qui s’adresse plutôt à l’ensemble de ces corps majestueux. Dans ma liesse, j’écarte inconsciemment les jambes et me tortille en faisant de petits mouvements du bassin qui ne passent pas inaperçus. Les hommes continuent à sourire et chanter, mais celui qui est le plus près s’approche. Arrivé à ma portée, naturellement, machinalement presque, je saisis le short du pêcheur en conservant une main sur l’appareil.
C’est dans l’objectif que j’observe le vêtement s’abaisser pour faire apparaître un sexe de taille impressionnante bien qu’il soit au repos… Très agitée, j’attrape immédiatement la tige encore molle dans ma main et entreprends de la secouer frénétiquement. Le sexe remue comme un poisson hors de l’eau jusqu’au moment où il se met à durcir en faisant apparaître sa tête luisante. Mes doigts glissent vers les testicules quand l’homme reprend subitement sa place parmi les autres, sans se rhabiller, sans que son membre ne faiblisse. Puis un deuxième rameur s’avance. Je recommence l’effeuillage pour faire surgir à nouveau un sexe extraordinaire que je secoue jusqu’à l’érection. Chaque fois, alors que je veux aller plus avant, l’homme rejoint sa place pour continuer son travail, nu et le vit raide comme un mât. Je suis bientôt face à sept hommes nus, en érection, qui chantent et s’affairent aux filets ou à diverses activités nécessaires sans paraître particulièrement se soucier de moi…
Mais à partir de ce moment, je ne suis plus délaissée. Le premier pêcheur revient la queue dure comme un baobab, il m’ôte short, tee-shirt, me caresse du bout des doigts délicatement, puis frôle son gland sur le clitoris avant de reprendre sa place avec les autres. Le suivant caresse adroitement mes seins, effleure son nœud sur le bouton excité. L’un me touche les cheveux avec curiosité, l’autre me décoiffe et flatte ma crinière, puis embrasse à peine ma fleur avec son gland gonflé.
Mon désir est presque suffocant. A chaque approche, mon envie de prendre à pleine bouche un de ces sexes, d’en avaler goulûment la fière tête, s’amplifie. Je veux branler la queue qui s’approche mais celle-ci se dérobe pour câliner mon pubis : décuplant ma soif d’être emplie par l’un de ces mâles. Je prends conscience tout à coup de ma position entièrement offerte : jambes écartées, une figure de proue à la poupe du navire. Après plusieurs séances de frôlements, vient enfin le moment de savourer. Chacun des protagonistes lèche succinctement mes lèvres et mon bourgeon qui coulent de désir jusqu’à mouiller le bois sous mes fesses. Mon corps est secoué de spasmes en feignant l’acte….
Les hommes poursuivent leur manège, se cédant la place de plus en plus souvent. Maintenant ils introduisent juste leur gland, puis passent la main (ou plutôt la queue) au suivant en chantant. Petit à petit les membres s’enfoncent plus profond mais sans jamais faire d’aller-retours. Comme ils se relayent de plus en plus rapidement, j’ai presque la sensation d’un coït ininterrompu.
À présent les apparats du plaisir révèlent leurs saveurs. Certains sont si gros que je pousse un long râle pendant la lente pénétration. Leur introduction, d’une douceur infinie, contraste sévèrement avec la sauvagerie de mon désir. A la violence qui s’exprime de mes entrailles ne répond que légèreté. Cette délicatesse me trouble. En dehors de la taille imposante de certaines verges, tout n’est que précaution.
Ne pouvant plus résister, j’empoigne brutalement un membre et l’avale autant que faire se peut. Le gland emplit ma bouche quand tous les hommes se rapprochent. Je suis enfin malaxée, sucée, pénétrée dans la fine embarcation qui tangue maintenant librement. M’agrippant à ces monstres dont les têtes regardent dignement le ciel, je les savoure. Je décide de m’allonger sur l’un des hommes, m’empalant sur le « bois bandé », offrant ainsi mon aven moelleux et gourmand. Ceux qui tentent ce passage répètent le même scénario qu’au premier acte : Je sens les différents sexes qui se frayent un passage tour à tour dans mon précieux aven …
Je n’ai pas, jusqu’à ce jour, connu la sensation de deux hommes en moi. Je me donne sans retenue à la possession exquise de ces tridents de Poséidon qui inondent de mousse mes profondeurs marines. La petite barque tangue sur l’océan comme dans une tempête. Les chants qui ne se sont jamais stoppés se mêlent maintenant aux râles des hommes qui m’emplissent d’écumes.
Je ne sais combien de fois la jouissance m’emporte. Je me noie sous une déferlante de rouleaux inévitables qui me font suffoquer. A plusieurs reprises, mes doigts se crispent sur l’appareil qui déclenche en rafale et capture des photos étranges dont je suis seule aujourd’hui à connaître la raison de les conserver…
[gris]Cherie bb[/gris]
illustrations : ©cheriebb
photo : © Maksim Shmeljov - Fotolia
Commentaires (4)
Quelle embarcation ! Quelle écriture ! On en redemande, tout autant que l’on se souhaite pareille aventure...
Bravo.
merci beaucoup ...
Oui, bravo ! Superbe !
on à vraiment envie de vivre ça !
merci
L