Dollhouse
Le 21/12/2009
Mon Dieu ! Mais quelle chaleur ! J’avais à peine effleuré les dalles tièdes d’un bout d’orteil que le degré de la pièce me contamina. Les pieds froids, les fesses à l’air, déjà émue par le frottement doux du tissu sur mon corps nu, je pénétrai dans la chambre aux plinthes multicolores et aux luminaires en forme de gâteaux. Il y avait dans l’air comme une odeur sucrée (sans doute un quelconque parfum de synthèse vanille épicée) et capiteuse, tout comme la situation dans laquelle je m’étais enferrée par simple curiosité et goût du jeu. C’était mon cadeau d’anniversaire et je n’allais décemment pas refuser cette extraordinaire invitation. J’avais la tête qui me tournait légèrement, complètement paniquée, ayant comme l’impression d’entendre circuler le sang énergiquement pompé par les battements précipités de mon cœur. Vêtue comme pour un bal masqué en Alice aux pays des merveilles, toute en crêpe de chine lumineux, j’observais la pièce des désirs telle que l’on me l’avait nommée sur la carte reçue pour mes vingt-huit ans.
« Make A Wish ! » ornait le carton aux liserés d’or lorsque mon amie me l’avait tendue, béate d’impatience. Elle voulait que j’inscrive à l’intérieur du papier ce qui me ferait honteusement plaisir sans que jamais je n’eus osé l’avouer à voix haute. Le soir même, tandis que les invités s’en allaient au fur et à mesure, j’inscrivis un rêve lointain, un écho de mon enfance que je n’avais pû oublier. Puis je l’avais glissé dans la boîte aux lettres à l’adresse mentionnée. La réponse n’avait nullement tardé avec ses indications et ses exigences. La curiosité ou l’ennui l’avait emporté sur tous les raisonnements possibles.
Je me faisais l’effet d’une héroïne de Lewis Caroll perdue dans un monde fantastique et crémeux, complètement indécente sous ses apparats de carnaval. Alors que je faisais visuellement l’inventaire de cet endroit étrange, j’aperçus du coin de l’œil un ours en peluche grotesque, immense et, à l’autre bout de la chambre aux couleurs bleu et rose pâles, une poupée de grande taille, plus élancée que moi, était assise là, sa tête reposant paisiblement sur sa poitrine. Je m’avançai dès lors au centre de la pièce, ne sachant que faire pour provoquer le début des offensives dans ce décor de fillette. Même le lit était imposant et semblait irréel, sorti d’un conte de fée étrange, truffé de draps en dentelles et d’oreillers à foison piqués de fleurs multicolores. Puis, tout d’un coup, comme si une baguette invisible avait actionné les marionnettes de la pièce, l’ours se redressa doucement pour s’avancer vers moi. J’étouffai un cri lorsqu’il grogna à mon encontre, mais il m’enserra dans sa fourrure et je me laissai, faire la surprise passée. La température augmenta de plus belle, la peluche géante griffait gentiment la peau de mes fesses ; j’aimais cette approche atypique mais bizarre. L’ours me souleva légèrement pour se frotter contre moi, ses poils doux chatouillant le bord de mes lèvres. Je fermai alors les yeux pour en apprécier le rendu. La bosse bientôt sous le déguisement vint ensuite combler le bercement hypnotique et excitant de ce jeu. J’ondulais légèrement afin d’en éprouver le plus possible la fermeté. Contre les joues de la peluche, jaspées de longs poils noirs synthétiques, je fus prise d’une rage confuse où je me mis à le mordre dès qu’il émettait le moindre râle.
Il me déposa ensuite, épuisé, sur la montagne d’oreillers qui parsemait le lit. La jolie poupée s’était redressée et s’approchait de moi. Elle était ficelée dans des frusques beaucoup trop étroites pour elle, ce qui faisait déborder ses formes de toutes parts. Elle s’avançait vers nous comme une automate pour se pencher et me présenter ses seins – comme on offre des bonbons – que j’étreignis sans faire de discours. J’avais envie de sentir la fermeté de ses pointes et la rondeur des débordements. Je l’allongeai aussitôt près de moi pour jouer avec elle, la complimenter sur sa beauté, retrousser sa robe et ouvrir son corsage. J’en fis de même pour moi : je lui montrai ma poitrine que je portai à sa bouche. Elle me téta doucement, pinçant les tétons entre ses lèvres. Je lui caressais les cheveux d’une main en encourageant sa gourmandise et, de l’autre, je m’employais à masser le doux petit bouton au-dessus de sa fente en la faisant béer. Je sentis bientôt, sur ces entrefaits, la mouille qui ne tarda pas à s’écouler entres ses fesses. Je vis disparaître mes doigts un à un dans l’ouverture suintante et, agacée par mon entreprise, la poupée aspira mes tétons à tour de rôle aussi goulûment que possible.
Cela dura un long moment pendant lequel l’ours passa avec frénésie sa patte sur sa bosse. Je lui dégoisais des formules d’une insolence et d’une niaiserie confondantes. Ni trop vulgaire, ni trop sage, je provoquais son attaque à venir. Je me permis de me pencher vers le bas ventre de la poupée afin de darder ma langue sur ses muqueuses et d’en lécher le moindre repli, suçoter l’ergot gonflé au dessus de la plaie béante. L’ours n’y tenant plus se mit à nous encourager. Échaudée, je me couchai finalement sur ma poupée afin de lui lécher les lèvres tandis qu’elle me caressait les fesses, les écartant légèrement, faisant bâiller le con et exciter l’ours qui ne tarda pas à présenter sa queue. Il titilla l’encolure baveuse de la poupée et la mienne, puis il laissa vagabonder sa queue sur les parois de mes lèvres entrouvertes. Dès les premiers élans, enivrée par la douceur de la poupée et de sa peau contre la mienne, j’eus l’impression de n’être qu’une boule de chaleur. La jouissance prenait naissance au fond de ma gorge, dans les tremblements de mes cuisses ; les tressaillements à chaque hoquet de plaisir firent écho à ceux des jouets. Sa grosse queue labourait mon ventre tandis que j’enfournais ma langue dans la bouche de la poupée. Je mouillai mon doigt afin de dessiner un cercle opaque sur ses aréoles et lui taquiner les bouts. L’ours s’extirpa de mes limbes pour s’introduire dans celles de la poupée. Il l’enfilait avec frénésie poussant des grognements insultants. Alors, elle se branla avec ferveur, les yeux clos ou rivés sur les miens. Je prenais autant de plaisir à observer les tics sur son visage baigné d’une étrange lueur – la jouissance la rendait étonnamment magnifique et excitante. Je lui mordillais les lèvres pendant qu’elle poussait de petits cris et de grands râles. L’ours passait d’un vagin à l’autre sans se formaliser, imprimant ses pattes de chaque côté de mes reins.
Les joues roses de la poupée et les miennes virent bientôt jaillir la reconnaissance de l’ours. Le buste strié de sueur et de foutre, je laissai la poupée me lécher afin de me nettoyer, puis je l’embrassai voracement, la serrant dans mes bras pour sentir à nouveau contre moi cette douceur affectée. Pendant ce temps, l’ours avait repris sa place. Il s’assit pour ne plus s’ébranler et, ainsi, ce fut le tour de ma chère poupée, nue et satisfaite de retrouver sa position de départ : les bras ballants, la tête à nouveau posée sur sa poitrine. Je me rajustai, encore imprégnée de l’ivresse de mon cadeau d’anniversaire, puis je sortis de la chambrette en refermant la porte sur un capharnaüm serein et mes deux jouets immobiles.
[gris]Paracelsia Le Saigne[/gris]
Commentaires (2)
Très original et bien écrit. Bravo !
Merci, il est disponible sur mon recueil de Nouvelle qui vient de paraître :
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