Un fouet dans la lune

Le 12/04/2009

Il y avait sur la plage un homme qui se baignait dans sa vulgarité : en short avec une montre en or, un Blackberry à son oreille ou sous ses doigts potelés, avachi sur son transat, les jambes croisées, parlant très fort, toute sa famille autour de lui, tous avec une heure en or. J’étais agacée sans raison. Son air poupon, son apparence bling-bling, sa mollesse générale et son air satisfait ne m’auraient jamais troublée si mon humeur n’avait pas été irritable.

Le soir même, au restaurant local, j’ai surpris son regard sur mes talons aiguilles, (hauts, fins, noirs, vernis) et j’ai tout de suite compris ce que je pouvais faire de lui. Je me suis approchée de leur table et nous avons engagé une conversation à deux lectures, une générale pour l’assemblée, l’autre où je lui sous-entendais que j’étais maître du jeu et qu’il allait devoir m’obéir. Plus son air fat, son visage poupon et ses yeux décolorés se soumettaient à l’autorité de mon regard, plus je me réjouissais de ce qu’il allait subir et mon imagination était débordante d’envies.

Ce soir-là j’ai fait un rêve : je l’emmenais au bord de la plage, qui devenait inquiétante seulement éclairée par la lune. Il était toujours dans son short de plage, avec l’air vulnérable d’un enfant perdu et très paradoxalement toujours cet air imbu de lui. J’avançais sur des escarpins à talons dont l’aiguille n’en finissait pas, moulée dans une robe très serrée d’un noir d’ébène. Sur mon épaule, un long fouet de cuir enroulé sur la taille et dans ma jarretière un canif. Au loin, la mangrove, et sur l’eau les palétuviers se livraient à une danse macabre. Je marchais sur l’eau avec mon air décidé des mauvais jours. D’un coup de canif j’ai tranché quelques lianes afin d’attacher cet homme en train de s’enfoncer dans des eaux trop boueuses pour lui au milieu de cette mangrove, suspendu au-dessus de l’eau, dans l’inquiétude de cette nuit calme et je lui ai aboyé dessus. J’ai écarté ses bras, attaché ses poignets, écarté ses jambes et ficelé encore ses grosses chevilles dodues. J’ai reculé pour admirer le tableau, mais la lune ne reflétait dans l’eau que la tourmente de ces palétuviers emmêlés et le short hawaïen de couleurs vives, comme flottant dans la nuit. Qu’importe. Je n’avais pas besoin de voir les détails, mais j’avais besoin d’entendre sa voix me supplier.

J’ai lancé ma jambe à la verticale, si haut que la pointe de mon escarpin verni a pénétré directement sa bouche, caressé sa langue, cogné ses dents. J’ai poussé avec tant d’insistance qu’il commençait à étouffer. Pendant que je poursuivais mon intrusion, j’ai caressé ses épaules de mes longs doigts gantés de latex, je me suis attardée sur la pointe de ses mamelons que j’ai eu très envie de pétrir, malaxer, pincer, pour entendre sa souffrance étouffée par le bout de mon soulier. J’ai continué cette promenade jusqu’à la base de son maillot quand l’idée m’est venue de franger son vêtement de quelques coups de couteau pour pouvoir, du bout d’un seul doigt caresser ce petit vit gras et mou et le faire grandir à mesure que je le réprimais. J’ai pris mon temps pour taillader ce short. J’ai d’abord caressé son ventre et ses cuisses de la lame acérée et brillante dans la nuit. De temps en temps, j’ai appuyé sur la chair abondante, juste pour voir. Sans avoir vraiment l’intention de faire couler de sang, mais dans l’inexactitude de la nuit, j’ai vu quelques larmes du liquide sombre couler sur sa peau, comme j’ai entendu son souffle excité par cette petite douleur. J’ai reculé d’un mètre ou deux, regardé mon ombre distordue sur la mer plate : les jambes écartées, les escarpins si hauts, robe si courte, si collante, si moite et maintenant avec mon long fouet à la main, j’étais comme un croisement entre Hulk et Barbarella. Cette vision m’a inspirée pour mieux faire danser ma liane cruelle sur son corps. J’ai pris le soin de labourer consciencieusement ses deux cuisses, déjà endolories, et j’ai volé dans les airs pour avoir l’espace nécessaire pour atteindre son dos, ses fesses, faire monter le rythme de ses supplices crescendo, composer une mélodie de sa douleur.

Lorsqu’un nuage a caché la lune, j’ai cessé de voir mon vacancier insolent. Alors je me suis approchée de sa verge, pour en examiner la fermeté. Elle était assez dure pour m’exciter. J’ai d’abord sorti mes seins du corset qui les tenait jaillissants, et j’ai promené leurs pointes qui ont durci au contact de sa turgescence. Je me suis retournée en relevant ma robe et ce sont mes fesses qui se sont frottées à lui,tandis que mes mains jouaient à faire rouler ses testicules dans leur poche de peau rétrécie et fripée. Toujours dos à lui, d’un coup de hanches sec, j’ai absorbé sa queue aussi loin que possible et j’ai ondulé sur elle à ma guise. Quand ma jouissance s’est doucement annoncée, j’ai enfoncé mes ongles carmin dans ses cuisses et ils se sont confondus dans le rouge des coupures encore sanguinolantes qu’il avait sur les cuisses. Je ne voulais pas lui donner la satisfaction de mon plaisir. Et puis, je l’ai laissé crucifié dans cette forêt macabre, dansant au-dessus de l’eau.

Au réveil, tout était intact dans ma mémoire. J’ai rapidement noté l’essentiel, avec un grand sourire rêveur. Dans la salle à manger de l’hôtel, il guettait mon arrivée avec le regard plein de soumission des cockers. C’est le froncement de mes sourcils et le claquement de mes talons qui lui ont fait comprendre à quel point cette nouvelle journée s’annonçait belle.

Esse Heme

Commentaires (2)

  • valentin souvent a paris !!

    Valentin !
    voila un tres beau recit !reve ou realite la frontiere est parfois si proche !Qel plaisir d imaginer que lorsque je suis a Paris et que je pose mon regard sur de tels escarpins et talons ,je pourrais etre inviter a les suivre et alors subir !!! j aime cette invitation a vivre !

  • GLAPSXQzjIfdp

    We’ve arrievd at the end of the line and I have what I need !