Strap on

Le 07/07/2023

Je suis maladroite. Je m’emmêle toujours les pinceaux. Mais, bizarrement, jamais dans ces moments-là…
Gestes précis, rapides. Je suis prête en un clin d’oeil. Je devance ton désir. Je te surprends. Tu ne t’y attendais pas et je suis déjà à te claquer tes bonnes grosses fesses en disant que j’aime ton cul !
Salve de protestations. Juste pour la forme. Car tu sais ton arrière-train massif. Et que je l’aime tel. Parmi les choses que j’adore chez toi, il y a, chaque matin, ces contorsions que tu réalises pour caser ce mirifique pétard dans ton jeans ! Adoration. Oui, c’est le mot juste pour qualifier l’effet qu’exerce ton cul sur moi. Acception sacrée, acception sexuelle. Tes deux hémisphères de chair, jamais je ne les contemple sans éprouver la plus cruelle des tentations !
Les pétrir, les pinçoter, les tapoter… Réprimer la pulsion de les saisir à pleines paluches. Dans la rue, dans le métro, dans un magasin. Dans tous endroits, à tout moment. Ton popotin met mes hormones sur le gril. Sauf à m’arracher les yeux comme sainte Lucie, souffrir de frustration constitue mon lot quotidien, ma croix.
Bien sûr, quand tu enfiles ton jeans, dans la chambre, c’est plus commode. Je me glisse derrière toi. Je te pince. Je te lutine en embrassant ton cou. Si nous avons le temps, nous allons plus loin.
J’avoue : j’y vais parfois un peu fort… Mais ça me plaît tellement de malmener ces rondeurs ! De te faire un tout petit peu mal. Pour nous faire beaucoup de bien…
Tu piailles, évidemment. Tu me dis d’arrêter, m’objurgues… Mais de quel noir regard suis-je fusillée si, par malheur, j’obtempère ? Ne dis pas le contraire ! De toute façon, tu sais très mal mentir. A chaque fois, tes récriminations sont des pousse-au-crime ; tes rebuffades, des injonctions. Tu joues la comédie de l’indignation à plaisir. Tu mimes la farce de l’effarouchement à merveille. Du théâtre tout ça ! Hop, tu t’attribues le rôle de la vexée, j’incarne la vilaine, et nous voilà parties, comme à la Comédie française ! La scène débouche sur ce paradoxal et invariable dénouement. Pour accepter de pardonner, l’outragée supplie qu’on la punisse !
A quatre pattes sur le lit, tu remues ta croupe, féline. Cambrée et totalement à poil. Tu m’exposes ton postérieur avec une indécence qui me scandaliserait… si c’était à une autre que tu offrais ce privilège : te mater ainsi. Oeillet proéminent et vulve dilatée.
Ok, je suis jalouse. Oui, jalouse. Rétrospectivement, m’horripile l’idée que tu aies pu montrer ça à une autre, naguère. Je veux dire tel quel, avec cette même candeur obscène…
En pensant que tu pourrais réitérer cette trahison, je le suis plus encore. Que l’amour ne dure pas toujours, cela m’indigne, me révolte, me terrifie. Tu ne comprends pas ça, toi, vu la « plasticité » de tes sentiments…
La jalousie me rend vacharde. J’ai envie de te faire payer tes liaisons passées. Et, surtout - par anticipation du pire - tes liaisons futures. Je donne des ordres :
- Mets tout tes doigts !
Tu sais ce que ça signifie… Tu connais la règle… A la fin les cinq doivent y être… Je t’observe procéder à ce fisting en me tripotant les tétons. Oh, tu es rompue à l’exercice. Possède l’art et la manière. Les cinq, au bout de quelques minutes d’effort, sont dedans.
Main enfoncée in extenso. Tu te pénètres. Poignet incliné à 90°. Tu te baises bien. Comme j’aime. Avec la ferveur d’une prêtresse vaudou en délire. La fougue furieuse d’une femme folle de ses fesses.
Cette fois-ci, je t’ai laissée tout faire. Tout. Enlever tes bagues. T’enduire toi même de lubrifiant en faisant jaillir le gel du tube. Je raffole de te regarder faire ça. Entendre le giclement du produit qui fuse de l’embout…
Je me tiens à l’autre extrémité du lit, le dos collé au mur, nue, avec le gode-ceinture. Si bien fixé qu’il est devenu partie intégrante de mon sexe. Je masturbe ce faux phallus. Le frotte sur mon clitoris. Grands dieux, quels frissons ! Je les cache tant bien que mal… Je prends une voix autoritaire. Te fixe des directives en me pressant les seins.
Tu es tout ouïe, ma chérie. Obéissante afin d’être mieux obéie. En réalité, c’est ton désir que je contente. Le mien consistant à te satisfaire. Il me plaît d’assouvir ta fringale de sensations fortes. De jouer les novices pour enflammer tes fantasmes. Ton excitation m’excite. Ta perversion me pervertit. Si j’avais eu une compagne plus sage, jamais, non jamais je ne me serais livrée à de tels jeux. Et ça te plaît de le savoir.
Tu as le don d’entraîner ton monde sans avoir l’air d’y toucher. Du jour où tu m’as encouragée à compléter ma collection de dildos, que tu as commencé à m’offrir des engins s’adaptant à des harnais, scellé était mon sort. En effet, ces « cadeaux » il me fallait bien les essayer avec celle qui me les avait si innocemment offerts…
Et la cravache, achetée avec des bottes, dans un magasin de sport, au prétexte que tu voulais te remettre - après quinze ans ! - à l’équitation !
Le soir même, tu m’incitais à m’amuser avec. A te faire aller, bottée, à la badine. Tu t’étais mise à quatre pattes et tu me tirais la langue, hennissante, en me traitant de méchante fille !
Maintenant, regardant ta main qui va et vient dans ton vagin, je mesure à quel point tu as su me circonvenir. Une vraie rouée. Tu voulais me transformer. Utiliser mes désirs de pâte à modeler, m’assujettir à ta volonté. Tu as réussi. Telle tu voulais que je fusses, telle je suis devenue. Aliénée à ta lubricité. Tu te dandines, animale. Tu me jettes des oeillades de folie. Tu gémis, retires ta main gluante, qui m’appelle du doigt. Je suis hypnotisée. Aussitôt, je viens à toi, nantie de ma grosse bite en vinyle et élasthanne…
Je me positionne. Frotte mon jouet sur ton clitoris. L’enduit de lubrifiant. Puis doucement, lentement, patiemment, j’enfonce les vingt centimètres dans ton bel orifice béant. Tu kiffes les grands formats, n’est-ce pas ?
Clac ! Pour commencer, une première gifle. Une deuxième, plus forte, ensuite. CLAC !
Tu oscilles des hanches. En même temps, je bascule d’avant en arrière. Le rythme s’accélère…
Tu te masturbes les yeux fermés, concentrée. Je te connais. « L’égoïsme est la base du plaisir », répètes-tu à l’envi. Il faut d’abord penser à soi pour contenter l’autre. C’est ton credo. Raison pour laquelle tu jettes des jurons, déclares être « ma grosse salope » etc.
Tu le fais d’abord pour toi. Parce que ça te met en transe. Et parce que ça m’éperonne. Tu veux que j’accomplisse ma rude besogne en ouvrière sévère. Soit. Je t’injuries. Je te fous des fessées monstres. Ta peau blanche bleuit. Te voilà à point.
« Ça vient, ça vient ! » souffles-tu. Double fessée. J’écarte ton séant. Il est tatoué en rouge par mes dix doigts. Voici ton anus dans toute sa splendeur ! J’enfonce une phalange. Tu serres, tu serres…
Soudain, ton souffle se coupe. Tu te figes. Puis ce sont des frétillements furieux, des tressaillements terribles. Des cris rageurs, éruptifs, diaboliques…
Les épilogues provocateurs, c’est ta spécialité. Tu es encore essoufflée par l’orgasme mais tu entends me prouver que tu restes fidèle à toi-même. Et que ta mauvaise foi est bel et bien sans limites.
« Eh bien, ricanes-tu, tu es contente, tu m’as encore baisée comme un mec ! ». J’en reste bouche bée, estomaquée.
Je n’ai jamais eu de rapport avec un homme, et tu le sais. Tu en as eu des dizaines, et je n’en ignore rien. Et c’est moi qui serais ambiguë !
J’ai retiré mon harnachement. Je te prends par les cheveux. Te ramène à la réalité de mon sexe. Et entre mes cuisses, libérées de tout artifice, ta langue reconnaissante rend l’hommage dû par ton vice à ma vertu. Ce qui est bien la moindre des choses.

Laure de B.