La Libraire de Belle-Île

Le 30/07/2010

Elle la rencontra au troisième jour de son séjour sur l’île. Le petit stock de livres qu’elle avait emporté avec elle l’avait tenue à l’écart de la librairie jusque là. Mais les heures de train à grande vitesse la conduisant en Bretagne avaient grandement érodé le stock en question, et les moments qu’elle réservait à la lecture à la plage ou dans le jardin de sa maison de location firent le reste. Le matin du troisième jour, profitant de son passage au village pour acheter de la crème solaire (on n’était qu’à la mi-juin, et le ciel bleu et la chaleur insistants vous faisaient vous croire en plein mois d’août), Caroline poussa la porte de la librairie.

Un homme finissait de payer ses achats et quittait les lieux au moment où elle entrait. Après quoi, elle se retrouva la seule cliente présente dans la boutique. N’appréciant que très modérément ce genre de situation, elle fila sans un regard en direction de la libraire vers un rayon au hasard, et s’y plongea dans l’examen des noms des auteurs et des livres. L’exhaustivité et la qualité de la sélection à l’œuvre dans ce rayon comme dans les suivants qu’elle parcourut la mirent de très bonne humeur. Elle aimait cet endroit, ce qui était, ainsi qu’elle se le dirait plus tard, la meilleure introduction possible au fait d’aimer également la personne qui s’en occupe.

Lorsqu’elle revint à proximité de la caisse, ce fut avec quatre livres dans les mains. Ses yeux se posèrent alors finalement sur la libraire, et s’en trouvèrent subjugués. Les traits de son visage étaient d’une douceur qui semblait pensée pour contraster avec l’intensité impérieuse de son regard bleu azur. Au-dessus de ses yeux, ses sourcils blonds rappelaient l’éclat de ses cheveux flottant sur ses charmes et leur offrant un écrin doré. Caroline n’était pas encore dans une situation permettant de juger le reste du physique de la libraire, mais elle pouvait assurément profiter du pull moulant blanc à rayures bleu nuit qu’elle portait et de l’allure de fantasme qu’il lui donnait : la jolie bretonne sexy vêtue d’un pull marin typique de jolie bretonne sexy (et vêtue uniquement de cela ?, ne put-elle s’empêcher de se demander pour elle-même). La surprise causée par cette apparition empêcha Caroline de tenter une approche quelle qu’elle soit. Elle récita tel un automate ses répliques de cliente anonyme de magasin (« Bonjour » – « Par carte » – « Merci au revoir ») et s’éclipsa, son sac en papier rempli de livres à la main comme unique signe d’un échange avec cette si séduisante jeune femme.

Le contexte dans lequel cette rencontre avait pris place n’était pas favorable, Caroline le sentait et elle maudit le sort pour cela sur tout le chemin qui la ramena vers la maison. Elle qui partageait équitablement ses passions entre hommes et femmes ne s’était en effet encore jamais retrouvée dans la situation de faire des avances à une de ses semblables du deuxième sexe. Dans ses relations lesbiennes, elle avait toujours été la proie – au moins pour les premières étapes de la séduction. Le hasard de la lecture d’une phrase d’Une Partie de campagne, une des œuvres qu’elle avait précisément achetée chez la belle libraire, la convainquit que cette fois elle allait bel et bien se muer en chasseresse. Car la libraire était « une de ces femmes dont la rencontre dans la rue vous fouette d’un désir subit, et vous laisse jusqu’à la nuit une inquiétude vague et un soulèvement des sens », et l’appel de ce soulèvement des sens était trop fort pour que Caroline puisse s’y soustraire d’une quelconque façon.

Elle revint dès le lendemain à la boutique, et dès l’ouverture ou presque tant elle ne pouvait attendre de passer des fantasmes (qui avaient largement occupé ses rêves, ainsi que les pensées à demi inconscientes que l’on a juste avant de succomber au sommeil) aux actes. Une fois encore, elle était la seule cliente, cette fois probablement car il était trop tôt pour que les habitants de l’île et les autres vacanciers viennent assouvir leur éventuel besoin de nouvelles lectures. L’objet de son désir ne se trouvait par conséquent pas près de la caisse mais devant un des rayonnages, qu’elle remplissait en exemplaires de livres réceptionnés ce matin-là. Caroline se réjouit de ce concours de circonstances. Il lui permettait d’admirer la libraire de dos cette fois, cette dernière ne s’étant pas encore rendu compte de sa présence. Elle portait la même marinière que la veille, blanche avec des rayures du même bleu nuit que la jupe plissée qui couvrait ses cuisses mais pas ses jambes. Des nus-pieds tout simples, et un élastique discret qui retenait ses cheveux en une fine queue de cheval, complétaient de part et d’autre sa tenue. Quand la libraire se penchait pour prendre un livre dans le carton posé à ses pieds, la ligne droite descendant de sa nuque gracile à ses délicates chevilles laissait la place à la rondeur parfaite du galbe de ses fesses. Quand elle se redressait et étirait son buste pour attendre une rangée un peu haute c’était une autre courbure de rêve qui apparaissait, celle de sa poitrine se gonflant sous l’effort et perçant sous le pull.

Caroline resta quelques instants interdite devant la beauté de cette chorégraphie exécutée uniquement pour elle. Son cœur battait à tout rompre, ses propres seins durcissaient, son sexe s’éveillait et commençait à imprégner sa culotte de mouille. Les décharges d’adrénaline provoquées par ces différentes sensations se diffusaient en elle dans toutes les directions, et cette excitation générale et irrésistible la porta jusqu’à quelques centimètres des formes si tentantes de la libraire. Arrivée si près d’elle, tout ce que Caroline voulait était de la toucher, la caresser, l’embrasser, la vénérer physiquement et sans plus attendre. Elle parvint à contrôler ses pulsions (mais pour combien de temps le pourrait-elle encore ?) et laissa ses paroles plutôt que ses doigts ou ses lèvres faire le premier pas. Un simple « Bonjour », mais un bonjour à point d’exclamation, bien plus sincère et séduisant que son bonjour à point final marmonné la veille à l’intention de la même personne. Et ce qu’elle savait être son plus beau sourire lui vint naturellement aux lèvres, comme poussé par ce bonjour issu de sa gorge.

— Bonjour ! répondit la libraire en se retournant et en souriant elle aussi. Vous avez déjà dévoré vos achats d’hier ?

Le sourire de Caroline s’agrandit encore. La libraire se souvenait d’elle, sans l’ombre d’un effort. Elle en retour, désirait encore plus ardemment la couvrir de baisers.

— Non, quand même, j’essaye de faire en sorte de les savourer à leur juste valeur. Et puis il ne faut pas aller jusqu’à sacrifier aux livres le contact d’humains en chair et en os...

Puis elle enchaîna, pour ne pas laisser à la libraire le temps de lui demander la raison de sa venue :

— Je peux peut-être vous aider à finir ?

— Je veux bien, oui ! Passez-moi les livres au fur et à mesure, ça m’évitera d’avoir à me plier en deux sans cesse.

Il ne fallût pas plus de deux livres passés de main en main avant que le désir ne s’empare des doigts de Caroline et les fasse s’égarer sur l’avant-bras de la libraire. Son cœur palpitant, ses seins gonflés, son sexe trempé, tout en elle était aux aguets dans l’attente de la réaction à cette avance de sa part. La libraire resta immobile, à l’exception de ses yeux qui se portèrent sur les doigts baladeurs et de sa bouche qui s’écarta en un sourire mutin. Elle était visiblement plus curieuse qu’inquiète de ce qui pouvait suivre, et Caroline répondit à cette curiosité en poursuivant la montée de sa main vers le coude, puis l’épaule, puis, plus loin, le cou et la fossette de la libraire devenue terrain d’exploration enfiévrée. Leurs regards se croisèrent alors, leurs sourires se firent écho l’un à l’autre, et se rapprochèrent jusqu’à se confondre en un baiser intense.

Le reste de leurs corps suivit, et Caroline sentit un à un les endroits successifs où sa peau rejoignait celle de la libraire – les épaules, les seins, les hanches, les jambes – comme si cette étreinte se réalisait au ralenti. La chaleur qui la remplit dès lors qu’elle se trouva entièrement dans les bras de cette si douce jeune femme était une chaleur délectable, sécurisante et nullement étouffante. Elle comblait tous ses sens, et Caroline fut incapable de réaliser durant combien de temps (une seconde, une heure ?) elles s’étaient embrassées lorsque la libraire se détacha d’elle et fit quelques pas de côté pour s’adosser à un escabeau déplié qui permettait d’atteindre les rangées de livres les plus élevées. Elle finissait de se cambrer en arrière et de relever une jambe en posant le pied sur une des marches quand Caroline se pressa à nouveau tout contre elle. Elle dirigea une main vers le creux des cuisses que la jupe ne recouvrait maintenant presque plus. Elle n’eut ainsi à écarter aucune résistance sur son chemin vers les dessous de la libraire. La dentelle blanche de la culotte était si fine, qu’en y posant ses doigts Caroline eut l’impression d’appuyer directement sur les portes soyeuses du temple qu’elle convoitait. Bien que tendre, ce contact embrasa violemment le corps des deux femmes. Caroline voyait se refléter dans les yeux de la libraire la flamme de ce désir, et elle savait qu’il en était de même dans son propre regard. Elle pressa plus fort contre les lèvres à la texture de velours, et sentit sous son pouce à travers la culotte ainsi étirée la toison fournie qui surplombait le sexe de la libraire. Elle-même s’était faite toute lisse avant son départ en vacances, et elle aimait cette différence entre elles.

Peut-être était-ce Caroline qui l’avait fait sans s’en rendre compte, ou peut-être la moiteur abondante du sexe de la libraire en était-elle la seule cause, mais soudain le frêle tissu de la culotte à cet endroit se trouvait déplacé sur le côté, inutile, et les doigts de Caroline étaient cette fois réellement en contact direct avec les portes de velours. Elle engagea un doigt dans l’embrasure cachée derrière les lèvres, et entendit le gémissement de la libraire monter délicieusement dans les aigus au même rythme que celui de sa progression dans son sexe. La pièce que son doigt arpentait était aussi vaste que l’entrée à franchir avait été étroite. Caroline ressortit son éclaireur et pénétra cette fois la libraire avec une expédition formée par ses deux plus grands doigts. Tel un instrument de musique parfaitement accordé, la libraire gémit de nouveau, sur la même note que précédemment mais avec une intensité redoublée. Caroline voyait comme elle se tenait et se reposait le plus possible sur l’escabeau afin de lui présenter au mieux son précieux temple. Ravie de cette reddition de sa part, et de la manière dont son sexe enserrait ses doigts, elle se pencha en avant pour l’embrasser à pleine bouche, et commença à lui faire l’amour.

Caroline ne voulait pas rompre leur baiser, comme si elle souhaitait recueillir pour elle seule tous les cris de jouissance sortant de la gorge de la libraire, qui se modulaient en fonction de l’enfoncement et de la vigueur des doigts qui l’exploraient. La libraire elle ne pouvait se défaire des lèvres de Caroline, tant elle aimait être à la merci de cette quasi inconnue. Caroline fouilla dans ses moindres recoins ce temple qui tenait toutes ses promesses ; emportée par son plaisir, elle en violenta quelques fois les murs et l’entrée par des assauts plus rageurs, semblables à des coups de bélier. Elle n’interrompit son travail de sape que lorsqu’elle n’en put plus de sentir la sève onctueuse se déverser à flots abondants sur ses doigts, maintenant depuis longtemps entièrement recouverts, et commencer sa descente sur le dos de sa main et son poignet. Elle voulait étancher sa soif à cette source intarissable, assurément miraculeuse. Elle se détacha de la libraire aux deux endroits où leurs corps étaient reliés, sa bouche et son sexe, en même temps. Dans un état second, la libraire arrêta de gémir. Elle n’avait pas la force d’exprimer sa volonté d’être reprise, mais Caroline s’agenouillait déjà pour réaliser ce vœu silencieux. Elle reprit cependant suffisamment ses esprits pour dire dans un murmure :

— Attends, je dois fermer la porte de la boutique…

— Non, je vais le faire. Reste là. Reste comme ça.

Totalement sous l’emprise de l’instant présent, Caroline n’avait à aucun moment réfléchi au fait que n’importe qui aurait pu entrer et les surprendre dans leurs ébats. Mais même maintenant que cette pensée avait fait surface, elle ne lui semblait pas tant dérangeante qu’excitante.

De toute manière, désormais, le verrou était tourné. La pancarte « Fermé » était placée en évidence sur la porte. Et la libraire était toute entière à elle.

Caroline retourna se placer entre ses cuisses restées écartées ainsi qu’elle l’avait demandé. La respiration de la libraire était forte, commandée par le désir qui faisait se soulever et retomber avec vigueur sa poitrine moulée par la marinière. Caroline entendait cela et le voyait du coin de l’œil, mais toute son attention était attirée par le temple qui s’offrait à elle. Le dessin de ses portes présentait une finesse de trait qui correspondait tout à fait à ce qu’elle avait senti au toucher. Sous l’effet de la mouille qui perlait, toute la zone scintillait comme un autel constellé de poussière d’or. Les effluves qui en émanaient étaient ceux d’un encens enivrant et irrésistible. Et comme un simple coup d’œil permettait de voir que la voie avait été parfaitement ouverte par les va-et-vient des doigts (même le clitoris ne se dissimulait plus aux regards), Caroline répondit sans tarder à l’invitation de cet encens et vint apposer sa bouche assoiffée contre le sexe de la libraire. Les cris de celle-ci reprirent de plus belle. Caroline commença par récupérer avec sa langue la sève qui recouvrait tout le pourtour de la source, par des mouvements circulaires de plus en plus resserrés jusqu’à atteindre le cœur de celle-ci. Là, elle tendit sa langue pour pénétrer le passage de l’extérieur vers l’intérieur. Celui-ci freina à peine l’intruse, et parut même plutôt l’inviter à entrer aussi loin qu’elle le souhaitait. Caroline pressa le plus fortement possible ses lèvres contre les portes, et sentit que la libraire avançait son bassin vers elle pour l’y aider. Sa langue pouvait désormais déambuler dans tout l’espace de l’inestimable temple. Elle en fit lentement le tour, caressant ardemment ses murs et trouvant leur texture, leurs sinuosités, leur goût parfait. Et tout le temps de cette visite elle se délectait de cette sève sucrée dispensée en quantité toujours grandissante, et uniquement pour elle puisqu’elle n’en laissait plus aucune goutte s’échapper.

Lorsqu’elle se sentit rassasiée, Caroline fut enfin en mesure de se concentrer sur le plaisir de sa partenaire. Elle remonta son visage de quelques centimètres pour présenter sa langue devant son clitoris. Infatigable, elle recommença, raidie et souple tour à tour, à lécher, laper, tambouriner délicatement ce bouton de plaisir. Elle sentait celui-ci vibrer fébrilement sous ses soins et diffuser dans tout le corps de sa propriétaire les ondes de plaisir dont il détenait seul le secret. Caroline sentait ces ondes passer dans les hanches de la libraire, que ses mains enserraient fermement ; elle les voyait faire durcir ses seins et pointer ses tétons sous la marinière ; elle les entendait s’échapper de sa bouche sous toute une variété de formes, des longs soupirs aux exclamations succinctes et répétées. Mais quand elle sentait la soif revenir, Caroline retournait s’abreuver à la source malgré les légers grognements frondeurs de la libraire. Le plaisir de cette dernière redescendait alors, mais il restait vif et surtout, il repartait de plus belle dès l’instant où la langue de Caroline recréait le tourbillon de caresses qui enveloppait son clitoris. La libraire se sentit plusieurs fois sur le point de jouir, mais Caroline la retenait au bord du précipice. Elle parvint finalement à la prendre de vitesse et à atteindre un orgasme prodigieux, volcanique, qui arracha à sa gorge un hurlement long et puissant résonnant aux oreilles de Caroline comme une merveilleuse mélodie.

Caroline caressa et embrassa la libraire jusqu’à ce que les derniers spasmes de jouissance s’éteignirent. La libraire rouvrit les yeux, qu’elle avait gardés clos depuis que la bouche de Caroline s’était posée sur son sexe, comme éveillée à un nouveau monde. Elle sourit à celle qui l’avait si bien guidée vers l’extase, et en lui prenant les mains la fit se relever puis s’asseoir à cheval sur sa cuisse nue. Caroline comprit quelle était l’étape suivante, et appuya de tout son poids sur son siège de circonstance. C’était au tour de son clitoris d’être convoqué, stimulé par les mouvements d’avant en arrière de son bassin le long de la cuisse tendue de la libraire. Les mains toujours jointes des deux femmes permettaient à Caroline d’accélérer et d’appuyer à sa guise jusqu’à trouver la cadence et la pression idéales pour rendre le frottement contre son sexe le plus enchanteur possible. Son jean était suffisamment moulant et son string suffisamment ténu pour n’émousser que de manière infime les sensations qu’elle se donnait en chevauchant ainsi.

Les encouragements tantôt sensuels, tantôt obscènes susurrés à son oreille par la libraire l’emmenaient encore plus haut. Portée par la fièvre qu’elle avait ressentie à lui faire l’amour auparavant, Caroline était tout à fait disposée à poursuivre, et achever, sa propre ascension dans cette position. Mais la libraire l’interrompit.

— Lève-toi. Je veux te toucher moi aussi.

Caroline s’exécuta. Elle était à peine debout, les jambes encore écartées, et la libraire déboutonna son jean et, sans prendre le temps de dégager plus que cela le chemin, plongea une main entière dans son string. En un instant ses doigts se trouvèrent face à l’entrée de son sexe, et le bas de sa paume appuyé contre son clitoris. La libraire maniait ces deux leviers avec une dextérité à laquelle Caroline s’abandonna complètement. Elle découvrit ainsi que son sexe ne demandait qu’à s’ouvrir comme une fleur prodigue à l’approche de ces doigts indiscrets. Ceux-ci venaient pourtant à l’assaut toujours plus nombreux, mais Caroline était à chaque fois en mesure d’en accueillir un de plus ; et ce jusqu’à ce qu’ils soient tous bien comprimés en elle, à l’exception du pouce que rien ne semblait devoir détourner de sa mission en solitaire sur son clitoris. Il s’activait tellement à cet endroit, et le pressait avec tant de force… A lui seul, mais dans une position hautement stratégique, il provoquait autant de chaleur et de furie en Caroline que les quatre hôtes rassemblés juste de l’autre côté de la fine paroi de son sexe.

En la travaillant ainsi de part et d’autre, la libraire rendait à Caroline la pareille de ses traitements antérieurs. C’était à son tour de se liquéfier sous l’effet de la jouissance, de perdre la plus grande partie de son contrôle habituel sur ses jambes, de sentir sa sève jaillir d’elle et dévaler la pente de ses cuisses. Ce n’était plus elle qui prenait du plaisir mais le plaisir qui s’emparait d’elle. Il était inconcevable qu’elle résiste encore durablement, mais la libraire trouva le temps d’ajouter une dernière touche à ce tableau des délices. De sa main libre elle fit tomber la bretelle du débardeur et celle du soutien-gorge de Caroline le long de son bras, et révéla ainsi un de ses seins saouls de désir. Elle s’en saisit et le pétrit avec un mélange de fermeté et de douceur à rendre folle toute femme passant sous ses paumes, les novices comme les plus expérimentées. Ses doigts pouvaient se faire tendres à la lisière de l’arrondi du sein et sévères au moment où ils se refermaient sur le téton, ou au contraire insistants dans les premiers stades de la capture et caressants une fois revenus sur la cime. Mais le plus grand prodige était peut-être que quelque soit la modulation choisie, celle-ci ne retirait rien à la vigueur du pilonnage opéré par l’autre main, entre les jambes de Caroline. Elle était toujours parfaitement prise, et continua à l’être lorsque la libraire fixa sa main sous son sein pour le présenter à sa bouche comme le fruit délicieux qu’il était. Elle ouvrit en grand ses lèvres pour en gober la plus grande portion possible en une fois. Puis elle les referma lentement, jusqu’à ne garder que la pointe dure du téton entre ses dents. Elle y mordit comme on mord dans sa friandise préférée, voracement.

Elle laissa sa langue partir à l’assaut de l’extrémité ainsi piégée et offerte, et redoubla encore ses efforts dans le string de Caroline. Celle-ci ne savait plus où donner de la tête, ni lequel des supplices qu’elle subissait la faisait hurler de plaisir. La seule pensée encore claire dans son esprit était un sentiment de jalousie à l’égard de la libraire, car elle voulait elle aussi se déchaîner avec sa langue et ses doigts sur sa poitrine. Elle n’y manquerait pas, la prochaine fois. Oui, la prochaine fois... Elle jouit à son tour, en se projetant déjà sur cette prochaine fois.

[gris]Camille Else[/gris]

Commentaires (6)

  • Smo

    Texte coquin très agréable à lire. Moi qui écris de mon côté, vous me donnez l’envie de diffuser mes pages sur le net (même si, in-expurgées, elles n’ont pas la qualité des vôtres...
    Merci pour ce très moment de lecture estivale...

  • seinologue

    Les ébats entre filles sont d’une délicatesse et d’une sensualité inouïe.... J’ADORE !

  • michel

    Super.Voilà comment doit se raconter l’amour entre femmes : tout en douceur, sans aucune violence. Je vous invite à écrire de nouveau, et peut-être sortir un recueil devos nouvelles.

  • Anonyme

    je connais la libraire de belle-ile... ça m’a fait très bizarre de lire cette nouvelle !

  • adrien

    Un texte d’une grande sensibilité écrit dans un style de qualité. Voilà une contribution qui fait plaisir à lire

  • MichelAime

    Très beau texte, intense et sensuel à la fois. Une belle description qui nous plonge avec vous dans l’action. On les voit ces 2 femmes, on s’y voit à côté en spectateur de cet échange intense et excitant. Bravo pour ce beau texte et cette belle écriture.