Botox ou orgasme ?
Le 09/01/2025
Ne pas vieillir, effacer toute pli qui serait l’empreinte du temps se résout d’une façon simple dans la plupart des cas : courir chez le dermato pour se faire faire d’ingénieuses injections de Botox qui figent l’apparence dans une jeunesse semi-éternelle, à condition de recommencer régulièrement.
Oui, mais voilà que ces injections ont aussi pour effet d’affaiblir des muscles faciaux ciblés, dont les impacts sont multiples et peut-être même étonnants. On sait depuis un moment déjà que réduire les rides dites "du lion" réduisent la capacité à froncer les sourcils, et que cette incapacité impacte l’humeur. C’est ce qui s’appelle la "rétroaction faciale", hypothèse suggérant que l’expression faciale renforce le sentiment interne de cette expression. Le test est facile : en se forçant à froncer les sourcils, on fera naitre des pensées négatives, à l’inverse, en se forçant à sourire, on améliore instantanément son humeur. Bref, tout ça avait l’air très bien (ou presque), jusqu’à l’arrivée d’une récente étude sur l’impact des injections de Botox sur la vie sexuelle.
Quoi ?
Si.
Qui a dit que le visage restait de marbre pendant les rapports sexuels ? Or, si le visage est trop figé, que devient l’orgasme ?
Il semblerait qu’il s’atrophie, or, ce dysfonctionnement orgasmique toucherait entre 16 et 25 % des femmes.
En leur temps, les sexologues Master et Johnson avaient étudié 10.000 interactions sexuelles et les expressions faciales qui les accompagnaient, en constatant un schéma récurrent : pendant l’excitation sexuelle qui précède l’orgasme, les gens froncent les sourcils, dans des objectifs évolutifs, dont la signalisation au partenaire du degré d’excitation, elle-même soutenue et améliorée par ce froncement.
Michael B Lewis, chercheur à l’Université de Cardiff, en Angleterre, à récemment publié une étude restreinte à un petit nombre de femmes, intitulée " Les interactions entre les traitements faciaux à base de toxine botulique et les émotions incarnées ". 24 femmes traitées au Botox et 12 non traitées ont répondu à un questionnaire portant sur le désir, l’excitation, la lubrification, l’orgasme, la satisfaction et la douleur.
Les participantes traitées au Botox ont signalé une réduction de leur fonction sexuelle par rapport à celles sans traitement, en particulier concernant l’orgasme. Cela pourrait confirmer l’idée que les expressions faciales font partie intégrante du coït, servant de signal aux partenaires et de mécanisme d’auto-renforcement du plaisir. L’étude porte sur peu de cas et n’inclue aucun homme, ce qui limite sa portée.
Mais rien n’empêche de raisonner par sophisme :
Master & Johnson ont montré l’importance des expressions faciales dans le rapport sexuel,
On sait que le Botox entraine une rétroaction faciale,
Donc, si les expressions faciales sont empêchées pendant l’acte sexuel, il y a une certaine logique à conclure que la jouissance s’en trouve, de fait, affaiblie.
Rester jeune (en apparence) ou jouir, il faut choisir...