Les 200 clitoris de Marie Bonaparte

Entretien avec Alix Lemel

Le 17/09/2010

En 1924, une certaine Marie Bonaparte publie - sous pseudo - un article « scientifique » dans lequel elle dit avoir constitué un échantillon de 200 clitoris (!) pour valider une thèse sur la frigidité féminine. L’écrivain Alix Lemel raconte magnifiquement comment celle qui deviendra la première femme française psychanalyste, s’oppose alors à Freud et à sa théorie sur la sexualité. Et comment s’engage une cure pas comme les autres…
Dans cet entretien Alix Lemel nous confie les clés de lecture de son ouvrage Les 200 clitoris de Marie Bonaparte, à paraître le 22 septembre.







Qui était Marie Bonaparte… une féministe révolutionnaire ?

Elle n’est en rien révolutionnaire. Princesse de naissance, elle l’est doublement par son mariage avec le prince Georges de Grèce et de Danemark. Lorsqu’elle écrit l’article sur les 200 clitoris, en 1924, elle a 42 ans, elle est mère de deux enfants et s’ennuie avec son mari. Elle écrit : « Le libre épanouissement de soi se flétrit entre les murs de la maison conjugale. […] L’oppression du mariage est une maladie universelle, si nécessaire, et j’ose croire qu’il est davantage de veuves délivrées que de veuves éplorées. » Elle a eu quelques amants, pas tous choisis dans les hautes sphères. Elle est une femme libre, mais elle n’est pas féministe.

À quoi attribue-t-on la frigidité en 1924, au moment où elle publie son article ?

Dans l’univers freudien, je crois, principalement aux « habitudes vicieuses ». À l’issue des huit séances que Freud a consacrées au problème de la masturbation lors des Mercredis de la psychanalyse, dans les années 1910-1911, le jugement a été rendu : la masturbation est nocive, surtout lorsqu’elle s’accompagne de fantasmes. Elle rend les femmes frigides et névrosées.

Les « 200 clitoris » dont parle Marie Bonaparte étaient-ils fictionnés, fantasmés ou réels ?

Ce n’était qu’une stratégie mise en place contre l’alternative posée par Freud : l’orgasme vaginal ou le divan. C’est de cette théorie freudienne qu’il faudrait se demander si elle était fictionnée, fantasmée ou réelle. Marie lui a opposé une théorie anatomique aussi délirante, qu’elle n’a même pas cherché à rendre crédible. Contre le discours « scientifique » de Freud, elle a brandi des instruments du même tonneau – scientifiques au niveau d’une salle de collège : un compas et un décimètre. Où a-t-elle planté deux cents fois la pointe du compas ? Dans le méat urinaire des dames « prises au hasard » qui ont accepté de se prêter à l’expérience ? Comment une revue médicale a-t-elle pu publier un tel article ? Il est vrai qu’il est surmonté d’un prudent « Travaux originaux »…

PNG - 220.5 ko

En quoi la théorie de Marie Bonaparte s’opposait-elle à celle de Freud ?

Marie n’avait pas de théorie. Elle disait ce qu’elle ressentait. Freud assénait que l’orgasme devait être vaginal, car c’était le seul moyen pour lui de faire cadrer la sexualité de la femme dans son système. Marie répondait : Voilà, moi, ce que j’éprouve. Si vous voulez me convaincre, faites vos preuves. Faites-moi jouir vaginalement avec votre grosse théorie et je m’inclinerai très bas devant celle-ci.

Quelle place tiennent les hommes dans la vie de Marie Bonaparte et quelle responsabilité leur donne-t-elle dans le thème central de la frigidité qui occupa sa vie ?

Je ne suis pas sûre que ce thème ait vraiment occupé sa vie avant le moment où elle a décidé de rencontrer Freud. Selon Celia Bertin*, le problème de la frigidité ne la perturbait pas dans certaines rencontres clandestines. Elle aimait les hommes, elle aimait être aimée d’eux, elle a vécu de vraies passions, qui ont duré des années, entre autres avec Aristide Briand. Elle a eu aussi des aventures plus brèves, plus canailles. Je ne peux l’imaginer que très sensuelle.

Quels moyens se donna Marie Bonaparte pour rencontrer Freud ?

Elle s’est coulée dans le rôle qu’il attendait des femmes qui venaient le voir : elle s’est présentée comme une frigide désespérée de l’être, comme une névrosée attendant de lui la guérison. Tout le monde voit Marie comme une victime ou comme une folle. Je ne l’ai jamais considérée ainsi. Elle a agi en stratège. Cette frigidité, elle la brandissait pour attirer Freud vers l’hameçon. Il s’est laissé ferrer. Il a eu raison. C’était la dernière chance qu’il lui restait de vivre une passion, avant l’extinction des feux.

Pourquoi, selon vous, le père de la psychanalyse écouta-t-il cette femme plus qu’une autre ?

Parce qu’elle l’a écouté plus qu’une autre. Elle lui a posé sur lui des questions intimes, qu’il n’avait pas l’habitude d’entendre et qui l’ont troublé. Il était réservé, elle était exaltée. Il était puritain, elle lui balançait des mots crus. Il a dû être traversé de grands frissons. Elle se lançait sans garde-fou dans la passion qu’elle avait pour lui, l’obligeant à baisser la garde, à prêter le flanc. Pour lui, qui s’était toujours protégé de tout excès, ce devait être une délicieuse perdition, à la fin de sa vie, de goûter enfin à tout ce à quoi il avait renoncé.

Freud se faisait opérer de la mâchoire ; Marie Bonaparte, du clitoris. Que vous évoque le lien entre ces opérations de la bouche pour l’analyste et du sexe pour l’analysante ?

Ne m’entraînez pas sur le terrain de la psychanalyse, j’y suis mal à l’aise. J’ai voulu écrire une fiction policière. Au sujet d’opérations, je me suis demandé s’il y avait un lien entre les cautérisations du cornet des sinus que Fliess a pratiquées sur Freud et ce cancer de la mâchoire apparu plus tard. Ces cautérisations n’ont-elles pas ouvert dans le palais freudien une brèche par laquelle la fumée des cigares s’est engouffrée ? N’est-ce pas la vengeance posthume de Fliess ? Vous voyez, mon champ d’intérêt, c’est la fiction, pas la psychanalyse.

Cette opération du clitoris à laquelle Freud s’opposait a-t-elle changé la vie des femmes qui l’ont tentée ?

Si cette opération avait changé la vie des quelques femmes qui l’ont subie, elle serait encore pratiquée aujourd’hui, et à l’échelle industrielle. Freud avait une foi absolue en la toute-puissance de sa théorie. Pour lui, elle valait tous les scalpels. Il pensait sans doute que, s’il parvenait à convaincre les femmes de cesser de s’en remettre à leur clitoris pour leur plaisir, celui-ci finirait par se résorber et disparaître de la carte anatomique par inadaptation à la théorie freudienne.

Marie Bonaparte a-t-elle fini par convaincre Freud que l’orgasme clitoridien n’était pas le fruit d’une névrose ?

Elle n’avait pas à essayer, il l’avait toujours su. Ce dont elle avait à le convaincre, c’était de réviser sa théorie et renoncer à sacrifier le clitoris, ce qui aurait impliqué qu’il y inclue la part maudite, qu’il appelle la perversion. Pour qui veut légiférer sur la relation sexuelle, le clitoris est toujours de trop, car il est ce qui déjoue tous les dogmes. Freud se méfie du fantasme. Or, le clitoris draine le fantasme au cœur du rapport sexuel. Marie est arrivée trop tard. Freud était âgé, il avait bâti son édifice sur ce « sacrifice de fondation », il n’avait pas le courage de tout reprendre à nouveaux frais, de déterrer le clitoris et de chercher comment la psychanalyse pouvait être repensée sans cette excision symbolique.

Que nous a légué Marie Bonaparte ?

Elle a réintroduit de force le clitoris dans le système freudien. Les théoriciens ont été contraints de retaper le tableau général, mais ça se tient à peu près.

Les femmes croient-elles encore qu’elles doivent avoir des orgasmes par la seule stimulation vaginale ?

Si les femmes se sentaient frustrées lorsqu’elles n’ont pas d’orgasme vaginal, il y aurait dans chaque chambre à coucher des guerres à la Lysistrata. Le secret des femmes, ce n’est pas qu’elles peuvent simuler. Ça, les hommes le savent. Leur secret, c’est que, dans le coït, elles n’ont pas besoin de l’orgasme. Elles ont besoin de l’ardeur. Lorsque le coït prend fin parce que l’homme a éjaculé, le désir de la femme, s’il ne s’est pas conclu d’une façon ou d’une autre, est reversé dans le fantasme, le nourrit, l’exalte.

Orgasme clitoridien et orgasme vaginal au XXIe siècle : totems ou tabous ?

Le totem du XXIe siècle, c’est de croire que l’orgasme est le but du coït. Le tabou du XXIe siècle, c’est de refuser d’admettre que le coït n’est pas une fonction naturelle, mais une construction folle. Avoir un orgasme, c’est très facile, pour un homme comme pour une femme. On se retire dans un coin, on convoque les personnages de son scénario intime, et on se donne un orgasme en quelques minutes ou en une heure si on a envie de faire durer. On n’a pas besoin de l’autre pour ça. Faire l’amour, c’est autre chose. C’est offrir son corps – et prendre celui de l’autre – en pâture. C’est se baiser, se baver dessus, se baver dedans, se chercher, se perdre, se retrouver, se faire mal, se faire peur, se dégoûter un peu. C’est se colleter au désir de l’autre, à sa salive, à sa sueur, à ses odeurs, à son souffle, aux mots ou aux gémissements qu’il laisse échapper à son insu ou qu’il dévide sciemment. C’est se lancer sans corde de rappel dans une histoire à dérouler ensemble, en sachant que la seule façon d’en jouir, c’est de ne pas savoir par avance ce que l’autre veut, ce qu’on veut soi-même, et d’accepter de s’égarer. L’orgasme n’est ni un dû ni un objectif, c’est la borne qui signale un abîme. Le plaisir, c’est de tourner autour, de s’en approcher le plus possible jusqu’à se donner le vertige et de reculer dès qu’on risque d’être aspiré. Je ne suis pas sûre que les hommes soient si contents que ça de leur facilité à tomber dedans. Je ne suis pas sûre qu’ils n’envient pas aux femmes leur capacité de reconduire le désir, intact, d’un coït au suivant.

Les hommes aiment croire qu’ils réussiront à donner un orgasme à la femme grâce au coït. Lorsque la femme simule… qui est le bourreau, qui est la victime ?

Comment un homme peut-il être sûr que la femme simule ? Il y a des orgasmes réels qui induisent peu de manifestations extérieures et d’autres, simulés, qui sonnent juste. Il y a des orgasmes qu’on décide de feindre, dont on commence par donner les signes et qui vous tombent dessus réellement. Un homme n’aura jamais la certitude qu’une femme a simulé. Et une femme ne saura jamais si un homme n’a pas feint un orgasme fabuleux alors que l’éjaculation lui a tout juste apporté un soulagement.

Simulation. Stimulation. Que représentent ces deux mots pour vous ?

La seule stimulation pour l’espèce humaine, c’est le langage. Dès que l’amour se fait entre deux personnes qui sont dans le langage, il y a simulation, comme dans les jeux d’enfants. Alors, on dirait que tu serais le Grand Méchant Loup et je serais le Petit Chaperon rouge et tu me mangerais. Tiens, commence par là, en bas…

Si Marie Bonaparte avait 45 ans aujourd’hui, sur quel sujet écrirait-elle un article ?

Son article s’intitulerait : « Considérations sur les méfaits de l’orgasme comme figure imposée à la femme dans le coït ».


[gris]Propos recueillis par Adèle Santoni[/gris]

Les 200 Clitoris de Marie Bonaparte, Ed. Mille et Une Nuits. En librairie le 22 septembre, 12€.

[brun]Jeu concours : Votre clitoris a, au grès de vos expériences sexuelles, suscité chez votre partenaire de la jalousie, du désarroi ou une grande indifférence. Masturbation maladroite, profonde ignorance ou stimulation magistrale, partagez avec nous les joies et déboires de vos clitoris avec ces messieurs. Tous vos récits sur ce sujet nous intéressent. Racontez-nous votre expérience ci-dessous. L’auteure de l’histoire la plus stupéfiante, amusante, jouissive, bref, la plus étonnante recevra un Pocket Rocket. Utilisez un pseudo pour nous parler librement, mais indiquez votre adresse mail dans le champs ci-dessous (qui ne s’affichera pas), afin que nous puissions contacter la gagnante. Le concours est à présent terminé, rendez-vous sur notre dossier de la semaine pour jouer à nouveau.[/brun]

Bibliographie de l’entretien :
* Celia Bertin, Marie Bonaparte, Perrin, 1999.
Jean-Pierre Bourgeron, Marie Bonaparte, PUF, 1998 ; Marie Bonaparte et la psychanalyse à travers ses lettres à René Laforgue et les images de son temps, Honoré Champion, 2003.

Événement autour de Marie Bonaparte :
Une exposition sur Marie Bonaparte a lieu, du 16 septembre au 12 décembre 2010, au Musée des Avelines, 60 rue Gounod 92210 Saint-Cloud.
Tél. : 01 46 02 67 18.

Commentaires (16)

  • Alouette

    Je tiens d’abord à vous remercier pour ce formidable article et les dernières réponses absolument passionnantes de l’auteur.

    Pour les histoires maladroites autour des hommes et du clitoris, je crains d’en connaitre un peu trop.

    Disons que c’est déjà pas mal quand un homme se souvient d’où il est et se souvient de le caresser ou de le lécher avec autant de délicatesse et de plaisir que nos bonnes pipes. Mais dans la série comique, j’avais un amant qui en plus d’être maladroit avait une façon de couper ses ongles droits, avec un angle si parfait et si coupant, que si j’oubliais d’inspecter sa manucure avant de faire l’amour j’étais systématiquement cisaillée ! J’avais beau râler, rien n’y fallait. Ah ! si, la séparation.

  • Anne

    Je suis plutôt conciliante mais mon côté "bonne poire" à ses limites. Le jour où ce garçon, assez banal du reste, m’a rétorqué : "Stimuler ton "clitoquoi" ??", je l’ai viré sans ménagement de chez moi en lui conseillant de s’acheter un dictionnaire où il pourra découvrir que le clitoris n’est ni un os de la jambe, ni la capitale du Népal ! Aucun regret, ce mec se regardait baiser et j’ai pu comprendre pourquoi !

  • Blackmamba

    J’ai eu pas mal d’amants qui ont su me donner du plaisir. J’ai constaté que la plupart, bien que parfois maladroits, avaient très envie d’en savoir plus sur ce merveilleux bout de bonheur qu’est le clitoris, loin du cliché habituel selon lequel les hommes n’y portent aucun intérêt ; j’ai peut-être eu de la chance. Mais, j’avoue que la personne qui sait le mieux le stimuler, le lécher, le titiller, le mordiller, l’aspirer, le pourlécher, est mon mari. Peut-être me connaît-il de mieux en mieux, guète mes voluptueuses réactions et apprend à le connaître et l’appréhender. Le délice absolu est le suivant : sa langue mouillée glisse presque imperceptiblement sur mon clitoris, en attente, aux aguets, de son gonflement. Là, une fois assuré de sa réactivité et de son désir d’être flatté de plus vifs assauts, sa langue accélère son mouvement, s’appuie plus fortement pendant qu’un doigt se glisse dans mon sexe gonflé, innondé de plaisir.

  • Cléa

    Marie Bonaparte ( Bonne à part...quoi ) n’est pas l’anti-freudienne que l’on nous présente. Elle est la fondatrice d’une théorie encore plus contestable que la dualité clitoris-vagin que l’on reproche avec trop de véhémence à Freud pour prétendre si ce n’est l’avoir compris au moins l’avoir lu. Mais bon... Marie Bonaparte a fondé la théorie de la téléclitoridie, selon laquelle le clitoris devait ne pas être ( Trop ! ) loin de l’entrée du vagin pour être stimulable pendant le coït, la frigidité étant la conséquence de cet "éloignement". Cette théorie est la négation de la fonction érotique humaine et de celle du cerveau comme premier organe du plaisir, elle est aussi bête et infondée que peut l’être le "complexe" lié à la taille du pénis chez les hommes dont aucune femme ne dirait qu’il est l’expression d’une grande maturité relationnelle.
    Bref, si Marie Bonaparte avait des problèmes métaphysiques dans l’utilisation de son clitoris et d’une stimulation sans effet, la réflexion ( ?! ) et le "traitement" qu’elle en proposait ne font pas progresser le statut de la femme, bien au contraire et il est mal venu de la présenter comme pourfenderesse d’une théorie freudienne certes fausse sur ce point -trop- précis, mais qui ne résume pas le fond de ce que Freud a pu apporter de novateur à contre-courant du bien-penser de son époque. Et c’est à ce dernier que j’élèverais un panthéon du féminisme s’il y avait à le faire et non à la petite fille de l’empereur.

  • Sigmarie

    Cléa,
    On est à la fin du XIXe, un brillant homme fait quelques erreurs (le clitoris, jouissance infantile), une femme amoureuse qui n’arrive pas à jouir en tout cas vaginalement (j’ai l’impression que son clitoris lui procurait quelques plaisirs, sans toutefois le savoir précisément), et ensemble ils ont l’air d’avoir bousculé leurs idées reçues. Belle histoire de couple, en dehors de tout résultat psychanalytique. Elle me fait plus pensé à Coco Chanel qui bousculait et aidait Stravinsky, qu’à une femme qui avait pour ambition d’être elle-même analyste.

  • Jade

    J’aurais bien aimé gagner quelque chose, mais malheureusement, dès le moment où j’ai compris où mon clitoris se trouvait, j’ai conduit mes amants vers le lieu du plaisir, et quand je sens que je jouis, je me stimule moi-même ! Sincèrement, s’ils sont surpris, je crois qu’ils apprécient aussi que je me prenne en main !

    Merci pour ces articles et ces #FF !

  • Tiliolus

    Je suis un homme et trouve les quelques articles déjà lus ici très intéressants et les commentaires plaisants.

    Ce que je trouve intéressant dans cet article, c’est que Marie Bonaparte, tout comme Alix Lemel, démontent les préjugés masculins, comme féminins. De ce que je lis, je ne vois pas non-plus Marie Bonaparte comme une anti-freudienne, mais plutôt comme quelqu’un qui confronte Freud à ses théories ’pour le bien commun’ si j’ose dire.

    Là où je trouve le message d’Alix positif c’est qu’elle constate, hors du clivage "homme contre femme", qu’il y a de bons comme de mauvais amants et ceci au sein des deux sexes. Sans lien d’importance, il y a de mauvais cunnis tout comme il y a de mauvaises pipes. On peut vouloir bien faire mais ne jamais y parvenir si l’autre ne nous donne pas les clés ou alors insuffisamment. De même, si on dispose des clés et qu’on ne sait ou veut pas s’en servir, ca coince. Et qui dit communication dit à la fois message clair et réception satisfaisante. On cherche parfois la cause de sa frustration dans le partenaire ("il/elle ne me comprend pas") sans se dire que le problème vient peut-être de sa propre façon d’exprimer ses désirs.
    Je n’écris ceci que comme remarque d’ordre générale, indépendamment des commentaires postés précédemment.

    Par ailleurs, pour rebondir sur le commentaire de Jade, effectivement en tant qu’homme mais à titre personnel, j’apprécie aussi que ma partenaire se prenne en main et non avoir l’impression qu’elle me délègue tout en priant pour que je sois "bon". Ceci me laisse d’ailleurs penser que certaines de mes partenaires passées devaient aussi apprécier une autonomie ou prise en charge pour le moins partielle. Sans offense, la réciproque semble donc vraie ;).

  • Anonyme

    Tiliolus, pardon d’avance de cette question, mais bien que je partage votre propos, je me demande si certains hommes, sinon la plupart n’ont pas besoin de sentir qu’ils sont tout puissant dans la jouissance de leur femme. Le fait de prendre les choses en main ne risque-t-il pas d’effrayer, voire de diminuer certains ? Cette question car une fois j’ai été estomaqué par le propos d’un ami sur l’appétit sexuel des femmes. Il trouvait cela parfois effrayant, se trouvait sous pression et la plupart des convives masculines partageait son idée. Depuis, je doute sur la question et souhaite recueillir plus d’avis.

  • Sonia

    Jusqu’à présent aucun de mes amants ne s’est senti diminué lorsque je prends la décision de "prendre les choses en main", au contraire, j’ai le sentiment que ça les excite et que comme le disais Tiliolus ça leur permet aussi de ne pas assumer à eux seul la pression de la "performance". Dans tous les cas, je n’ai pas à me plaindre, mon clitoris et eux s’entendent plutôt bien. Je n’ai jamais eu à me plaindre des hommes que j’ai connu, en tous les cas pas à ce niveau. Pour le reste ... ça se discute dirons-nous !

  • Carole

    Si seulement ils savaient ! Quand je rencontre un homme sexuellement attractif et que mon idée première est de le kidnapper dans mon lit, la première question que je me pose est : est-ce un homme avec qui je vais m’autoriser à le faire ? La stimulation de mon clitoris (par moi-même) durant la pénétration est un must mais je n’ose pas toujours et je me livre à un certain délit de faciès pour savoir avec qui m’offrir ce plaisir. Je me trompe souvent et j’ai ainsi essuyé quelques revers du style : "j’aimerais bien que tu cesses de te branler quand tu seras sur le point de jouir parce que sinon j’aurais vraiment l’impression de te servir de vibromasseur"...ou "est-ce vraiment nécessaire, j’aimerais te pénétrer jusqu’à la garde et ta main me gêne ?" De bonnes surprises aussi comme cet homme un peu timide qui voyant ma main aller vers mon sexe pour retirer un bout de drap glissé entre nous avait cru que j’allais me masturber et m’avait alors dit dans une excitation intense "oui touche ton petit bouton j’adore ça". Certes l’expression "petit bouton" anti-sexe au possible m’a un peu déroutée mais l’ autorisation à m’occuper de mon clitoris l’a emportée.
    En prenant de l’âge, je m’embarrasse de moins en moins et mon index rejoint très souvent mon clitoris. Si un homme tente de me relayer dans ce geste, je suis toujours très sceptique, pour l’instant j’ai toujours trouvé que ces messieurs se débrouillaient très bien en cunnilingus mais plutôt très mal en masturbation manuelle.

  • La rédaction

    Jade est la gagnante du concours de cette semaine, rendez-vous sur notre dossier Entre mères et filles : les difficiles mots du sexe, pour participer au nouveau concours.

  • Marie-Jo

    J’ai 41 ans et j’ai depuis longtemps compris que j’étais clitoridienne. Il m’arrive de temps à autre de prendre du plaisir autrement mais avec une intensité bien moindre. Et la pénétration me semble bien compliquée : taille, position, vitesse ... Et puis, il manque ce continuum que j’aime tant : je me caresse, ils me caressent, elles me caressent, je me caresse pendant qu’il ou elle me caresse. Cela me semble si naturel. C’est le même geste pour moi et pour mes amant(e)s.

    Autre remarque à propos des hommes. Les vécus semblent si différents d’une femme à l’autre. Ai-je de la chance ? La grande majorité des hommes que j’ai rencontrés se débrouillaient très bien avec mon clitoris. Seuls quelques hommes plus jeunes avaient besoin qu’on leur tienne un peu la main .... hi, hi ! Mon expérience est que beaucoup d’hommes adorent voir une femme se caresser et jouir. Ils aiment aussi les concerto à quatre mains.

  • Lilith

    quelle horreur !
    C’est quoi cette idée que la femme n’a pas besoin d’orgasme ? n’allez surtout pas dire ça aux hommes, car ils seront encore plus déculpabilisés de s’allonger et de dormir après avoir joui, nous laissant en plan et le désir encore brulant (ce qui, est assez fréquent et les rares hommes que j’ai trouvé qui ne se comportaient pas de cette manière, et ben j’ai essayé de les garder le plus longtemps possible !).
    C’est parfois très frustrant de ne pas atteindre l’orgasme. Et et si ça se reproduit fréquement, c’est le début de la fin du couple : les frustrations de la vie quotidienne n’arrivent pas à se faire dépasser et surtout, l’envie de recommencer à faire l’amour se fait de moins en moins présente.
    Et pour les hommes aussi, quand je jouis en premier, si je devais en arrêter là à chaque fois et ben je peux dire qu’ils seraient sacrément déçus....

    Quand on fait l’amour à deux, l’objectif, c’est d’échanger du plaisir. Quand on fait l’amour, on doit rechercher le plaisir et l’orgasme et essayer de le rendre au partenaire ! Pour moi, la recherche de l’orgasme et du plaisir sont indissociables !

  • Marguerite

    J’ecris peut-etre trop en retard, mais je trouve ce sujet interessant. J’aurais voulu lire encore plus de temoignages de femmes qui ont connus des hommes ignorants. J’ai frequente plusieurs nationnalites, dont certaines beaucoup plus machiste que la mienne. J’ai vecu beaucoup de rejet parce que je suis surtout clitoridienne. Une femme sur 5 seulement est "vaginale". C’est tres frustrant de ne pas en faire partie. La plupart des hommes ont tous eu une ex qui etait vaginale (ou simulatrice), et j’ai beaucoup souffert de la comparaison. J’ai ete denigree, comparee a l’ex et rejetee. Meme si nous les clitoridiennes sommes majoritaires, beaucoup d’hommes veulent absolument une vaginale et ils ont une chance sur 5 de la trouver. Ces femmes vaginales ont un immense pouvoir de seduction que nous n’avons pas. J’ai connu l’orgasme vaginal seulement 2 fois avec deux hommes differents. Le premier soir, du premier coup. Evidement ils ont voulus me revoir... J’ai vecu ce qu’est d’etre momentanement consideree comme une deesse. Mais aussi le sentiment de fusion totale avec l’homme apporte par une telle experience. Mais ca ne s’est pas reproduit. Et je ne trouve aucune explication au phenomene. Cote clito, par experience, les seuls hommes attentifs et devoues a mon clito que j’ai connu etaient magrebins. C’est tres surprenant, car on croirait a prime abord qu’ils sont machos et n’ont presque pas eu d’education sexuelle, a cause des tabous religieux. Peut-etre qu’ils ont pris l’habitude de se concentrer sur le clito pour que les filles "conservent leur virginite". Ils semblent avoir tres bien compris que les filles sont majoritairement clitoridiennes. Ca m’enleve un poids enorme quand je suis avec un homme qui ne me met pas de pression pour que je sois vaginale ou alors il me largue. J’ai eu l’impression de passer un examen avec certains hommes. C’est tellement turn off, comme disent les anglos !

  • Ivy

    @Marguerite :
    Je suis aussi clitoridienne, et je l’ai toujours mal vécu. A partir de là, on pourrait se demander pourquoi...
    Même en accédant au plaisir, j’ai toujours un "manque", comme si je n’étais pas complète. Un arrière-goût de frustration après chaque fin de rapport...

    En espérant que cela évolue !

  • Vapo

    Voilà un article qui pourrait clore le débat entre les femmes clitoridiennes et vaginales :
    //www.francetvinfo.fr/mais-ou-...