Chiottes

Le 12/08/2019

Il faisait chaud (la boite est assez écolo pour ne pas avoir d’air conditionné ?) et je m’ennuyais au bureau. Les open-spaces étaient vides ou presque, étage après étage. Mon regard allait de la fenêtre à l’écran de mon ordinateur sans s’arrêter nulle part, balayant une répétition de cloisons blanches presque labyrinthique et je ressentais ce vide pesant du mois d’aout. J’étais dans l’incapacité à me motiver.
Je quittais ma vilaine chaise grise à roulettes et me dirigeais d’un pas mou vers la machine à café. Puis, n’ayant croisé personne, je changeais de direction et allais vers les toilettes. Enfermé aux chiottes, quel supérieur hiérarchique, traitre ou caméra de surveillance pourrait bien dire ce que j’y faisais pendant un temps si long ? J’avais commencé par pisser assis, regardant d’un oeil distrait ma bite molle et son jet d’urine s’écrasant contre la paroi de porcelaine pour venir se dissoudre dans le bol d’eau de la cuvette. Lorsqu’il n’y a plus rien eu à regarder, j’ai posé mes coudes sur les genoux et ma tête dans mes mains et, ainsi soutenue, mes pensées pouvaient s’envoler ailleurs. Je n’avais pas tiré la chasse, l’odeur de mon urine ne m’incommode pas autant que celle des autres. Il faisait si chaud que j’ai commencé par banalement rêver à l’air frais, en haut d’une montagne, dans une forêt de pins. Comme si j’avais un retour d’acide, je voyais cette sylve s’assombrir, devenir hostile, et les racines ligneuses des arbres sortaient de terre, dansaient devant moi avant de me contraindre, de me ficeler, de m’envoyer d’un arbre à un autre tout en essayant de se nourrir de quelque chose en moi. Bad trip. Stop..
Je suis sorti de ma torpeur et, tout en essayant de porter mes rêveries vers des terres moins hostiles, ma main a attrapé ma si petite bite d’un geste peu convaincu, distraitement, sans conscience de ce que je faisais. Je la caressais, la tirais légèrement comme pour l’agrandir, jusqu’au moment où la sentant enfler, m’est enfin venue l’idée de me masturber. J’ai dé-serré ma cravate, déboutonné le col de ma chemise, retroussé mes manches, baissé mon pantalon jusqu’à mes chevilles et j’ai craché dans la paume de mes mains pour que la salive fasse office de lubrifiant. D’une main je me branlais d’un geste devenu plus énergique, tandis que de l’autre je tapotais mes modestes couilles, leur donnais des pichenettes pour frôler la douleur. J’ai joué ensuite à la torture indienne, d’une main je masturbais mon gland de droite à gauche et de l’autre la base de ma hampe de gauche à droite. La paresse m’a fait revenir à l’essentiel : j’ai inondé mon gland du liquide pré-séminal qui commençait à couler pour caresser mon frein. Il est plus visqueux que ma salive, c’est ce qui me fait jouir le plus vite. .
Je me suis rapidement retrouvé au bord de l’orgasme, en le regrettant. Rien ne pressait, j’avais la flemme de retourner à mes chiffres. J’ai lâché mon zgeg pour observer d’un oeil torve le temps qu’il allait mettre à se tourner vers la cuvette, au lieu de viser mon menton. C’est idiot et même compliqué d’être si près de la résolution et de quitter cet état second, mais débander devant des chiottes, dans une absence de fantasmes, c’est faisable et une autre idée venait de s’imposer à moi.
D’une main, j’ai courbé ma queue : je voulais que mon gland puisse caresser, tapoter, irriter, chatouiller, exciter mes grandes et petites lèvres, que j’ai si sensibles. Le dos arqué, penché sur la cuvette, j’avais le bras assez long pour qu’un doigt, puis deux de mon autre main entrent dans ma chatte moelleuse et déjà liquide pour la travailler au mieux. En l’absence d’une main amie pour pincer mes tétons, j’ai refermé mes yeux pour imaginer une dom les serrer d’une pince et les irriter des cajoleries cruelles d’une cravache. Ma vision s’est brouillée, j’ai basculé dans un monde d’étoiles, mes pieds se sont tendus malgré l’étroitesse de mes chaussures et le jus de ma chatte s’est répandu en même temps que ma semence a giclé.
Lentement j’ai repris mon souffle.
J’ai mélangé les deux liqueurs visqueuses pour les étaler jusqu’à mon bas-ventre, je voulais que la jouissance me colle à la peau. Ensuite, j’ai remonté mon jean et suis sorti me laver les mains en regardant dans le miroir mon visage lisse, détendu, et ce rictus de satisfaction au coin de ma bouche.
Hmm, l’intimité des lieux d’aisance.

Dominique

© Illustration : Hermaphrodite endormi, Palazzo Massimo alle Terme, Rome, Italie.