Une analyse empirique de la prostitution ?
Le 09/06/2009
La prostitution devient un sujet d’étude très sérieux concernant l’économie que ce "corps de travail" engendre. Afin de briser les tabous, deux professeurs américains : Steven D. Levitt de l’University of Chicago Booth School et Sudhir Alladi Venkatesh de l’Université de Colombia ont épluché méticuleusement le sujet dans leur ouvrage Analyse empirique de la prostitution de rue. Les deux chercheurs tentent de répondre à une question fondamentale : les lois du marché s’appliquent-elles à l’industrie du sexe ? Ils proposent un argumentaire cohérent en se basant sur une enquête in situ et via les documents de la police de Chicago. Les conclusions sont, si ce n’est réjouissantes du moins surprenantes. En effet, on y apprend grâce aux déclarations de 160 prostituées qu’il est plus intéressant pour elles (elles gagnent 50% de plus que les indépendantes) de travailler pour un proxénète. Avoir un maquereau encouragerait les demoiselles à fournir un travail plus élaboré, plus professionnel.
En ce qui concerne les tarifs, ils sont fluctuants selon "la race", le statut social et les demandes de prestations afin d’optimiser les profits. Ainsi les hommes blancs paient entre 8 et 9 dollars de plus que les afro-américains et les hispaniques se situent entre les deux. De plus, le refus du préservatif entraîne une majoration de 2 dollars sur le prix de la passe. Une somme ridiculement modique compte tenu des risques encourus ! Plus surprenant encore : les prostituées offrent leurs services aux agents de police pour éviter les arrestations. « Une fille a plus de chance d’avoir un rapport sexuel avec un policier en service que d’être arrêtée par lui », affirment les deux auteurs. Enfin, la lecture de l’Analyse empirique de la prostitution de rue permet d’atteindre un niveau de décryptage de la société américaine qui va bien au-delà des préjugés dont l’inconscient collectif est porteur. Âmes sensibles et bien-pensantes, couvrez-vous, ça vous coûtera 2 dollars de moins...
Commentaires (1)
Au Pakistan, la prostitution est une entreprise qui ne connaît pas la crise.
Au Pakistan, les prostituées sont rentrées dans les mœurs. Fait surprenant de la part d’un régime islamiste. Même si la « vox populi » souffle souvent son rejet du plus vieux métier du monde, les institutions sociales font tout pour intégrer les prostituées et leurs familles aux autres citoyens. Désormais, les prostituées ne sont plus parquées dans des quartiers mais reparties dans la ville entière pour mieux lutter contre la précarité inhérente à la prostitution.
D’un point de vue « commercial », tout est mis en œuvre pour que les prostituées pakistanaises réussissent. Les hôtels pratiquent des tarifs compétitifs et proposent des chambres à louer « en express ». Plusieurs sites permettent de trouver des prostituées à n’importe quelle heure du soir et de la nuit. Quant aux étrangers, il leur est très facile de trouver des prostituées aux abords des lieux dits « occidentaux » tels que les fast-foods. Seul bémol : la prostitution reste illégale dans le pays. Il semblerait qu’au Pakistan, on ne soit pas à une hypocrisie près.