Antichrist

Lars Von Trier

Le 08/06/2009

C’est pour cela que l’on va au cinéma. Pour ce silence d’or et de réflexion, pour ces prologue et épilogue mettant en images, sans doute une des plus belles créations du cinéma de ces dernières années, pour cette musique d’Haendel qui accompagnera longtemps dans nos esprits le souvenir de ce sublime acte d’amour entre Charlotte Gainsbourg et Willem Dafoe, filmé avec une douce lenteur, en noir et blanc. Ce qui est certain, c’est qu’à défaut de nous proposer une réflexion exempte de toute approximation (pour ne pas dire d’aberrations), Lars Von Trier nous offre toute sa sincérité. En quelques minutes, il fixe un décor, et met en scène les éléments essentiels au bonheur : un enfant, un couple qui s’aime avec passion, et fait l’amour. Pourtant, ce qui crée d’ordinaire un univers heureux va lentement glisser vers un violent cauchemar : l’enfant voit ses parents faire l’amour, ils ne s’occupent pas de lui, il monte sur le rebord de la fenêtre, il saute.

C’est simple, tragiquement simple. Ce qui n’est pas le cas du choc que ressent la mère, en la personne d’une Charlotte Gainsbourg impressionnante, bloc de douleur dont sourd une voix douce. (Prix d’interprétation féminine au dernier festival de Cannes). On la suit dans le délire de sa souffrance, qu’elle ramène au sexe de manière obsessionnelle. Le sexe est responsable, dans son esprit, de la mort de son fils. D’où un besoin compulsif de faire l’amour, et cela en en tirant la plus grande douleur possible. Elle veut payer pour sa négligence. On la suit, et il faut la suivre, accepter en tant que spectateur de l’accompagner dans ce lent vertige, sans la juger. C’est une condition indispensable pour entrer dans l’univers créé par le réalisateur danois, tout comme la mère entre volontairement dans son subconscient pour tenter de supplanter sa douleur.

Le scénario est fragile et souvent trop léger. Mais il s’agit de prendre ce film comme une expérience cinématographique, une aventure mentale sans autre prétention. Lars Von Trier est clair à ce sujet : « Les scènes s’ajoutaient sans raison. Les images étaient composées en dehors de toute logique ou de toute réflexion dramatique. » Le plaisir des sens, une désinvolture dans la joliesse des images, une violence magnifique ou dérisoire, c’est aussi ça le cinéma.

[gris]Une critique d’Ulysse Jourda[/gris]
[gris]En salle depuis le 3 juin 2009[/gris]

Commentaires (1)

  • marc

    je trouve se film pas asser porno