Shame : Éloge de la honte
Le 01/12/2011
On vous dira ailleurs que ce film est sur l’addiction sexuelle, sujet actuellement en vogue dans les médias.
Ce n’est pas ce que nous avons vu.
Steve McQueen, qui a l’élégance de son homonyme, a réalisé un film sur les fragiles équilibres affectifs d’un frère et d’une soeur. L’un, Brandon, (Michael Fassbender) cadre supérieur aisé, a recours exclusivement au sexe virtuel, à la masturbation un peu n’importe où, à la prostitution, incapable de forniquer si la situation est trop aimable. L’autre, sans emploi ou domicile fixe, livre son corps à qui veut, y compris au patron de son frère, sans penser le moins du monde aux effets collatéraux pour son frère, qui temporairement l’héberge.
Ensemble, ils croisent leurs solitudes, s’écoutant sans pouvoir s’entendre, jusqu’à ce que la soeur, Sissy, (la très exquise Carey Mulligan), le provoque sur un terrain si redouté.
La réalisation est à l’image du réalisateur, avec une esthétique, un raffinement et une construction d’une rare grâce. L’intention générale du film est tout aussi louable : les scènes de sexe sont à peine effleurées, c’est à la nudité, au plus simple appareil, que le réalisateur s’intéresse, symbole du dénuement de sens des vies traversées à la hâte, sans liens solides aux autres.
Si le sexe virtuel s’est développé, ce n’est pas pour soulager les addictes au sexe, mais pour accompagner cet individualisme de nos époques, qui ne peut être interrompu que dans la tragédie.
C’est là que se niche la honte.
C’est là aussi que le film prend toute sa saveur.
"Shame", de Steve McQueen
Avec Michael Fassbender et Carey Mulligan
Au cinéma à partir du 7 décembre 2011
Prix d’interprétation masculine & Prix de la critique internationale - Festival de Venise 2011
Commentaires (4)
Un film superbe, à voir absolument.
Si tu pdrnes tes jambes à ton cou Lautreje, tu risques d'avoir un sacré lumbago en descendant de l'avion ! ;-)Tu ne crois pas si bien dire Sandrine : une suite est à l'étude ! =)Tilu, c'est exactement ça. Ne serait-ce le prix du billet d'avion, j'irai bien pérégriner dans les multiples sentiers de l'île...
je me diotaus bien que tu t’y connaissais en truffes aussi bien qu’en layout. Attention, j’ai pas dit que tu es une truffe, mais je t’imagine très bien avec un tablier de maître-queue en train de mettre en conserve un bon foie gras de Hongrie (obvious DrWatson) accompagné d’un chapelet de truffes que Monseigneur Loiseau n’aurait point renié. Bref j’adore ton style, le fond et la forme quoi ?! Et découvre plaisamment que tu aimes jouer aux échecs. De surcroit. Comme la guérison disait Lacan.
Oui ce jeu s’appelle "Un deux trois, seioll" en France.Je le sais car j’ai un BAFA