L’Éros ou le jean ?
Le 23/05/2011
La presse a repris cette semaine une étude américaine du magazine People : 48% des deux mille sondées entre 18 et 49 ans ont déclaré préférer acheter un jean en solde que de faire l’amour, et de préférence un jean vu sur une star, lequel, même cher (250€ en moyenne), sera toujours plus abordable qu’un sac à main porté par une star.
Les commentaires des journalistes qui ont repris cette étude, comme ceux des blogueuses, étaient le plus souvent ironiques et moqueurs : « Cela prouve à quel point le sexe peut être décevant », « Le sexe c’est bien, mais le shopping c’est mieux », « 48% des femmes sont déçues du sexe », « J’irai un peu plus loin et dirai que certaines femmes préfèrent acheter tout et n’importe quoi plutôt que de faire l’amour », « J’adore les jeans et déteste le sexe »…
Les psychologues qui étudient la pathologie de l’achat compulsif (et un jean en solde ne fait pas d’une femme une acheteuse compulsive) constatent une augmentation régulière des chiffres (1,1% de la population générale), dont principalement des femmes (80 à 92% ), parce que l’achat donne un sentiment d’euphorie. Ils notent aussi que cette compulsion est présente chez 32% des dépressifs, qui cherchent une compensation.
À l’inverse, faire l’amour, en atteignant ou non l’orgasme, provoque une sensation d’apaisement et les neuroscientifiques ont démontré que la stimulation des zones érogènes procure une sensation de récompense, qui est devenue majeure au cours de notre évolution.
On a envie de conclure qu’à l’approche des prochaines soldes, pour se faire du bien, il vaudra mieux se dépêcher d’enlever son jean pour faire l’amour, que de courir en acheter un nouveau. Et pour transposer l’œuvre la plus célèbre de l’artiste américaine Barbara Kruger, qui ironisait sur notre monde de surconsommation avec son « I shop therefore I am », on dira dorénavant « I have sex, therefore I am » (je fais l’amour, donc je suis).