La censure sévit de nouveau sur le Net tunisien
Le 30/05/2011
En Tunisie, le vent de la liberté a eu le souffle court. En tout cas pour les internautes friands d’images et de vidéos érotiques. Dernièrement, un tribunal du pays a ordonné le blocage de tous les sites offrant l’accès à des contenus pour adultes. Motif : ceux-ci constitueraient un danger majeur pour la jeunesse et seraient contraires aux valeurs de l’islam.
Depuis la démission de Ben Ali, le dictateur qui régnait sans partage depuis 23 ans sur ce pays de 11 millions d’habitants, les Tunisiens bénéficiaient d’une liberté jusqu’alors inédite. Longtemps soumis à une censure impitoyable, le Net tunisien s’était vu délivrer du jour au lendemain de toutes ses entraves. Pour le plus grand bonheur de celles et ceux qui désiraient accéder à des informations crédibles. Mais également, pour la plus grande joie des amateurs de films X… Ainsi, ces derniers mois, sept sites pornographiques avaient fait leur apparition dans le top 100 des sites les plus consultés du pays. Cinq de ces sites se classaient même parmi les 50 adresses les plus visitées !
Un succès insupportable pour les tenants de l’ordre moral. Depuis le 14 janvier, date de la chute de l’ex-dictateur, ces derniers veillent en effet à ce que la Révolution n’échappent pas à leur contrôle. Début mai, plusieurs sites d’information ont ainsi été bloqués à la demande d’un tribunal militaire. La semaine dernière, on apprenait la démission de l’ancien activiste et blogueur Slid Amamou, un des symboles de la lutte contre la censure, devenu ministre de la jeunesse du gouvernement intérimaire.
Voici maintenant les Tunisiens privés des contenus explicites qu’ils plébiscitaient et qui leur procuraient l’impression d’avoir tourné la page de l’Etat policier. Pour eux, exit le X, donc. Et place de nouveau à un Internet enchaîné.
[gris]Armande Béjart[/gris]