L’une se libère, l’autre se perd
Le 17/10/2011
Le New-York Times propose, sur la home de son site, un documentaire sur les progrès de la lutte contre l’excision dans le monde et plus particulièrement en Afrique de l’Ouest.
92 millions de femmes africaines ont été amputées des parties visibles de leurs organes sexuels (clitoris, grandes et petites lèvres), pour devenir ainsi "épousables". Mais les mouvements d’éducation organisés par les femmes sensibles aux dangers de ces excisions (outre la perte de plaisir, beaucoup meurent de ces mutilations), permettent de voir reculer ces chiffres affolants.
Au même moment, le Guardian, en Angleterre, publie un article sur un congrès gynécologique en Arizona, consacré à la nouvelle tendance qui fait fureur chez les femmes occidentales : la labioplastie, la vaginoplastie et la réduction du clitoris. Pour les gynécologues, c’est une aubaine : l’opération coute en moyenne 5.000 euros, le praticien choisit l’heure de l’intervention et rentre chez lui a des horaires décents, ce qui n’est pas le cas lorsqu’il est obstétricien. Pour la femme, les motivations sont d’ordre esthétique, sans consulter le partenaire sur la question, ni demander au gynécologue s’il y a un risque de perte de sensibilité (réponse : oui !).
Une femme raconte que c’est en regardant un numéro de Playboy de son frère qu’elle a pris sa décision (et tant pis si les femmes qui posent nues ont des lèvres qui sont retouchées sur les photos). Une autre assume les 18.000 dollars d’une double opération (elle avait fait un mauvais choix esthétique lors de la première opération) et une année entière de saignements et souffrances.
Les gynécos, devant ce nouveau marché irrésistible (7 millions de dollars en 2009 aux U.S. et une croissance de 70% par an en Angleterre), s’imposent en créateurs de modèles types - un gynécologue californien propose le bien nommé "Barbie", où lèvres et clitoris sont invisibles et les chairs avoisinantes sont gonflées - et avouent sans ciller qu’ils n’ont guère l’occasion de tester cette nouvelle forme de chirurgie autrement que directement sur la patiente.
Voilà comment en Afrique, les femmes reprennent possession de leur corps et gagnent une forme de pouvoir, tandis qu’en Occident, moyennant une petite fortune, on peut s’exciser sans raisons valables et perdre son plaisir au nom d’une soumission aux diktats de l’esthétique du jour. Une soumission qui n’est pas de bon augure, ni pour notre fragile émancipation, ni pour notre civilisation. Simone de Beauvoir avait vu juste : « La conscience que la femme prend d’elle-même n’est pas définie par sa seule sexualité : elle reflète une situation qui dépend de la structure économique de la société, structure qui traduit le degré de l’évolution technique auquel est parvenue l’humanité ».
Commentaires (2)
Un beau corps ? Regarde ton sexe dans une glace comme ton homme le voit : c’est terriblement érotique, ça n’a rien à voir avec la beauté ordinaire...
Mais c’est ça qu’il aime.
Couper ça, c’est une aberration.
Et ce qui est coupé ne revient pas. Jamais.
I had no idea how to approach this before-now I’m locekd and loaded.