La place du sexe dans le cerveau des femmes

Le 02/01/2022

La science avance au même rythme que la société. Alors que l’émancipation féminine se développe et s’impose un peu plus, les scientifiques s’intéressent de plus en plus au corps de la femme, longtemps négligé.
C’est semble-t-il avec une certaine surprise que les chercheurs de l’équipe du Dr Christine Heim - co-auteur de l’étude et professeur de psychologie médicale à l’hôpital universitaire Charite de Berlin - ont diffusé une nouvelle étude prouvant que les femmes, comme les hommes, ont certaines régions du cerveau plus développée lorsqu’elles ont des rapports sexuels. L’étude, publiée dans le Journal of Neuroscience, s’est faite avec des femmes volontaires - âgées de 18 à 45 ans - dont les clitoris ont été stimulés pendant que leur cerveau était scanné par imagerie à résonance magnétique fonctionnelle. La région du cortex somatosensoriel du cerveau a ensuite été mesurée chez chacune et l’épaisseur de cette zone cérébrale était plus importante chez les femmes qui avaient déclaré avoir eu le plus de rapports sexuels, associant ainsi la fréquence des rapports sexuels et l’épaisseur du champ génital cartographié. L’étude n’a pas permis de confirmer si le fait d’avoir un cortex somatosensoriel plus développé incite à avoir plus de rapports sexuels ou si le fait d’avoir plus de rapports sexuels développe cette région du cerveau, comme on fait travailler un muscle, mais la seconde hypothèse est privilégiée, sachant que certaines parties du cerveau grossissent à mesure qu’elles sont utilisées, c’est la fameuse "plasticité cérébrale".
Les études sur les femmes étant encore balbutiantes, on sait peu de choses sur ce cortex et sa potentielle capacité à changer en fonction de l’expérience ou de l’utilisation. En 2016, des scientifiques de l’Université McGill, au Canada, avaient constaté que les femmes ayant des rapports sexuels avaient plus de facilité à se souvenir des choses que celles moins actives sexuellement, tandis qu’une autre étude, anglaise, avait révélé la même année, que les hommes plus âgés qui ont des relations sexuelles régulières ont une meilleure mémoire.

Ce que l’on sait le mieux, c’est que toutes les études sur le sexe, quel que soit le genre, arrivent toujours, d’une façon ou d’une autre, à la même conclusion : le coït a toutes sortes d’apports bénéfiques pour la santé des humains. On parle moins de possibles apports psychiques. Si l’on regardait plus souvent du côté des bonobos, ces singes dont l’ADN est si similaire au nôtre, on verrait qu’ils mettent le sexe et tous ses plaisirs au centre de leurs rapports sociaux, ce qui leur permet d’échapper à la violence ou à l’agressivité. Chez eux, la sexualité permet l’apaisement et marque l’amitié. Pour Frans de Waal, spécialiste de ces primates, "les bonobos résolvent les questions de pouvoir par le sexe. Les trois quarts de l’activité sexuelle des bonobos n’ont rien à voir avec la reproduction, du moins pas directement".
Il serait intéressant de faire des études similaires sur les humains : un nombre plus élevé de rapports sexuels permettrait-il de dénouer de multiples situations de crises dans la société ? Alors que partout dans le monde la fréquence des rapports baisse et le puritanisme comme la violence augmentent, la question mérite d’être posée ...