La grande évolution du clitoris des dauphins
Le 11/01/2022
Le clitoris a-t-il évolué vers plus de plaisir ? Et qu’apporte le plaisir dans la grande évolution ?
On étudie de plus en plus la sexualité si diverse du monde animal, en laissant souvent de côté celle des femelles. De la même façon qu’il faut des femmes pour s’intéresser à la sexualité féminine, ce sont des femmes qui s’intéressent à celles des mammifères. Patricia Brennan, biologiste à Mount Holyoke College, aux États-Unis, étudie l’évolution de la morphologie des organes génitaux chez les vertébrés et les mécanismes qui conduisent à la diversification des organes génitaux. C’est dans ce cadre qu’elle vient de publier une étude sur le clitoris des grands dauphins femelles et leur évolution vers le plaisir. Étant donné la fréquence des rapports sexuels de cet animal, cela faisait sens, dit-elle.
Alors qu’elle disséquait régulièrement des vagins de dauphins femelles, elle s’extasiait sur la taille de leurs clitoris. "Nous savons que les dauphins ont des relations sexuelles tout le temps. Ils ont des rapports sexuels pour des raisons sociales, et pas seulement pour la reproduction. Il est logique que le clitoris soit fonctionnel et procure du plaisir lorsqu’il est stimulé" dit-elle dans une interview accordée au New Scientist. La sexualité des dauphins est intéressante à plus d’un titre : ils ont rapports sexuels toute l’année, y compris en dehors des périodes de reproduction, ont des rapports homosexuels (les femelles se frottent mutuellement le clitoris avec museau et nageoires, tandis que les mâles ont des rapports anaux). Pour la biologiste, si ces expériences sexuelles ont lieu si souvent, c’est parce qu’elles procurent du plaisir.
L’examen du tissu érectile, de la tunica albuginea (épaisse bande de collagène et d’élastine qui entoure le tissu érectile qui lui permet de se distendre sans gonfler), des nerfs (de taille très importantes dans ce cas), des terminaisons nerveuses sous la peau qui augmentent la sensibilité (présents chez les humains au bout de nos doigts, dans le clitoris et le gland du pénis) et la peau ont permis de révéler que clitoris sert au plaisir, comme chez les femmes. " Nous pouvons montrer que c’est plus qu’un mini-pénis ; c’est en fait un organe entièrement fonctionnel qui sert à quelque chose. C’est probablement une bonne idée du point de vue de l’évolution, car cela vous pousse à rechercher plus souvent des rapports sexuels."
Après la sexualité des singes Bonobos (dont l’ADN est si proche de celui des humains) et de celle des dauphins, tous deux très actifs sexuellement, dont les femelles ont des clitoris très développés, et exprimant leur plaisir au moment de l’orgasme, Patricia Brennan se tourne maintenant vers les femelles Alpaca, dont les clitoris ont les mêmes caractéristiques morphologiques. "En général, j’étudie la coévolution génitale. Je m’intéresse aux mâles et aux femelles et à la façon dont ils ont évolué ensemble. En ce qui concerne les organes génitaux, il faut examiner les deux côtés de l’équation pour comprendre comment ils fonctionnent, car mécaniquement, ils doivent s’emboîter." Son intérêt est malgré tout plus prononcé pour les femelles, pour compenser l’absence d’études sur le sujet.
A l’heure où les humains ont de moins en moins de rapports sexuels, où la fonction sociale du rapport est en train de lentement s’effacer, une question se pose : le clitoris de la femme est-il amené à diminuer de taille, pour non-sollicitation ?
Pendant ce temps-là, les dauphins se marrent ...