Le dernier souffle du Siam

Le 04/04/2011

« Comme le dit Stanley à Livingstone... Mademoiselle Hamilton, je présume ? » ?.
 ?La migraine frappe mon crâne comme si tous les tambours de l’Apocalypse s’y étaient donnés rendez-vous. Les cordes scient mes poignets et mes chevilles nues, je suffoque sous l’étau des liens qui m’enserrent la poitrine. Je lève un regard haineux vers lui ; il me fixe de ses yeux verts irisés et un sourire narquois courbe ses lèvres. Le tatouage de serpent qui glisse sur son cou semble ramper sur sa peau, se faufilant avec une sensualité morbide hors du col de sa chemise entrouverte. Lorsqu’il parle, sa voix grave et chaude semble caresser mon épine dorsale. ? ?« Je vous préférais pourtant le nom de Ginko, bien plus exotique à mon oreille. À ce souffle haletant qui filtre de vos charmantes lèvres, je crois deviner vos efforts à vous libérer... Si vous me dites ce que je veux savoir, je pourrai vous y aider. » ? ?À ces mots, il sort un poignard au tranchant effilé qu’il caresse de la pulpe de son pouce. Pour seule réponse à sa question muette je laisse un léger ricanement de défi monter dans ma gorge et se déployer dans l’atmosphère oppressante en un éclat de rire. Et je lui crache au visage. L’ordure. Ainsi, il savait depuis le début. ? Il reste impassible, essuyant lentement l’offense d’un revers de manche. Soudain je reçois la paume de sa main en pleine figure. Une brulure vive irradie ma mâchoire alors qu’il serre mon visage dans sa poigne d’acier et vient figer son regard d’émeraude dans le mien. À cet instant je ressens plus que jamais les liens qui me vrillent les chairs, et ce contact en devient presque voluptueux. Les secondes s’égrènent. J’ai chaud. L’âpre contact de ses doigts agrippant mes joues me fait désormais l’effet d’une torture délicate. ?
Peu à peu je me fais naufragée volontaire dans la mer houleuse de son regard, je me sens tomber. Longtemps. Ma voix se fait murmure. ? ?« … Et si nous concluions d’abord ce que nous avions amorcé ? » ? ?Sans attendre il plaque violemment ses lèvres sur les miennes dans un baiser dont l’ardeur tient plus de la morsure et auquel je réponds avec fougue. Ses doigts agrippent les nœuds des cordes, et ne parvenant pas à les dégager, les tranche de sa lame. Une sanglante estafilade se dessine sur mon épaule et attise mes sens, seuls mes poignets restent désormais entravés. Saisissant mes cheveux dans son poing il me force à me relever, m’embrassant toujours, alors qu’il laisse tomber l’arme au sol pour enserrer mon sein gauche avec vigueur. Le contact de sa peau m’électrise. Quelques pas en arrière et me voilà plaquée au mur. Sa langue recueille avidement les gouttes de sang qui suintent de ma blessure avant de la mordre. La douleur vive me galvanise, ma robe se déchire sous son offensive et je me livre entièrement à son interrogatoire licencieux. Toute résistance me quitte, je ne suis plus qu’une poupée entre ses doigts qui fouillent désormais avec hâte mon intimité trempée du désir d’abandon. Qu’il me baise, qu’il me viole, qu’il me souille... J’oublierai tout le reste. Je laisse échapper un râle de plaisir déchirant alors qu’il me soulève brutalement pour pénétrer mes chairs palpitantes de son sexe rigide. Sous ses assauts, je deviens liquide, bouillonnement, lave en fusion. Je ressens chacun de ses coups de reins comme autant de profanations grisantes des portes de ma jouissance. Elles s’effondrent rapidement, et l’orgasme ravageur s’exhale dans mon cri de libération. ? Comme pour endiguer cet ouragan d’atroces délices, il me plaque alors face au sol sans ménagement et agrippant les cordes qui me lient toujours les poignets, achève son œuvre dans une ultime volée de coups de boutoir. ? ?Il s’effondre à coté de moi. Les échos de son râle de plaisir résonnent toujours dans la pièce obscure quand d’une soudaine contorsion j’envoie mon genou s’abattre à l’angle de sa mâchoire. La violence du coup le laisse K.O. assez longtemps pour me permettre de ramper jusqu’au poignard et me libérer. ? ?
 ?« Et Livingstone lui répondit d’aller se faire foutre. » ?

[gris]Absinthe[/gris]