Où sont les hommes (nus) ?
Le 18/08/2011
Un anthropologue britannique répondant au doux nom de Sir Edwin Burkhart, vient de passer dix ans de sa vie à interviewer 5 000 femmes entre 70 à 120 ans, pour conclure dans le Royal Journal of Social Anthropology que les femmes portant peu de vêtements vivraient 20 ans de plus que les autres.
On peut s’amuser des idées plus ou moins farfelues de l’auteur :
— Moins la peau est en contact avec des tissus contenant des résidus chimiques de lessives moins il y a de risques de cancer.
— Les femmes nues attirent plus les hommes et les couples vivent plus longtemps et en meilleure santé que les gens seuls ( !)
— Les femmes nues sont plus intelligentes et indépendantes ( !!)
— La fréquence des rapports sexuels est plus élevée, le sexe étant un facteur de longévité.
On peut s’enthousiasmer de la vie de certaines femmes, qui estompent le regard noir que nous portons souvent sur le vieillissement :
— Philomena Bushfield, 120 ans, fait du nudisme depuis toujours, continue de courir des marathons, trouve que « c’est plus pratique pour rencontrer des hommes » et a actuellement trois boyfriends.
— Liz Sexton, 117 ans, a été strip-teaseuse jusqu’à 83 ans et a porté son premier soutien-gorge à 95 ans.
Mais ce que l’on voudrait surtout savoir, c’est quelle mouche a piqué notre anthropologue pour qu’il consacre dix ans de sa vie à cette question, sans se soucier du point de vue masculin. Pour quelle bonne raison cette étude ne porte que sur les femmes ? Les hommes ne portent-ils pas de vêtements imprégnés de produits chimiques, eux aussi ? La fréquence des rapports sexuels n’est-elle pas, elle aussi, bénéfique aux hommes ? En bref, la nudité pourrait-elle n’avoir d’effets bénéfiques que pour un seul genre seulement ?
Ce n’est pas ce que pensaient les Grecs, puisque dès 776 avant J.-C., ils concourent nus aux Jeux Olympiques et la nudité était inscrite dans le serment olympique. Au point d’ailleurs que le mot gymnase vient de "gymnos" qui signifie "nu". La nudité, alors, était synonyme de vérité et un athlète nu n’avait aucun moyen de tricher. Elle révélait également une forme d’équité entre les candidats. Les hellanodices, qui avaient eu une main de fer pour établir les règles du jeu, en avait interdit l’accès aux femmes. Elles étaient autorisées à faire du sport mais risquaient la peine de mort si elles s’approchaient de l’enceinte (une exception fut faite pour Kallipateira, fille d’un champion de boxe, qui s’était déguisée en homme pour pouvoir entraîner son fils. Il fut ensuite décidé que les entraîneurs seraient tenus d’exhiber leurs sexes, comme plus tard chez les papes, après « l’incident » de la Papesse Jeanne).
Au Moyen-Âge, la femme nue est toujours interdite, voire même diabolisée, y compris dans les représentations picturales. De nos jours encore, la femme nue peut être signe de malédiction, comme à Treichville, en Côte d’Ivoire, où très récemment 500 femmes encerclées par la police pendant plusieurs heures ont pu se libérer en montrant leurs sexes aux militaires.
Si depuis mai 68, la libération sexuelle a, dans son sillon, imposé la nudité des corps, symbole de liberté, on a rapidement perdu toute trace de nus masculins.
Si le point de vue de l’homme change au gré de l’évolution des cultures, une seule chose est constante : l’homme décide et la femme subit.
Il est grand temps de réclamer partout, à corps et à cris, le retour de la nudité masculine, au joli prétexte que nous ne voudrions pas être seules à vieillir en si bonne santé...
Commentaires (1)
Un roman récent, "Conchito" de Pascal Juan (éditions Presque Lune) traite le sujet de la nudité, essentiellement masculine. Patrick, un jeune homme aux franges de la société du travail, s’invente son petit métier à lui : faire le ménage chez les dames seules, nu. L’embêtant est que son sexe commence à rétrécir alors même que son propriétaire commençait à trouver sa place parmi les "hommes". L’aspect "sociologique" du bouquin, s’il dépasse quelque peu le seul cadre de la nudité, est une plaisante illustration (on rit beaucoup) du sujet. Et l’on voit que, non, l’homme ne décide pas toujours et subit, lui aussi, la virilisation à outrance...