Attention, un porno peut laisser des traces !
Le 19/08/2011
L’affaire fait grand bruit à Toulouse. A tel point que la presse nationale s’en fait aujourd’hui l’écho. Une publicité dont les deux principales victimes se seraient sans doute bien passées, mais qui se trouve légitimée par le fait qu’au-delà de l’anecdote le cas en question pose un problème plus général : celui du respect de la vie privée au travail.
Tout commence il y a trois ans. Las de la grisaille parisienne, un couple de traminots de la RATP décide de s’installer dans le sud-ouest de la France. Elle, a une trentaine d’années, lui, la cinquantaine. Tous deux possèdent d’excellents états de service. Ils parviennent donc sans difficulté à se faire embaucher comme chauffeurs par la société Tisséo qui gère le réseau de transports en commun toulousain. Leur mutation s’annonce sous les meilleurs auspices…
Mais il y a quelques mois les bons rapports qu’ils entretenaient avec leurs collègues se détériorent du jour au lendemain. Cela commence par des allusions, des ricanements. Puis, bientôt, cela s’amplifie, et les propos se font plus graveleux. On les agrémente de propositions sans équivoque pour madame. Le couple ne tarde pas à comprendre que leur passé vient de les rattraper à l’improviste.
Or leur passé, pour leurs collègues, se résume à une vidéo. Celle qu’ils ont tournée en 2001, sous la caméra de Pascal Galbrun, un réalisateur à l’époque peu connu. Vidéo dont le titre, « Tranches de vit », affiche la couleur. Le couple dit aujourd’hui avoir été piégé par le cinéaste qui leur aurait promis une diffusion confidentielle à destination des vidéoclubs…
Quoi qu’il en soit la vidéo ne reste pas longtemps confinée dans les magasins spécialisés. Bénéficiant du succès de son créateur, entre-temps embauché par la maison Marc Dorcel, elle se retrouve rapidement sur plus de 200 sites hard, dont beaucoup en offrent des extraits gratuits.
La suite se devine aisément. Un des collègues de notre couple libertin tombe sur le film amateur. Parmi les acteurs, il reconnaît ceux avec qui il travaille tous les jours. Et comme c’est un homme remarquablement intelligent, il s’empresse de faire circuler la vidéo sur tous les ordinateurs de l’entreprise ainsi que sur les smartphones des autres chauffeurs. De là les blagues d’un goût douteux et les commentaires franchement déplacés que doivent essuyer les deux exhibitionnistes repentis.
Aujourd’hui le couple victime de harcèlement est en arrêt maladie. Une plainte a été déposée au pénal pour atteinte à la vie privée avec intention de nuire. Quant à l’employé qui a colporté la vidéo, il fait l’objet d’une mesure disciplinaire de la part de son entreprise. Le syndicat auquel il est affilié refuse de le défendre.
[gris]Armande Béjart[/gris]