L’homme-frêlon

Le 04/01/2010

Cette nuit, j’ai fait l’amour avec un homme-frelon. Ce n’était pas un rêve érotique, non, loin de là ! J’étais consciente ! C’est mon propre esprit qui a fabriqué ce monstre assoiffé et insatiable. Si je n’avais pas lu le livre de Régine Deforges, « L’Orage », où l’héroïne copule avec l’idiot du village, je n’aurais pas pu témoigner d’un fantasme aussi étrange. Je place sur un pied d’égalité au niveau originalité le fait de baiser avec un homme-frelon et celui d’être excitée par un demeuré se trimballant le sexe au vent. Merci Régine.

Toutefois, je me demande si ma composition imaginaire semi-anthropomorphiste ne provient pas d’une conversation amicale. Il y a quelques temps, mon acolyte Valentine m’avait avoué préférer fantasmatiquement les animaux lors de ses escapades masturbatoires. Peut-être ais-je été traumatisée par de telles déclarations ?
Non, non, c’est trop facile de rejeter la faute sur les autres. Et puis, voilà que je parle à présent de faute, alors que je n’ai rien commis de réel qui soit sexuellement compromettant. Je me sens un peu perdue. Je culpabilise pour un rêve érotique éveillé qui m’a excité la veille. Serais-je anormale ? Encore faudrait-il alors définir la normalité.
Mais ne nous aventurons pas sur ce point.

Je préfère rester a-normative et lubrique plutôt qu’ascète de cet amour de la sagesse dont les philosophes se fascinent. Désir ou absence de plaisir, il faut choisir. Je ne passe pas ma vie à mettre en valeur mon capital érotico-corporel pour occulter les satisfactions résultant de ma sensualité libidinale, aussi bourdonnante soit-elle.

Par ailleurs, il y a des avantages à s’accoupler avec un homme-frelon. Tout d’abord, cet être digne des plus grandes créations mythiques vole, puisqu’il est pourvu d’ailes. Quelle légèreté, quelle insouciance que de faire l’amour dans les airs ! J’étais toute entière vouée à la caresse des nuages, à la chaleur des rayons du soleil.
Autre avantage, un dard qui ronronne d’allégresse à chaque piqûre vaginale sur fond céleste. Un dard précis dans ses mouvements, d’une beauté noire ébène, d’une sauvagerie presque bestiale. Des antennes qui me frôlent la pointe des seins doucereusement, délicatement, durcissant subséquemment mes tétons. Une carapace tellement lisse et chaude qu’elle rend ma peau frémissante à chaque contact corporel. Une fois de plus, je suis transportée… Mais que vois-je ?
Un autre homme-frelon a entendu mes cris de jouissance et veut me séquestrer à son tour. Non, non, c’est impossible. Laissez-moi, je n’y tiens plus ! Pourquoi tant d’acharnement ? Me prenez-vous pour une des vôtres ? Ah non, pas les antennes… je gémis. Il suffit ! Laissez mon clitoris ! C’est extrêmement gênant. Créatures de l’au-delà, pourquoi m’infliger un tel supplice ? Oh, mais quelle anatomie engageante ! Encore oui ! Ah ! Que vous êtes cruels avec moi ! Non, pas derrière ! Pitié, reposez-moi ! Ces dards qui assaillent mes antres… ces antennes doucereuses… Pitié, je n’en puis plus ! Quelle honte, quelle humiliation ! Pourquoi moi ? Que vous ais-je fait ? Je résiste, je me débat. Je n’en puis plus, je m’abandonne. Prenez-moi ! Je jouis.

[gris]Fanny[/gris]

Commentaires (1)

  • Soraya

    Amusant et original !