Homme à louer : Episode 12

Le 11/06/2009

« J’avoue que ça vous va très bien. »
« Vous trouvez ? »
« Mais oui, mais oui. Vous êtes charmant habillé comme ça. »
« Et vous, chère madame, vous êtes sublime. »
« C’est vrai ? Jouer les princesses, c’est un rêve vous sav… »

Une sonnerie de portable interrompit ce dialogue. Marie de Médicis souleva sa robe et d’un petit short moulant qu’elle portait en dessous extirpa l’appareil.

La musique, à présent, montant crescendo, résonnait dans toute la pièce. Conséquence : les regards des invités se braquèrent sur la trouble-fête ainsi que sur le cardinal de Richelieu, alias Benoît, qui, vêtu d’une soutane rouge et affublé d’une moustache dessinée au crayon, l’accompagnait depuis le début de la soirée. « Mon mari ! » La fausse souveraine se réfugia dans un petit couloir pour répondre. Elle revint deux minutes après et, rassurée, glissa à son compagnon de circonstance : « c’est réglé. Ce costume m’inspire. J’ai menti comme une reine… » Elle affichait l’air fier des personnes qui viennent d’accomplir un exploit. Et c’en était effectivement un pour elle que de taire la vérité à son époux. Depuis trente ans qu’elle était mariée avec lui, c’était la troisième fois seulement qu’elle y parvenait ! « Je suis une femme foncièrement honnête » avoua-t-elle. Cependant, malgré cette moralité exemplaire, ne venait-elle pas de s’avancer dans une voie périlleuse en engageant ce jeune homme si séduisant pour l’accompagner à cette fête costumée ?

Certes, elle ne connaissait personne qui aurait pu la reconnaître parmi les nombreux invités qui se pressaient autour des buffets. Personne hormis Stéphanie évidemment, sa vieille amie d’enfance, qu’elle avait retrouvée quelques jours auparavant grâce à Internet et qui l’avait conviée à participer à ce raout déguisé, chez elle, dans le XIXe arrondissement. « Tous ces gens sont quand même amusants… » disait-elle à l’escort pendant qu’ils s’approchaient tous deux d’une petite table où s’alignaient des flûtes remplies d’un liquide jaune et pétillant. Dans le salon, un Napoléon maigrichon (le mari de Stéphanie) riait à gorge déployée avec un homme préhistorique qu’escortaient deux chevaliers en armures de carton, un pirate des Caraïbes parlait cinéma avec Cléopâtre, trois prêtres enlaçaient des danseuses orientales. Sous sa robe Céline étouffait. Une soif horrible lui brûlait le gosier. Elle s’enfila en catimini trois flûtes de champagne coup sur coup. « Ca fait du bien ! » dit-elle en relevant son décolleté qui dévoilait un peu trop son opulente poitrine. Benoît constata que les yeux de sa cliente avaient pris une teinte vaguement trouble. Elle titubait légèrement. « Vous n’avez pas l’habitude de boire ? » demanda-t-il. On lui répondit par une petite tape sur l’épaule, qui signifiait : « On ne vous a pas loué pour jouer les chaperons. Laissez-nous nous amuser ! »

Et de fait, Céline était là pour ça. Durant un nombre incalculable d’années cette quinquagénaire s’était consacrée à la réussite de son entreprise, à son mari et à ses enfants. Elle avait tout mené de front. Elle ne sortait qu’en de très rares occasions et sa seule distraction consistait à lire des biographies de rois et de reines. Elle trouvait là une sorte d’exutoire à ses rêves de grandeur. Elle aurait voulu vivre en des temps reculés dans des châteaux magnifiques et fastueux. Être une femme libre de toute contrainte, dont les désirs sont des ordres, qui n’a ni linge à repasser, ni meubles à astiquer, ni enfants à gérer, ni mari à combler. Aussi, quand elle était rentrée en contact avec Stéphanie, et que celle-ci lui avait proposé, après qu’elles eurent déjeuné ensemble, de venir à son bal costumé, elle avait d’emblée accepté. Comme son conjoint devait se rendre en province pour son travail, elle avait cependant annoncé qu’elle serait seule. « C’est idiot, lui avait alors déclaré l’autre, tout le monde sera en couple. Pourquoi ne ferais-tu pas appel à un escort. Ils sont là pour ça, non ? » Cette proposition aurait sans doute dérangé Céline si elle n’avait pas été présentée avec une totale absence de sous-entendu. Refuser lui aurait semblé honteux. Stéphanie était une femme à la page pour qui ces sortes de solutions étaient toutes naturelles et, après toutes ces années, Céline ne voulait pas paraître aux yeux de sa vieille copine d’enfance comme une ringarde, comme l’archétype de la mère de famille coincée complètement « has been ». Elle avait donc recouru aux services d’Héléna dont les coordonnées lui avaient été communiquées par son amie.

« Vous êtes vraiment très séduisante… Je vous le redis parce que c’est vrai… » Qu’est-ce qui arrivait à Benoît ? Pourquoi était-il aussi ému ? Pourquoi éprouvait-il le besoin de flatter cette cliente avec autant d’insistance ? Était-ce l’effet du champagne ? Ou tout simplement le trouble que suscitait toujours chez lui la vue d’une femme heureuse ? Du visage de Céline émanait un bonheur communicatif. L’artiste fasciné ne cessait de contempler les beautés que lui offraient ces yeux bleus en amande, cette bouche charnue et généreuse, ce nez mutin et frémissant. Rehaussés par une élégante robe Louis XIII, les appas de cette femme mûre, blonde et bien chair, fouettaient sa jeune libido et sous la pourpre de sa soutane il se surprenait à bander comme un carme. « Vous savez que Richelieu était l’amant de la reine-mère ? » Il avait lancé cette phrase en pressant la main gauche de sa cliente. Céline rougit, demeura muette, but deux nouvelles flûtes de champagne et se laissa entraîner dans une petite chambre. Ce n’est qu’en entrant dans la pièce que la belle quinquagénaire se rebella. « Vous êtes fou Benoît, je suis mariée, je ne veux pas ! » protesta-t-elle. Alors Benoît se jeta à ses pieds, l’implora, la couvrit de baisers. L’ayant déchaussée il commença à lui sucer les orteils en l’appelant « ma reine » et elle riait tout en le repoussant faiblement. « Enfin, soyez raisonnable… » disait-elle. Accusant l’alcool de la pousser à accepter n’importe quoi, elle affectait des mines outrées, se lamentait pour la forme. Pendant ce temps la bouche de Benoît s’occupait de ses chevilles et les mains du jeune homme, prestes et sensibles, caressaient ses jambes. Elle s’emporta théâtralement, déclamait des « cessez monsieur la cardinal, cessez… », transformant la scène en reconstitution historique.

Au fond, elle se piquait au jeu. La situation l’excitait. Et prise de pitié pour le pauvre ecclésiastique, elle le rabrouait gentiment, lui concédait des menues faveurs. « Mes pieds seulement… Seulement mes pieds, monsieur le cardinal… » répétait-elle. Benoît redescendit vers les orteils qu’il suçota avec une lenteur exquise, titillant les zones érogènes d’une manière irrésistible. Céline défaillait. Un à un elle sentait sauter les verrous de sa fidélité. Quelle idée aussi avait-elle eu de recourir à ce service d’escort ! Il lui fallait vraiment une force surhumaine pour résister… Non c’était impossible. Elle avait beau aimer son mari, la tentation était trop grande… Benoît s’y prenait trop bien… « Puisque vous y tenez, dit-elle, je vous autorise à me gamahucher, mais uniquement cela… » Se faire lécher n’est pas tromper. Elle s’en sortait à bon compte. Elle souleva sa robe. Benoît retira le short moulant et la culotte en coton qui recouvrait son sexe trempé. Alors, poussant un soupir, elle rejeta l’étoffe de velours sur la tête du garçon. Ainsi, paraît-il, en usaient jadis les dames de la cour pour s’adonner aux voluptés du cunni avec leurs chevaliers-servants… Céline put apprécier les qualités du procédé. Benoît était tout entier dissimulé par la cloche de tissu où il officiait en nocturne et elle se plut à s’imaginer l’espace d’un instant se promenant au milieu des autres invités, l’air de rien, pendant qu’il la boufferait sauvagement. Au vrai, cette situation aurait comporté un risque. Benoît la suçait en effet comme un dieu et les tressaillements qui parcouraient son corps l’auraient rapidement trahie.

C’était absolument incroyable. A peine la langue du jeune homme avait-elle effleuré les poils de sa vulve qu’elle s’était mise à frissonner. Elle devait se faire violence pour ne pas gémir, pour maîtriser sa respiration, pour ne pas paraître trop facilement succomber aux caresses du garçon. Tenir son rang de reine, conserver sa dignité, telles étaient ses obligations ! Ce qui interdisait qu’elle cédât en quelques secondes. Mais qu’est-ce que c’était dur ! Car en l’art de gougnotter une femme Benoît excellait. Sa langue, petit animal fouineur, connaissait des rotations miraculeuses, des mouvements magiques, des enchaînements de folie. Ses lèvres n’avaient pas leurs pareilles pour pincer un capuchon, et elles vous agaçaient le bouton comme peu savent le faire. Sans compter qu’il se débrouillait aussi fort bien avec ses doigts. Ayant glissé index et médium dans le con de sa reine, il la fouillait sans ménagement. Céline mouillait à torrents. Ce n’était plus une chatte qui fendait ses cuisses c’était une fontaine publique. Il lui semblait pisser de la cyprine. Elle en avait presque honte ! Un tel épanchement de substance, en effet, pouvait déplaire. Tous les hommes n’apprécient pas… Mais ce qu’elle entendit la rassura : son éminence la buvait goulûment et, reconnaissant, témoignait de son plaisir par des soupirs prolongés. Du coup, elle ne se contint plus ! Les rires des invités, traversant la porte verrouillée, lui rappelaient l’indécence de sa position.

Elle s’avisa qu’il fallait en finir et se lâcha totalement. Un de ses pieds s’enfonça entre les cuisses de l’escort. Une érection puissante bosselait la culotte du pseudo-pontife et tout en s’abandonnant aux coups de langue du garçon elle lui flattait activement le goupillon. Cette queue bandant sous son pied nu, sa vulve léchée, son vagin doigté, tout ça la tuait. Elle éclata dans un cri, vacilla et s’effondra. Il lui fallut quelques minutes pour se calmer et pour pouvoir se relever. Quand ils revinrent dans le salon, de nombreux invités s’étaient déjà esquivés. Ceux qui restaient constatèrent que le cardinal avait perdu sa moustache. On s’en étonna. Des suppositions furent émises. On pouffa. Et l’on conjecturait encore quand la maîtresse des lieux sonna la fin de la soirée. « Voici pour toi ! » susurra-t-elle à Benoît alors que Céline avait déjà passé le pas de la porte et que son mari se trouvait dans la cuisine. Benoît remercia sa fidèle cliente pour l’extra. « Ne me remercie pas, répliqua-t-elle. Ca m’a fait plaisir d’offrir ça à Céline. Quant à nous deux, on se retrouve dans deux jours. N’oublie pas ! » L’ayant enlacé elle l’embrassa sur la bouche et, avec sa langue, balaya ses lèvres. Celles-ci avaient un goût de mouille. « Petit coquin ! » lança-t-elle. Et, gloussant d’excitation, elle referma la porte.

[gris]Axelle Rose[/gris]