Who’s that knocking at my door ?
Martin ScorceseLe 15/06/2009
Un peu oublié de la magistrale filmographie de Scorsese, ce premier opus audacieux révèle en condensé tous les acquis précoces et toutes les promesses du réalisateur américain : la photo en noir et blanc, le montage rythmé par la musique, les cadrages… Grand amateur de Truffaut, Scorsese enchaîne dans son tout premier film les gros plans et les plongées à la verticale, qui deviendront sa marque de fabrique. De son enfance marquée par le catholicisme (il voulait même devenir prêtre), le cinéaste américain garde une déchirure existentielle entre sa fascination pour le "vice" et sa culpabilité chrétienne originelle. Son personnage, joué par un jeune Harvey Keitel éblouissant, est marqué par cette contradiction. Petite frappe new-yorkaise, J.R. fait la connaissance d’une jeune fille qui n’est pas de son milieu et dont il tombe amoureux : religion castratrice, violence, origines italo-américaines, conflit entre amour et amitié viriles, on retrouve ici tous les thèmes chers à Scorcese. Une magnifique scène érotique au coeur du film, en noir et blanc, sur fond de lumière pâle, n’est finalement qu’une astuce du réalisateur pour voir son film produit. En effet, présenté au festival de New York, le film n’avait pas trouvé preneur. Il faudra une séquence "déshabillée" pour qu’un producteur de film X accepte de sortir Who’s That Knocking At My Door ? Profitons donc de l’éphémère anonymat de Scorsese (qui nous vaut cette très jolie scène érotique comme suspendue dans le temps), pour nous plonger dans cette œuvre riche d’enseignements sur le cinéma en général. Un film qui ressort sur nos écrans ce mois-ci. En quelques plans, on comprend comment Martin Scorsese s’est imposé très rapidement comme l’un des réalisateurs les plus doués de sa génération.
[gris]Sortie en salles le 10 juin 2009[/gris]