Similitudes des organes, similitudes des orgasmes

Le 11/01/2016

On creuse la différence des genres en analysant avant tout le comportemental, le social, le culturel ... La biologie permet pourtant de regarder autrement cette différence, de constater de visu à quel point la différentiation sexuelle est faible, comme il y a un véritable continuum des genres. Paradoxalement, c’est en regardant la similitude biologique de ces organes que l’on peut mieux comprendre les orgasmes féminins.
Il faudrait rappeler plus souvent comment à la 12e semaine d’existence, se dessine sur le foetus la fente uro-génitale, qui donnera naissance soit à un pénis, soit à un clitoris.
Dans un cas le tubercule génital se mue en clitoris, la fente de l’appendice se creusant pour laisser apparaître les lèvres. Le clitoris est en grande partie interne pour une raison biologique très simple : ne transportant pas de semence vers un autre corps pour des besoins reproductifs, il n’a pas besoin d’être externe. Les grandes et petites lèvres sont à la même place que le scrotum, chez l’homme.
Dans l’autre, c’est le pénis qui se forme à partir du tubercule et plus tard les testicules apparaissent. Le scrotum, qui soutient les testicules, garde une sorte de "couture" centrale, qui correspond à l’ouverture qu’il y aurait eu si les organes génitaux étaient devenus féminins. Le scrotum est externe, visible, car l’homme a besoin de réguler la température des testicules, pour conserver ses spermatozoïdes a une température inférieure de 4 à 6° à celle du corps (d’où le fait que les bourses montent et descendent : lorsqu’il fait froid, le muscle crémaster se contracte et rapproche les testicules du corps, à l’inverse, lorsqu’il fait chaud, il se détend, permettant aux testicules de se refroidir).

Le clitoris et le pénis sont donc physiologiquement semblables, et l’appareil sexuel ne se différencie que là où le besoin s’en fait sentir. Etant donné que le clitoris et le pénis réagissent de la même façon à l’excitation, se gorgeant de sang pour bander, et mènent à l’orgasme sur les mêmes principes, il y aurait à ce titre une certaine logique à reconnaitre que l’orgasme clitoridien est prépondérant chez les femmes, parce que c’est biologiquement normal. Mais parce que la science a longtemps été aux mains des hommes (et que Freud vivait avec les connaissances de son époque, d’où quelques fourvoiements), il en a été déduit que les femmes devaient jouir par là même où les hommes les pénètrent (enfin, le plus souvent !).
L’orgasme vaginal pourrait un jour être déclaré secondaire - une sorte de luxe supplémentaire - et dépendant, non pas de la performance masculine, mais d’au moins trois facteurs : 1/ l’état d’excitation de la femme, 2/ la tonicité de son muscle pubbo-coccygien, 3/sa participation active à sa jouissance. Peut-être même que les thèses anciennes de Marie Bonaparte sur les liens entre l’orgasme vaginal et la proximité du clitoris ne sembleront plus aussi aberrantes qu’elles ont pu le paraître ...